Le pays des grottes sacrées
avec son
lance-sagaie, Tivonan manqua l’autre et Palidar ne fut pas assez rapide pour
utiliser son propulseur. Un lagopède ne suffirait pas à nourrir tout le monde,
mais il commençait à faire noir et ils reprirent la direction du camp.
Jondalar entendit alors un
jappement et, se retournant, vit Loup tenant en respect un jeune bison mâle. Il
était moins grand que le premier et n’avait probablement quitté le troupeau
maternel que depuis peu de temps pour rejoindre les jeunes mâles qui formaient
de plus petits troupeaux à cette période de l’année. Aussitôt Jondalar saisit
son propulseur, et Palidar l’imita, cette fois. Pendant que les trois hommes
approchaient de leur proie, Tivonan parvint lui aussi à armer son lance-sagaie.
Le jeune bison inexpérimenté
concentrait son attention sur le loup, qu’il craignait d’instinct, et ne se
méfiait pas des prédateurs à deux pattes, qu’il ne connaissait pas. Jondalar,
le plus efficace avec un propulseur, lança sa sagaie aussitôt après l’avoir
placée dans l’instrument. Les deux autres mirent un peu plus de temps pour
viser. Palidar tira en deuxième, suivi par Tivonan. Les trois projectiles
touchèrent leur cible et l’animal s’effondra. Les deux jeunes apprentis
poussèrent un cri de triomphe puis chacun d’eux saisit une des pattes avant par
le sabot et ils traînèrent le bison vers le camp. Il fournirait assez de viande
pour plusieurs repas des quatorze adultes, ainsi que de Loup, qui avait à coup
sûr mérité sa part.
— Cette bête peut vraiment
être utile, parfois, commenta Palidar en regardant l’animal, dont l’oreille
était inclinée selon un angle bizarre.
Cette particularité distinguait
Loup de tous les carnivores de son espèce et Palidar savait à quoi il la
devait. C’était lui qui était avait arrivé le premier, l’année précédente, sur
le lieu d’un combat de loups où gisaient les corps déchirés d’une femelle et
d’un mâle que Loup avait réussi à tuer. Palidar avait pris un morceau de peau
pour en décorer un sac mais, lorsqu’il avait rendu visite à son ami Tivonan,
Loup avait senti l’odeur de l’animal et s’était avancé en grondant vers le
jeune homme. Même Ayla avait eu du mal à l’éloigner de Palidar.
Les membres de la Neuvième
Caverne avaient été stupéfaits car ils n’avaient jamais vu Loup faire mine
d’attaquer un humain, mais Ayla avait remarqué le morceau de fourrure cousu sur
le sac de Palidar, et après qu’il eut expliqué comment il se l’était procuré,
elle avait compris. Elle lui avait demandé ce morceau de peau et l’avait jeté à
Loup, qui l’avait mordu jusqu’à ce qu’il soit déchiqueté. Palidar avait conduit
Ayla à l’endroit où il avait trouvé les deux cadavres, beaucoup plus loin
qu’elle ne l’avait supposé. Elle avait été étonnée que Loup, blessé, eût réussi
à se traîner sur une telle distance pour la rejoindre.
Elle avait expliqué à Palidar ce
qui s’était probablement passé. Elle savait que Loup s’était trouvé une
compagne solitaire et que le couple essayait sans doute de se tailler un
territoire. Manifestement, la meute locale était trop puissante et Loup et sa
compagne trop jeunes. Loup avait un autre désavantage : il n’avait pas été
élevé avec une portée de louveteaux qui apprennent à se battre en jouant.
Sa mère était une louve qui avait
eu sa période de chaleur en dehors de la saison et avait été chassée de la
meute par la femelle dominante. Elle avait rencontré un vieux mâle qui avait
quitté sa meute et peinait à survivre. Il avait été revigoré un temps d’avoir
une jeune femelle pour lui seul mais était mort avant la fin de l’hiver, la
laissant élever seule sa portée alors que la plupart des autres mères auraient
eu l’aide de la meute.
Lorsque Ayla l’avait trouvé, Loup
n’avait que quatre semaines et il était le dernier rescapé de la portée.
C’était à cet âge qu’une mère louve aurait normalement amené ses petits hors de
sa tanière pour qu’ils prennent l’empreinte de la meute. Au lieu de quoi, Loup
avait pris l’empreinte de la meute humaine des Mamutoï, avec Ayla comme mère.
Il n’avait pas connu ses frères loups, il n’avait pas été élevé avec d’autres
louveteaux, il avait été élevé par Ayla avec les enfants du Camp du Lion. Comme
une meute de loups et un groupe humain présentaient de nombreux traits communs,
il s’était adapté
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