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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ª
    Jay tira sur les rênes. Le Surrey était un district séparé et les magistrats du Surrey n'avaient pas demandé le soutien de l'armée. C'était ridicule.
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    Impuissant, il regarda la voiture franchir la Tamise. Elle n'avait pas atteint l'autre rive que la foule l'avait arrêtée et avait dételé les chevaux.
    Sir John Fielding était au cúur de la mêlée, renseigné sur les événements par deux assistants qui les lui décrivaient. Jay vit une douzaine de solides gaillards se glisser entre les harnais et se mettre à tirer eux-mêmes la voiture. Ils la firent pivoter et la ramenèrent en direction de Westminster sous les acclamations enthousiastes de la foule.
    Le cúur de Jay se mit à battre plus vite. qu'allait-il se passer quand la foule atteindrait la cour du palais ? Le colonel Cranbrough gardait la main levée dans un geste prudent, pour indiquer qu'il ne fallait rien faire.
    Jay s'adressa à Chip. Ćrois-tu que nous pourrions reprendre l'attelage à
    la foule ?
    - Les magistrats ne veulent pas d'effusion de sangª, répondit Chip.
    Un des greffiers de Sir John fonça à travers la foule pour venir discuter avec Cranbrough.
    Une fois le pont franchi, la foule entraîna la voiture vers l'est.
    Cranbrough cria à ses hommes : Śuivez à distance : n'intervenez pas ! ª
    Le détachement de gardes emboîta le pas à la foule. Jay serrait les dents.
    C'était humiliant. quelques coups de mousquet - en l'air - disperseraient la foule en une minute. Certes, Wilkes pourrait en tirer un argument politique, et après ?
    On tira la voiture le long du Strand et jusqu'au cúur de la ville. La foule chantait, dansait et criait : ´ Wilkes, la liberté!ª et Ńuméro 45 !ª. Ils ne cessèrent qu'en arrivant à Spitalfields. La voiture s'arrêta devant l'église. Wilkes descendit et entra dans la taverne des Trois Tonneaux, Sir John Fielding sur ses talons.
    Certains de ses partisans entrèrent derrière eux, mais tous ne pouvaient pas franchir la porte. Ils piétinèrent un moment dans la rue, puis Wilkes apparut à une fenêtre du premier étage, déchaînant un ton-219
    nerre d'applaudissements. Il prit la parole. Jay était trop loin pour tout entendre, mais il comprit l'essentiel de son propos : Wilkes lançait un appel au calme.
    Pendant le discours, le secrétaire de Fielding sortit pour aller de nouveau parler au colonel Cranbrough. Celui-ci murmura la nouvelle à ses officiers.
    On avait conclu un accord : Wilkes allait sortir discrètement par une porte de derrière et se constituer prisonnier ce soir à la prison de King's Bench.
    Wilkes termina son discours, salua de la main, s'inclina et disparut. Les gens comprirent vite qu'il n'allait pas revenir : ils commencèrent à
    s'ennuyer et à se disperser. Sir John sortit de la taverne et serra la main de Cranbrough. ´Très beau travail, colonel, et mes remerciements à vos hommes. Toute effusion de sang a été évitée et la loi a été respectée.ª Il faisait bonne figure, se dit Jay, mais en vérité la foule s'était bel et bien moquée de la loi.
    La Garde reprit le chemin de Hyde Park : Jay était déprimé. Toute la journée, il avait été prêt à se battre et la déception était dure à
    supporter. Mais le gouvernement ne pourrait pas réussir chaque fois à
    apaiser la populace. Tôt ou tard, il faudrait tenter de sévir. Alors, il y aurait de l'action.
    quand il eut congédié ses hommes et vérifié qu'on pansait les chevaux, Jay se rappela la proposition de Lennox. Jay n'avait aucune envie d'en parler à
    son père, mais ce serait plus facile que de lui demander cent cinquante livres pour payer une nouvelle dette de jeu. Il décida donc de s'arrêter à
    Grosvenor Square en rentrant chez lui.
    Il était tard. La famille avait dîné, lui annonça le valet : Sir George était dans son petit cabinet de travail au fond de la maison. Jay hésita dans le vestibule glacé, dallé de marbre. Il se redressa, frappa à la porte et entra.
    Sir George buvait du vin en b‚illant sur une liste 220
    de cours de la mélasse. Jay s'assit et dit : Ón a refusé à Wilkes la liberté sous caution.
    - C'est ce qu'on m'a dit.ª
    Peut-être son père aimerait-il savoir comment le régiment de Jay avait maintenu l'ordre. ´La populace a traîné sa voiture jusqu'à Spitalfields.
    Mais il a promis de se constituer prisonnier ce soir.
    - Bon. qu'est-ce qui t'amène ici si tard ? ª
    Jay renonça à essayer d'intéresser son père à ses activités.

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