Le pays des grottes sacrées
manteau à capuchon pour son enfant. Elle fit halte, dénoua la couverture à
porter et dès que le bébé fut écarté de la chaleur de sa mère il sentit le
froid lui aussi et se mit à geindre. Ayla l’habilla et lorsque Jonayla fut de
nouveau contre sa mère, elle se calma. Les autres enfilèrent aussi des
vêtements plus chauds.
Quand ils repartirent, la
Première se mit à chanter et ils la regardèrent, étonnés. Elle commença par un
fredonnement bas puis au bout d’un moment, sans qu’elle utilise encore de mots,
son chant se fit plus fort, avec des variations de ton plus grandes. Sa voix
était si puissante qu’elle semblait emplir tout l’espace de la grotte.
Ils avaient parcouru huit cents
mètres environ et avançaient à trois de front dans une large galerie, Zelandoni
flanquée d’Ayla et de Jondalar, quand le son émis par la doniate parut changer,
gagner en résonance. Soudain, Loup les surprit tous en y joignant le hurlement
sinistre de son espèce. Un frisson parcourut l’échine de Jondalar et Ayla
sentit sa fille s’agiter dans son dos. Sans cesser de chanter, la Première
étendit les bras pour arrêter ses compagnons. Ils la regardèrent, virent
qu’elle fixait la paroi de gauche et se tournèrent eux aussi dans cette
direction. C’est alors qu’ils découvrirent le premier signe que ce lieu était
plus qu’une immense grotte vide, un peu effrayante, qui semblait ne pas avoir
de fin.
D’abord Ayla ne distingua que des
affleurements de silex rougeâtre, comme il y en avait fréquemment sur toutes
les parois. Puis elle remarqua, en haut, des marques noires qui n’avaient pas
l’air naturelles et tout à coup son esprit donna un sens à ce que ses yeux
voyaient. Des lignes noires peintes sur la roche dessinaient des corps de
mammouths. Trois des animaux étaient tournés vers la gauche, comme pour sortir
de la grotte. Derrière le dernier, on distinguait le contour d’un dos de bison
et, s’y mêlant en partie, la tête et le dos d’un autre bison tourné vers la
droite. Plus loin et un peu plus haut émergeait la tête avec la barbe, l’œil,
les deux cornes et la bosse caractéristiques d’un autre bison. Six animaux en
tout, peints sur la paroi. Ayla frissonna elle aussi.
— J’ai campé souvent devant
cette grotte et j’ignorais ce qu’il y avait à l’intérieur, dit Jondalar. Qui a
fait ces peintures ?
— Je ne sais pas, répondit
Zelandoni. Personne ne le sait vraiment. Les Anciens, les Ancêtres. On ne le
mentionne pas dans les Légendes. On dit qu’autrefois les mammouths étaient
beaucoup plus nombreux dans cette région, et les rhinocéros laineux aussi. On
trouve encore des os et des défenses, jaunies par le temps, mais on ne voit
plus ces animaux que rarement. C’est un événement lorsqu’on en repère un, comme
le rhinocéros que les jeunes ont essayé de tuer l’année dernière.
— Ils sont encore nombreux
là où vivent les Mamutoï, argua Ayla.
— Oui, nous avons pris part
à une de leurs grandes chasses, confirma Jondalar. Mais là-bas, c’est
différent, ajouta-t-il d’un ton pensif. Il fait plus froid, plus sec. Il y a
moins de neige. Lorsque nous avons chassé avec les Mamutoï, le vent balayait la
neige sur l’herbe desséchée recouvrant le sol. Ici, quand on voit des mammouths
se hâter vers le nord, on sait qu’une tempête de neige se prépare. Plus on
remonte vers le nord, plus il fait froid, et après une certaine distance le
temps devient sec aussi. Les mammouths s’empêtrent dans la neige épaisse ;
les lions des cavernes le savent et ils les suivent. Vous connaissez le dicton :
« Ne poursuis jamais ta route si au nord vont les mammouths. » Si tu
n’es pas pris par la neige, tu le seras par les lions.
Puisqu’ils avaient fait halte,
Zelandoni tira de son sac une torche neuve et l’alluma à celle que tenait
Jondalar. Celle-ci ne s’était pas encore consumée entièrement, mais elle
brûlait mal et dégageait beaucoup de fumée. Jondalar la frappa contre un rocher
pour faire tomber le charbon de bois qui en entourait l’extrémité et elle donna
une lumière plus vive. Ayla sentit son bébé remuer dans la couverture à porter.
Jonayla dormait encore, bercée par les mouvements de sa mère, mais n’allait
plus tarder à se réveiller. Dès qu’ils se remirent à marcher, elle cessa de
bouger.
— Les hommes du Clan
chassaient le mammouth, dit Ayla. Un jour, je les ai accompagnés, pas pour
chasser,
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