Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le pays des grottes sacrées

Le pays des grottes sacrées

Titel: Le pays des grottes sacrées Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
Vom Netzwerk:
presque indétectable, un murmure
étouffé, presque couvert par la respiration des cinq êtres vivants qui avaient
pénétré dans cet espace silencieux. Ayla flaira l’air et ouvrit la bouche pour
le sentir sur sa langue. Il était humide, avec un léger goût moisi de terre et
de coquillages anciens transformés en calcaire.
    Après le repas, la doniate leur
annonça :
    — Il y a dans cette petite
galerie quelque chose que je veux vous montrer. Nous pouvons laisser nos sacs
ici, nous les reprendrons au retour, mais nous emporterons les lampes.
    Chacun s’isola d’abord pour
lâcher son eau et se vider le ventre. Ayla tint Jonayla hors de la couverture
pour qu’elle se soulage elle aussi et la nettoya avec de la mousse fraîche et
douce qu’elle avait dans son sac. Elle replaça ensuite l’enfant sur sa hanche,
prit l’une des lampes de pierre et suivit Zelandoni dans la galerie qui partait
vers la gauche. La femme obèse se remit à chanter. Ayla et Jondalar s’étaient
familiarisés avec cette voix à forte résonance qui leur signalait la proximité
d’un lieu sacré, d’un endroit proche du Monde d’Après.
    La Première s’arrêta et se tourna
vers la paroi de droite. En suivant la direction de son regard, ils virent deux
mammouths qui se faisaient face. Ayla les trouva remarquables et se demanda ce
que leurs diverses localisations dans cette grotte signifiaient. Comme ils
avaient été dessinés il y avait si longtemps que personne ne savait qui les
avait faits, ni même à quelle Caverne ou à quel peuple l’artiste appartenait,
on n’en apprendrait probablement jamais plus, mais elle ne put s’empêcher de
poser la question :
    — Sais-tu pourquoi ces deux
mammouths se font face, Zelandoni ?
    — Certains disent qu’ils s’affrontent.
Et toi, qu’en penses-tu ?
    — Je ne crois pas.
    — Pourquoi ?
    — Ils n’ont l’air ni
agressifs ni furieux, répondit Ayla. On dirait plutôt qu’ils se parlent.
    — Quel est ton avis,
Jondalar ?
    — Je ne pense pas qu’ils se
battent ou qu’ils sont sur le point de le faire. Ils se sont peut-être
simplement croisés.
    — Tu crois qu’on aurait pris
la peine de les dessiner s’ils s’étaient simplement croisés ? objecta la
Première.
    — Non, probablement pas,
reconnut-il.
    — Chaque mammouth représente
peut-être l’Homme Qui Commande d’un groupe de personnes réunies pour prendre
une décision importante, suggéra Ayla. Ou peut-être ont-ils pris cette décision
et ce dessin la commémore-t-il ?
    — C’est l’une des idées les
plus intéressantes que j’aie entendues, déclara la Première.
    — Nous ne le saurons jamais
avec certitude, n’est-ce pas ? dit Jondalar.
    — Sans doute pas, convint la
doniate. Mais les hypothèses avancées nous apprennent souvent quelque chose sur
ceux qui les formulent.
    Ils gardèrent un moment le
silence et Ayla éprouva l’envie de toucher la pierre entre les mammouths. Elle
tendit la main droite, posa la paume sur la paroi, ferma les yeux. Elle sentit
la dureté de la roche, le froid, l’humidité du calcaire. Puis elle crut sentir
autre chose, une sorte d’intensité, de concentration, de chaleur, peut-être
celle de son propre corps réchauffant la pierre. Elle écarta sa main et la
regarda, changea la position de Jonayla dans sa couverture.
    Ils regagnèrent la galerie
principale et se dirigèrent vers le nord en s’éclairant avec des lampes plutôt
qu’avec des torches. Zelandoni continuait à sonder la grotte de sa voix,
parfois en fredonnant, parfois en émettant des sons plus nets, faisant halte
chaque fois qu’elle voulait leur faire voir quelque chose. Ayla fut fascinée par
un mammouth dont des traits représentaient les poils pendant de sa fourrure. Il
était barré de marques, laissées peut-être par des griffes d’ours. Elle fut
intriguée par les rhinocéros. Quand ils parvinrent à un endroit où le chant de
la Première résonna davantage, elle s’arrêta de nouveau.
    — Nous avons un choix à
faire, exposa la doniate. Nous pouvons continuer un moment tout droit puis
revenir ici et prendre la galerie de gauche, faire ensuite demi-tour et
ressortir par où nous sommes venus. Ou bien nous tournons tout de suite à
gauche.
    — À toi de décider, répondit
Ayla.
    — Ayla a raison, approuva
Jondalar. Tu connais la longueur de ces galeries et tu sais si tu es fatiguée
ou non.
    — Je le suis un peu mais je
ne reviendrai peut-être jamais

Weitere Kostenlose Bücher