Le pays de la liberté
surpris* qu'elle parvienne encore à persuader son mari ‚pre; cette terrible scène le jour de l'anniversaire de Jay
- Peut-être Sir George est-il le genre d'homme qu oublie une querelle.
- Il ne l'a jamais été... à moins qu'il n'ait quelque chose à y gagner. Je me demande ce qui a pu le pousser. Il n'y a rien qu'il veuille obtenir de toi, n'est-ce pas ? ª
Lizzie éclata de rire. ´que pourrais-je lui donner? Peut-être qu'il veut simplement que je rende son fils heureux.
- De cela, je suis certaine. Nous voici arrivées. ª La voiture s'arrêta dans Rugby Street, une rue de
Holborne o˘ s'alignaient des maisons d'une élégance discrète : ce n'était pas un quartier aussi à la mode que Mayfair ou que Westminster, mais c'était moins cher. Lizzie mit pied à terre et examina le numéro 12. La maison lui plut tout de suite. Il y avait quatre étages et un sous-sol, les fenêtres étaient hautes et gracieuses. Toutefois deux d'entre elles étaient brisées et le chiffre ´ 45 ª était sommairement barbouillé sur la porte d'entrée peinte dans un noir luisant. Lizzie allait faire un commentaire quand une autre voiture s'arrêta. Jay sauta à terre.
Il portait un costume bleu clair à boutons d'or et un núud bleu dans ses cheveux blonds : il était à croquer. Il embrassa les lèvres de Lizzie.
C'était un baiser quelque peu retenu, car ils étaient dans la rue, mais elle le savoura en espérant en avoir davantage plus tard. Jay aida sa mère à descendre du fiacre puis frappa à la porte de la maison. ´ Le propriétaire est un importateur de cognac qui est parti pour la France toute une annéeª, expliqua-t-il, tandis qu'ils attendaient.
Un vieux concierge vint ouvrir la porte. ´qui a cassé les carreaux ? dit aussitôt Jay.
- Les chapeliersª, dit l'homme en les faisant entrer. Lizzie avait lu dans le journal que les gens qui fabriquaient des chapeaux étaient en grève, tout comme les tailleurs et les rémouleurs.
- Je me demande, fit Jay, ce que ces fieffés imbéciles croient pouvoir obtenir en cassant les carreaux des gens respectables.
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- Pourquoi sont-ils en grève?ª demanda Lizzie. Le concierge répondit:
´Miss, ils veulent de
meilleurs salaires, et qui peut leur en vouloir avec le prix de la miche de pain aujourd'hui ? Comment voulez-vous qu'un homme nourrisse sa famille ?
- Certainement pas en peignant "45" sur toutes les portes de Londres, fit Jay d'un ton bourru. Faites-nous visiter la maison, mon brave. ª
Lizzie s'interrogeait sur la signification du chiffre 45, mais elle s'intéressait surtout à la maison. Elle la visita dans un grand état d'excitation, tirant les rideaux et ouvrant les fenêtres. Les meubles étaient neufs et co˚teux. Le salon était une grande pièce claire avec trois grandes fenêtres à chaque extrémité. La maison sentait le renfermé comme un b‚timent inhabité, mais il suffirait d'un bon nettoyage, d'une couche de peinture et d'un peu de linge pour en faire un endroit délicieux à habiter.
Jay et elle devancèrent les deux mères et le vieux concierge : quand ils arrivèrent à l'étage du grenier, ils étaient seuls. Ils entrèrent dans une des petites chambres conçues pour les domestiques. Lizzie se jeta au cou de Jay et l'embrassa avidement. Ils n'avaient guère plus d'une minute. Elle lui prit les mains et les posa sur ses seins. Il les caressa doucement. ´
Pressez plus fortª, chuchota-t-elle entre deux baisers. Elle voulait qu'il attarde ses mains là après leur étreinte. Elle sentait ses mamelons durcir : les doigts de Jay les trouvèrent à travers le tissu de sa robe. ´
Pincez-les ª, dit-elle et, quand il le fit, l'élan de douleur mélangée au plaisir lui arracha un sursaut. Puis elle entendit des pas sur le palier : ils se séparèrent, haletants.
Lizzie se retourna et regarda par une petite mansarde, en retenant son souffle. Il y avait derrière la maison un jardin en longueur. Le concierge faisait visiter aux deux mères toutes les petites chambres. ´que signifie le chiffre 45 ? demanda-t-elle.
- «a a un rapport avec ce traître de John Wilkes, répondit Jay. Il publiait un journal intitulé North Bri-147
ton, et le gouvernement l'a accusé de diffamation à cause du numéro 45 dans lequel il a pratiquement traité le roi de menteur. Il s'est enfui à Paris et maintenant il est revenu pour semer l'agitation parmi les gens du peuple ignorants.
- Est-ce vrai qu'ils n'ont pas les moyens d'acheter du pain ?
- On
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