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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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qu'est-ce qui a trempé le matelas comme ça ?
    - J'ai d˚ perdre les eaux. Comme je voudrais que ma mère soit ici. ª
    Mack pensait que c'était du sang qui imprégnait le matelas, mais il n'en dit rien.
    Elle se remit à gémir. Une fois la douleur passée, elle frissonna. Mack la couvrit de sa fourrure. ´Vous pouvez reprendre votre manteauª, dit-il. Elle eut un bref sourire avant qu'un nouveau spasme vînt la secouer.
    quand elle put de nouveau parler, elle dit : ÍI faut que vous preniez le bébé quand il sortira.
    - D'accordª, dit-il. Mais il ne savait pas très bien ce qu'elle voulait dire.
    Ínstallez-vous entre mes jambesª, dit-elle.
    Il s'agenouilla à ses pieds et repoussa ses jupes. Ses dessous étaient trempés. Mack n'avait déshabillé que deux femmes dans sa vie, Annie et Cora : aucune d'elles ne portait de sous-vêtements. Il ne savait donc pas très bien comment tout cela était agrafé, mais il parvint tant bien que mal à écarter la lingerie. Lizzie leva les jambes et posa les pieds sur les épaules de Mack pour prendre appui.
    Il fixait la toison de poils bruns et drus entre ses jambes et un sentiment de panique l'envahit. Comment un bébé pouvait-il sortir par là? Il ne savait
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    absolument pas comment les choses se passaient Puis il se dit de rester calme : ce genre d'événemeni se produisait mille fois par jour à travers le monde. I n'avait pas besoin de comprendre. Le bébé arriverait sans son aide.

    ´ J'ai peur, dit Lizzie durant un bref répit.
    - Je vais m'occuper de vousª, dit-il. Il lui caresse les jambes, la seule partie de son corps qu'il pouvail atteindre.
    Le bébé arriva très vite.
    Mack n'y voyait pas grand-chose à la lueur des étoiles mais, au moment o˘
    Lizzie poussait un violenl gémissement, quelque chose commença à émerger de l'intérieur de son corps. Mack avança deux mains tremblantes et sentit un objet tiède et glissant qui forçait le passage. quelques instants plus tard, il tenait dans ses mains la tête du bébé. Lizzie parut se reposer un moment, puis recommença. Il tenait la tête d'une main et passa l'autre sous les minuscules épaules au moment o˘ elles émergèrent. quelques instants plus tard, le reste du bébé glissa dehors.
    Il tenait le nouveau-né et le regardait fixement : les yeux fermés, les cheveux noirs sur sa tête, les petits membres minuscules. Ć'est une fille, annonça-t-il.
    - Il faut qu'elle crie ! ª fit Lizzie d'un ton pressant. Mack avait entendu dire qu'il fallait donner une
    claque à un nouveau-né pour le faire respirer. «a n'était pas facile à
    faire, mais il savait que c'était indispensable. Il retourna la fillette sur sa main et lui donna une bonne claque sur le derrière.
    Rien.
    Il tenait dans la paume de sa grande main la toute petite poitrine : il se rendait compte que quelque chose n'allait pas du tout. Il ne sentait pas de battement de cúur.
    Lizzie parvint à s'asseoir. ´ Donnez-la-moi ! ª dit-elle.
    Mack lui tendit le bébé.
    Elle le prit et le dévisagea longuement. Elle posa 379
    les lèvres sur celles du nouveau-né comme pour l'embrasser, puis lui souffla dans la bouche.
    Mack priait de toute sa volonté pour que l'enfant aspire l'air dans ses poumons et pousse un cri, mais rien ne se passa.
    Élle est morteª, fit Lizzie. Elle serra le bébé contre son sein et drapa le manteau de fourrure autour du petit corps nu. ´ Mon bébé est mort. ª
    Elle se mit à pleurer.
    Mack les prit toutes les deux dans ses bras et les serra tandis que Lizzie éclatait en sanglots.
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    Après la disparition de sa petite fille mort-née, Lizzie vécut dans un monde de grisaille, de gens silencieux, de pluie et de brume. Elle laissait le personnel en faire à son gré, se rendant compte vaguement que Mack avait repris tout ce petit monde en main. Elle ne patrouillait plus chaque jour dans la plantation : elle abandonna les champs de tabac à Lennox. Parfois elle rendait visite à Mrs. Thumson ou à Suzy Delahaye, car elles étaient disposées à l'entendre parler du bébé aussi longtemps qu'elle le souhaitait, mais elle n'allait plus aux réceptions ni aux bals. Chaque dimanche, elle entendait la messe à Frede-ricksburg et, après le service, elle passait une heure ou deux au cimetière, plantée là à regarder la petite tombe, en pensant à ce qui aurait pu être.
    Elle était persuadée que tout était de sa faute. Elle avait continué à

    faire du cheval alors qu'elle était enceinte de quatre ou

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