Le pays des grottes sacrées
ils extraient du sel. Ils m’en ont
offert avant notre départ et il m’en restait encore à notre arrivée mais je
n’en ai plus, alors je me sers de cendres de feuilles de pas-d’âne, comme le
faisait Nezzie. Avant, j’utilisais des pas-d’âne mais pas sous forme de
cendres.
— Tu as beaucoup appris
pendant tes voyages et tu as de nombreux talents, dit la doniate. J’ignorais
que cuire en faisait partie.
Ayla ne savait pas quoi répondre.
Elle ne considérait pas que préparer à manger constituait un talent. Elle se
sentait encore gênée quand on faisait directement son éloge et se demandait si
elle s’y habituerait un jour.
— Les grandes pierres plates
sont rares, je crois que je vais garder celle que j’ai trouvée, dit-elle
finalement. Comme Rapide tire des perches, je la poserai dessus et je n’aurai
pas à la porter. Quelqu’un veut une tisane ?
— Une tisane de quoi ?
voulut savoir Jondalar.
— Je vais me servir de l’eau
dans laquelle j’ai fait cuire les orties et les joncs. J’y ajouterai de
l’hysope, et peut-être de l’aspérule.
— Ça devrait être bon,
estima Zelandoni.
— L’eau est encore chaude,
ce ne sera pas long, dit Ayla en remettant des pierres dans le feu.
Elle commença ensuite à ranger.
Elle transportait la graisse d’aurochs dans un intestin soigneusement lavé dont
elle tordit l’extrémité pour le fermer. Elle le mit dans la boîte en cuir brut
contenant les viandes. Plongées dans une eau frémissante, les parties grasses
de l’animal donnaient un suif blanc utilisé pour cuire les aliments ou pour
remplir les lampes. Les restes du repas furent enveloppés dans de grandes
feuilles, entourés d’une corde et accrochés au trépied de perches avec la
viande.
C’était du suif qui brûlait dans
les lampes en pierre creuses. On utilisait comme mèche divers matériaux
absorbants. Dans l’obscurité totale d’une caverne, ces lampes projetaient une
lumière plus vive qu’on ne l’aurait imaginé. Ils s’en serviraient le lendemain
lorsqu’ils pénétreraient dans la grotte.
Ayla plongea des pierres
brûlantes dans l’eau de cuisson, la regarda bouillonner avec un sifflement de
vapeur, ajouta de l’hysope fraîche.
— Je vais à la rivière laver
nos bols, tu veux que je nettoie aussi le tien, Zelandoni ? proposa-t-elle
à la doniate.
— Oui, ce serait gentil de
ta part.
À son retour, Ayla trouva sa
coupe remplie d’une tisane fumante. Jondalar tenait Jonayla dans ses bras et la
faisait rire par des grimaces et des bruits bizarres.
— Je crois qu’elle a faim,
dit-il.
— Comme d’habitude quand
elle se réveille, répondit Ayla en souriant.
Elle prit l’enfant et s’installa
près du feu. Avant que le bébé les interrompe, Jondalar et Zelandoni parlaient
de Marthona et ils reprirent leur conversation lorsque l’enfant fut repue et de
nouveau calme.
— Je ne connaissais pas très
bien Marthona quand je suis entrée dans la Zelandonia, dit la Première, mais on
racontait beaucoup d’histoires sur son grand amour pour Dalanar. Lorsque je
suis devenue acolyte, la Zelandoni qui m’a précédée m’a parlé de la femme
connue pour la compétence avec laquelle elle dirigeait la Neuvième Caverne pour
que je comprenne bien la situation.
« Son premier compagnon, Joconan,
avait été un Homme Qui Commande imposant et elle avait beaucoup appris de lui.
Au début, d’après ce qu’on m’a dit, c’était plus de l’admiration et du respect
que de l’amour qu’elle éprouvait pour lui. J’ai eu le sentiment qu’elle le
vénérait presque, même si la Zelandoni n’employait pas ce mot. Elle disait
plutôt que Marthona faisait tout pour lui plaire. Il était plus âgé, elle était
sa belle jeune femme, même s’il était prêt à l’époque à en prendre une de plus,
voire davantage. Il avait longtemps attendu avant de s’unir et il voulait avoir
rapidement une famille une fois la décision prise. Avoir plus d’une compagne
lui donnerait l’assurance que des enfants naîtraient dans son foyer.
« Marthona fut bientôt
enceinte de Joharran et quand elle donna le jour à un fils, Joconan ne fut plus
aussi pressé. En outre, peu après la naissance de l’enfant, Joconan tomba
malade. Ce ne fut pas visible au début et il le garda pour lui. Bientôt il
comprit que ta mère n’était pas seulement jolie, Jondalar, qu’elle était aussi
intelligente. Elle découvrit sa propre force en l’aidant. À
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