Le pays des grottes sacrées
grotte.
— Qu’est-ce que tu penses
que ça donnerait, ici ? reprit Jondalar.
— Je ne sais pas. Cela
résonnerait fort, je suppose, mais je n’ai pas l’impression que c’est le genre
de son qu’il faut faire ici.
— Quel son faudrait-il
faire ? demanda la Première. Tu devras en émettre un, quand tu seras
Zelandoni.
Ayla prit le temps de réfléchir.
— Je peux imiter le chant de
nombreux oiseaux.
— Oui, elle sait siffler
comme les oiseaux, confirma Jondalar. Elle le fait si bien qu’ils viennent lui
manger dans la main.
— Pourquoi n’essaierais-tu
pas maintenant ? suggéra la doniate.
Après un temps d’hésitation, Ayla
opta pour une grande sturnelle et imita à la perfection le cri de cet oiseau en
vol. Elle trouva que cela résonnait bien, mais elle devrait essayer de nouveau
dans une autre partie de la grotte, voire dehors, pour être sûre. Peu après, le
chant de la Première changea de nouveau mais d’une manière différente. Elle fit
un geste vers la droite et ils découvrirent l’entrée d’une autre galerie.
— Il y a un mammouth au bout
de celle-ci, dit la doniate, mais c’est loin, je pense qu’il vaut mieux ne pas
perdre de temps à aller voir.
Indiquant une autre galerie
presque diamétralement opposée, à gauche, elle ajouta, d’un ton détaché :
— Là, il n’y a rien.
Elle continua à chanter
lorsqu’elle chemina devant un autre passage s’ouvrant à droite.
— Là, le plafond nous
rapprocherait d’Elle mais c’est loin aussi, nous verrons en ressortant si nous
avons encore le temps d’y aller.
Un peu plus loin, elle les mit en
garde :
— Faites attention, à
l’endroit où la galerie tourne brusquement à droite, il y a un trou qui conduit
à une partie souterraine et c’est très glissant. Il vaut mieux que vous me
suiviez, maintenant.
— Il vaut mieux aussi que
j’allume une autre torche, estima Jondalar.
Il s’arrêta, prit une torche dans
son sac à dos et l’alluma à celle qu’il tenait. Le sol était déjà semé de
petites flaques et d’argile humide. Il éteignit la torche presque entièrement
consumée et glissa ce qu’il en restait dans une poche de son sac. On lui avait
enseigné dès son plus jeune âge qu’on ne salit pas sans nécessité un lieu
sacré.
Pour en faire tomber la cendre,
Zelandoni frappa sa torche contre une stalagmite qui semblait pousser du sol.
Elle dégagea aussitôt une lumière plus vive. Loup vint se frotter à la jambe
d’Ayla et elle le gratta derrière les oreilles, en un geste rassurant pour lui
et pour elle. Jonayla recommença à se tortiller dans la couverture. Chaque fois
que sa mère s’arrêtait, le bébé le remarquait. Il faudrait bientôt lui donner
le sein, mais comme ils se dirigeaient apparemment vers une partie plus
dangereuse de la grotte, elle décida d’attendre de l’avoir passée. Zelandoni
repartit, Ayla la suivit, Jondalar fermant la marche.
— Attention où vous mettez
les pieds, prévint la Première, tenant sa torche bien haut pour élargir le
cercle de lumière.
La paroi de droite disparut
soudain et la torche n’éclaira plus qu’une trouée noire. Le sol était inégal,
recouvert d’une argile glissante. L’humidité s’était infiltrée dans leurs
chausses mais leurs semelles en cuir souple adhéraient encore bien. Parvenue au
bord éclairé de la paroi, Ayla tourna la tête, vit que la galerie se
poursuivait vers la droite et que la doniate s’y était engagée.
Vers le nord. Je crois que nous
nous dirigeons vers le nord, maintenant, se dit-elle. Elle s’était efforcée de
mémoriser leur parcours depuis qu’ils avaient pénétré dans la grotte. Ils
avaient tourné légèrement plusieurs fois mais en marchant essentiellement vers
l’ouest. C’était leur premier vrai changement de direction. Ayla regarda autour
d’elle et ne vit, au-delà de la lumière de la torche de Zelandoni, qu’une
obscurité béante qu’on ne trouvait que dans les profondeurs de la terre. Elle
se demanda ce qu’il pouvait y avoir d’autre dans cette grotte.
La lumière de la torche de
Jondalar le précéda dans la galerie après le tournant. La Première attendit
qu’ils soient tous regroupés, y compris Loup, avant de s’adresser à nouveau à
eux :
— Un peu plus loin, là où
sol s’aplanit, il y a des rochers sur lesquels on peut s’asseoir. Nous y ferons
halte pour manger et remplir les petites outres.
— Bien, approuva Ayla.
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