Le pays des grottes sacrées
presque toujours de la cervelle pour tanner les
peaux. Une fois nettoyé, l’intestin était rempli de graisse ou de morceaux de
viande auxquels on ajoutait parfois du sang. Bien lavés, l’estomac et la vessie
faisaient d’excellentes outres pour l’eau ou d’autres liquides. Ils servaient
aussi d’ustensiles de cuisson. On pouvait aussi cuire un aliment dans une peau
fraîche enfoncée légèrement dans un trou creusé dans le sol. On ajoutait de
l’eau, on la faisait bouillir avec des pierres chauffées dans le feu. Lorsqu’on
les utilisait ainsi, les estomacs, les peaux et autres matières organiques
rétrécissaient parce qu’ils cuisaient aussi et il ne fallait jamais trop les
remplir d’eau.
Bien qu’elle sût que d’autres le
faisaient, Ayla ne consommait jamais la viande des carnivores. Le clan qui
l’avait élevée n’aimait pas manger la viande d’animaux qui mangeaient de la
viande et les rares fois où elle avait essayé, elle avait trouvé le goût
écœurant. Elle présumait qu’en des circonstances exceptionnelles elle aurait
été capable de le supporter mais il aurait fallu qu’elle soit à demi morte de
faim. Désormais, elle n’aimait même plus la viande de cheval, pourtant
généralement très appréciée. Elle savait que c’était parce qu’elle se sentait
très proche de ses chevaux.
Il était temps de retourner au
camp. Elle remit les hampes de sagaie dans son carquois spécial avec le
propulseur, jeta les pointes récupérées dans la carcasse du glouton. Puis elle
rattacha Jonayla sur son dos avec la couverture, ramassa son panier et fourra
les longues tiges de jonc sous un de ses bras. Elle saisit les benoîtes encore
enroulées autour de la tête de l’animal et le tira derrière elle. Elle laissa
les entrailles où elles étaient, l’une ou l’autre créature de la Mère se
chargerait de les manger.
Lorsqu’elle arriva au camp,
Jondalar et Zelandoni la regardèrent un instant avec étonnement.
— Tu n’as pas perdu ton
temps, semble-t-il, souligna la doniate.
— Je ne pensais pas que tu
chasserais, dit Jondalar en s’approchant de sa compagne pour la soulager de ses
fardeaux. Encore moins un glouton.
— Ce n’était pas mon
intention, répondit-elle avant de lui raconter ce qui s’était passé.
— Je me demandais pourquoi
tu emportais des armes pour partir à la cueillette, reprit Zelandoni.
Maintenant, je le sais.
— Généralement, les femmes y
vont en groupe. Elles parlent, elles rient, elles chantent, elles font beaucoup
de bruit. Parce qu’elles y prennent plaisir mais aussi parce que cela fait fuir
les animaux, expliqua Ayla.
— Je n’y avais pas pensé
mais tu as raison, dit Jondalar. À plusieurs, les femmes tiennent sûrement la
plupart des animaux à l’écart.
— Nous conseillons toujours
aux jeunes femmes de se faire accompagner chaque fois qu’elles quittent la Caverne,
que ce soit pour faire une visite, cueillir des baies ou ramasser du bois, dit
Zelandoni. Nous n’avons pas à leur recommander de bavarder et de rire, elles le
font naturellement quand elles sont ensemble et cela contribue à leur sécurité.
— Au Clan, les femmes
parlent peu et ne rient jamais, mais elles frappent leurs bâtons à fouir en
cadence, elles crient ou émettent des sons sur ce rythme. Ce n’est pas chanter
mais cela y ressemble.
Jondalar et Zelandoni se
regardèrent sans savoir quoi dire. De temps à autre, Ayla émettait un
commentaire qui leur donnait un aperçu de la vie qu’elle avait menée avec le
Clan et les amenait à comprendre combien son enfance avait été différente de la
leur. Cela leur faisait aussi prendre conscience que le peuple du Clan était à
la fois semblable et différent d’eux.
— Avec la fourrure du
glouton, je pourrai faire des doublures de capuchon, mais il faut que je m’en
occupe tout de suite, dit Ayla à son compagnon. Tu veux bien garder
Jonayla ?
— Mieux que ça. Je vais
t’aider pour la fourrure et nous garderons Jonayla ensemble.
— Allez-y tous les deux,
intervint Zelandoni, je m’occuperai du bébé. Ce ne serait pas la première fois
que je garde un enfant. Et Loup m’aidera, ajouta-t-elle en regardant le
prédateur. N’est-ce pas, Loup ?
Ayla traîna le corps du carcajou
jusqu’à une clairière située à quelque distance pour ne pas attirer de
charognards à proximité de leur camp. Elle prit dans la carcasse les pointes de
silex récupérées et les tendit à
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