Le pays des grottes sacrées
les femmes du Clan ne chassent pas, mais pour aider à sécher la viande
et à la porter.
Comme à la réflexion, elle
ajouta :
— Je ne crois pas que ceux
du Clan entreraient dans une grotte comme celle-ci.
— Pourquoi ? demanda la
Première, tandis qu’ils s’enfonçaient plus avant dans les profondeurs de la
caverne.
— Ils ne pourraient pas y
« parler », ou je devrais peut-être plutôt dire qu’ils ne se
comprendraient pas bien. Il y fait trop sombre, même avec des torches. En plus,
c’est difficile de « parler » quand on tient une torche.
Zelandoni remarqua de nouveau la
façon étrange dont Ayla prononçait certains sons, comme c’était souvent le cas
lorsqu’elle évoquait le Clan, en particulier les différences entre ses membres et
les Zelandonii.
— Ils ont des mots,
cependant, rappela la doniate. Tu m’en as cité quelques-uns.
— Oui, ils ont des mots,
convint Ayla.
Elle poursuivit en expliquant que
pour le Clan les sons étaient secondaires. Ce peuple avait des mots pour
désigner les choses mais les mouvements et les gestes étaient essentiels. Non
seulement les signes mais aussi le langage du corps étaient importants.
L’endroit où se trouvaient les mains quand on faisait les signes, la posture,
le maintien, la position, l’âge et le sexe de la personne qui faisait le signe
et de celle à qui il était adressé, ainsi que des expressions ou des
indications souvent à peine perceptibles, un léger mouvement du pied ou de la
main, un haussement de sourcils, tout cela faisait partie de leur langue des
signes. On ne le remarquait pas si on se contentait de regarder le visage ou
d’écouter les mots.
Dès leur plus jeune âge, les
enfants du Clan devaient apprendre à percevoir le langage, pas seulement à
l’entendre. En conséquence, on pouvait exprimer des idées très complexes avec
peu de gestes très visibles et encore moins de sons… mais pas de loin ou dans
l’obscurité. C’était un inconvénient majeur. Il fallait voir . Ayla leur
cita l’exemple d’un vieil homme qui, devenant aveugle, avait renoncé à vivre et
s’était laissé mourir parce qu’il ne pouvait plus communiquer. Il ne pouvait
plus voir ce que les autres « disaient ». Bien sûr, les membres du
Clan avaient parfois besoin de communiquer dans le noir ou de loin. C’était
pour cette raison qu’ils avaient créé des mots et qu’ils utilisaient des sons,
mais ils en faisaient un usage limité.
— Tout comme notre
utilisation des gestes est limitée, dit-elle. Les gens comme nous, ceux qu’ils
appellent les Autres, utilisent aussi les gestes, les postures et les expressions
pour communiquer, mais pas autant.
— Que veux-tu dire ?
demanda la Première.
— Nous ne nous servons pas
du langage des signes aussi consciemment ou de manière aussi expressive que le
Clan. Si je fais signe d’approcher, la plupart des gens savent que cela
signifie « Venez ». Si je le fais rapidement et avec agitation, il
implique une certaine urgence mais de loin on ne peut généralement pas savoir
si c’est urgent parce que quelqu’un est blessé ou parce que le repas du soir
refroidit. Lorsque nous nous regardons et que nous voyons l’expression de nos
visages, nous en savons plus, mais même dans l’obscurité, ou dans le
brouillard, ou de loin, les mots nous permettent de communiquer avec presque
autant de précision. Même en criant à distance, nous sommes capables d’exprimer
des idées complexes. Cette capacité de se faire comprendre dans presque toutes
les circonstances est un réel avantage.
— Je n’y avais pas pensé,
dit Jondalar. Quand tu as appris aux Mamutoï du Camp du Lion à
« parler » avec la langue des signes du Clan afin que Rydag puisse
communiquer, tout le monde, en particulier les jeunes, en fit un jeu et trouva
amusant de s’adresser des signes. Mais c’est devenu plus sérieux quand nous
sommes allés à la Réunion d’Été et qu’il nous arrivait de vouloir dire quelque
chose à un membre du Camp du Lion sans que les autres le sachent. Je me
rappelle cette fois où Talut s’est servi de la langue des signes pour informer
discrètement les siens alors qu’il y avait d’autres personnes à proximité. Je
ne me souviens plus de quoi il s’agissait.
— Si je comprends bien, fit
Celle Qui Était la Première, vous pouviez dire quelque chose avec des mots et
dire en même temps quelque chose d’autre, ou apporter discrètement
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