Le pays des grottes sacrées
plus courte
et moins solide. Elle pouvait se briser à l’endroit où le bois d’élan était
attaché au manche en bois.
— Je crois qu’il vous
faudrait un coup de main, dit Willamar.
Le Maître du Troc prit une des
perches du travois, Jonokol en saisit une autre. Même à quatre, ils durent
fournir de gros efforts pour sortir le radeau du tourbillon mais ils finirent
par regagner le courant. L’homme à la perche dirigea le radeau vers un rocher
émergeant du lit et, avec l’aide de ses compagnons, le maintint à cet endroit.
— Je pense qu’il vaut mieux
attendre ici pour voir comment les autres se débrouilleront. Ce passage est
plus traître que d’habitude.
— Bonne idée, approuva
Willamar. Je ne tiens pas à perdre mes deux apprentis.
Alors même qu’ils parlaient, la
deuxième plateforme sortit de la courbe et fut ralentie par le fond du lit
comme la première l’avait été, mais le courant l’avait maintenue un peu plus
loin de la falaise et elle ne fut pas prise dans le tourbillon. Lorsque ceux du
premier radeau virent que le deuxième était passé, ils repartirent. Il y avait
encore des rapides à franchir et, à un endroit, le radeau qui suivait heurta un
rocher et se mit à tournoyer mais ses occupants réussirent à en reprendre le
contrôle.
La Première s’accrochait aux
poignées en corde quand elle sentait le radeau se soulever puis s’enfoncer dans
l’eau agitée. Cela se produisit plusieurs fois avant qu’ils parviennent à une
autre courbe. Au-delà, la Rivière devint subitement calme et la falaise de
gauche fit place à une plage de sable sur laquelle on avait construit une sorte
d’embarcadère. Le radeau s’en approcha, le rameur lança un cordage autour d’un
poteau solidement enfoncé dans la berge. L’homme à la perche lança une autre
corde et à eux deux ils amarrèrent le radeau.
— Nous allons faire halte
ici pour attendre les autres, annonça l’homme à la perche. En plus, j’ai besoin
de me reposer.
— Sûrement, dit la Première.
Nous en avons tous besoin.
Le deuxième radeau apparut au
moment où ceux du premier en descendaient. Ils aidèrent les autres à amarrer
leur embarcation et ses passagers furent eux aussi tout heureux de descendre
pour se reposer. Un peu plus tard, Ayla et Jondalar apparurent de derrière la
falaise que les radeaux avaient longée. Le temps perdu dans le tourbillon avait
permis aux chevaux de combler leur retard.
Ils se saluèrent avec effusion,
contents de voir que tous étaient sains et saufs. Un homme de la Onzième
Caverne alluma ensuite un feu dans une fosse qui avait manifestement déjà servi
à cet usage. Près de la rive, on avait empilé et mis à sécher des pierres
lisses et rondes prises dans la rivière. Les pierres sèches chauffaient plus
vite quand on les mettait dans le feu et étaient moins dangereuses. L’humidité
contenue dans une pierre pouvait la faire exploser si on l’exposait à la
chaleur d’un feu. Quelqu’un alla prendre de l’eau à la rivière, la versa dans
deux paniers à cuire. Plongés dans l’eau, les galets produisirent un nuage de
vapeur et un bouillonnement. On en ajouta jusqu’à obtenir la température de
cuisson.
Voyager sur l’eau était beaucoup
plus rapide mais ne permettait pas de chasser et de cueillir en chemin et ils
durent se contenter de la nourriture qu’ils avaient emportée. De la viande
séchée fournissant la base savoureuse d’une soupe fut mise dans l’un des
paniers avec des légumes séchés et des restes du mégacéros rôti de la veille.
L’eau presque bouillante de l’autre panier servit à amollir des fruits séchés.
Ce fut un repas frugal qui leur permit de retourner rapidement aux radeaux pour
reprendre leur voyage avant la tombée de la nuit.
Près du confluent avec la Grande
Rivière, de nombreux petits affluents vinrent grossir la Rivière et augmenter
sa turbulence, mais l’eau ne redevint jamais aussi agitée qu’elle l’avait été
dans les rapides. Ils suivirent la rive gauche en direction du sud jusqu’à ce
que la Grande Rivière soit en vue, puis maintinrent leurs embarcations au
milieu du lit jusqu’au confluent. Les courants contraires des deux cours d’eau
avaient créé une barre de sable et de limon qui rendit le passage de l’un à
l’autre encore plus périlleux. Tout à coup, ils se retrouvèrent dans un cours
d’eau beaucoup plus large, avec un courant puissant qui les entraînait vers
Weitere Kostenlose Bücher