Le pays des grottes sacrées
Jondalar.
— Une seule est à retailler,
lui expliqua-t-elle avant de narrer les détails de sa chasse.
— Ma journée a été beaucoup
moins animée que la tienne, dit-il en commençant à écorcher le glouton.
Il coupa la peau de la patte
arrière gauche jusqu’à l’incision qu’Ayla avait pratiquée dans le ventre.
— Tu as trouvé des silex
dans la grotte, aujourd’hui ? lui demanda-t-elle en faisant la même chose
sur la patte avant gauche.
— Il y en a beaucoup. Ils ne
sont pas de première qualité, mais ils peuvent servir, au moins pour apprendre
à tailler. Tu te souviens de Matagan ? Le garçon blessé à la jambe par un
rhinocéros l’année dernière ? Celui dont tu as remis l’os en place ?
— Oui. Je n’ai pas eu
l’occasion de lui parler mais je l’ai vu. Il boite mais il a l’air d’aller
bien, répondit-elle en incisant la patte avant droite tandis que Jondalar
passait à la patte arrière droite.
— J’ai discuté avec sa mère
et le compagnon de cette femme, ainsi qu’avec plusieurs membres de leur
Caverne. Si Joharran et la Neuvième sont d’accord – et je ne vois pas
qui soulèverait une objection – il viendra vivre avec notre Caverne à
la fin de l’été. Je lui montrerai comment tailler le silex, je verrai s’il a du
talent ou du goût pour ça.
Il leva les yeux et
demanda :
— Tu veux garder les
pieds ?
— Les griffes sont acérées
mais à quoi pourraient-elles me servir ?
— Tu peux toujours les
troquer. Elles feraient une jolie décoration, cousues sur une tunique, ou
assemblées en collier. Les dents aussi, d’ailleurs. Et que comptes-tu faire de
cette superbe queue ?
— Je crois que je la
garderai avec la peau. Quant aux griffes, je les troquerai… ou je m’en servirai
pour percer des trous.
Ils coupèrent les pieds,
disloquant les articulations et sectionnant les tendons, puis ils décollèrent
la peau du côté droit de la colonne vertébrale en utilisant davantage leurs
mains que leurs couteaux. À coups de poing, ils crevèrent la membrane séparant
le corps de la peau quand ils parvinrent à la partie charnue des pattes. Puis
ils retournèrent la carcasse et s’attaquèrent au côté gauche.
Tout en bavardant, ils
continuèrent à décoller la peau en tirant pour faire le moins d’incisions
possible.
— Où Matagan
logera-t-il ? s’enquit Ayla. Il a de la famille à la Neuvième
Caverne ?
— Non, il n’en a pas. Nous
n’avons pas encore pris de décision.
— Son foyer lui manquera,
surtout au début. Nous avons de la place, il pourrait vivre avec nous.
— J’y ai songé et je voulais
savoir si cela te dérangerait. Il faudrait nous organiser, lui donner son
propre endroit où dormir, mais c’est avec nous qu’il serait le mieux. Je le
ferai travailler, je verrai si la taille l’intéresse. Ça ne servirait à rien
d’essayer de la lui apprendre si ça ne lui plaît pas, mais j’aimerais avoir un
apprenti. Et avec sa mauvaise jambe, cela lui conviendrait.
Ils durent se servir davantage de
leurs couteaux pour détacher la peau des épaules, aux endroits où elle était
tendue et où la membrane entre chair et peau était moins nette. Il fallut
ensuite couper la tête. Tandis que Jondalar tirait sur le cou, Ayla chercha le
point de jonction et trancha la chair jusqu’à l’os. Après une brève torsion, un
coup de lame dans la membrane et les tendons, la tête tomba.
Jondalar tint à bout de bras la
superbe fourrure. Avec son aide, écorcher le glouton avait pris peu de temps.
Ayla se rappela la première fois qu’il l’avait aidée à dépecer un animal, quand
ils vivaient dans la vallée où elle avait trouvé son cheval et qu’il n’était
pas encore tout à fait remis des coups de griffe du lion. Elle avait été
étonnée non seulement qu’il veuille l’aider mais qu’il en soit capable. Les
hommes du Clan ne se chargeaient pas de ce genre de travail, ils n’avaient pas
les souvenirs nécessaires pour ça, et parfois il arrivait encore à Ayla
d’oublier que Jondalar pouvait l’aider dans des tâches qui, au Clan, auraient
incombé aux femmes. Habituée à se débrouiller seule, elle sollicitait rarement
son aide mais lui était reconnaissante, maintenant comme autrefois, quand il la
lui accordait.
— Je donnerai la viande à
Loup, dit Ayla en baissant les yeux vers ce qui restait du carcajou.
— Je me demandais ce que tu
allais en faire.
— Maintenant, je
Weitere Kostenlose Bücher