Le pays des grottes sacrées
les
Grandes Eaux. La perche ne servant plus à grand-chose, l’homme qui en était
chargé la troqua contre une autre rame attachée près du bord du radeau. Les
deux rameurs et Shenora, la femme qui tenait le gouvernail, unirent leurs
efforts pour leur faire traverser la rivière au courant rapide. Le second
radeau suivait.
Les chevaux et le loup
traversèrent à la nage puis longèrent la berge en gardant le radeau en vue.
Jondalar songea avec nostalgie aux bateaux utilisés par les Sharamudoï vivant
près de la Grande Rivière Mère, là où elle devenait très large et très rapide,
mais ces embarcations glissaient sur l’eau. Les plus petites pouvaient être
manœuvrées par une seule personne munie d’un aviron à deux pelles. Jondalar
avait appris à s’en servir, en dépit d’une ou deux mésaventures. Les plus
grandes pouvaient servir à transporter des ballots lourds et plusieurs
passagers. Il fallait plus d’une personne pour les faire avancer mais on les
dirigeait plus facilement.
Il pensa aussi à la façon dont on
les fabriquait. Les Sharamudoï commençaient par prendre un gros tronc d’arbre,
l’évidaient avec des braises et des couteaux de pierre, le chauffaient à la
vapeur pour l’élargir en son milieu et en effilaient les deux extrémités. Puis
on ajoutait aux côtés des planches – appelées « lisses » – qui
l’élargissaient encore et qu’on fixait avec des chevilles en bois et des
lanières de cuir. Il avait participé à la construction d’une de ces
embarcations lorsque Thonolan et lui vivaient chez les Sharamudoï.
— Ayla, tu te souviens des
bateaux des Sharamudoï ? Je pourrais en fabriquer un, ou tout au moins
essayer, un petit, pour montrer comment faire à la Onzième Caverne. J’ai tenté
de le leur expliquer mais ce n’est pas facile d’être clair. Je crois qu’ils
comprendraient si j’en faisais un.
— Je serai heureuse de
t’aider, répondit-elle. Nous pourrions aussi construire un de ces bateaux ronds
utilisés par les Mamutoï. Nous l’avons fait pendant notre Voyage, il contenait
toutes nos affaires quand nous l’attachions aux perches de Whinney, en
particulier pour traverser les rivières.
Fronçant les sourcils, elle
ajouta :
— Mais Zelandoni aura
quelquefois besoin de moi.
— Je sais. Ne te tracasse
pas, je pourrai faire appel à mes apprentis. Les bateaux ronds sont utiles,
mais je crois que j’essaierai d’abord de construire une de ces petites embarcations
sharamudoï. Cela prendra plus de temps mais elles sont plus faciles à manœuvrer
et cela nous donnerait l’occasion de fabriquer des outils adaptés à ce genre de
travail. Si elle plaît autant que je le pense aux membres de la Onzième
Caverne, je pourrai l’échanger contre une utilisation future de leurs radeaux,
et s’ils décident d’en fabriquer d’autres, ils auront besoin d’outils
spécialement conçus pour évider les troncs d’arbres et je conclurai des accords
pour de nombreux voyages sur la rivière.
Ayla admira la façon dont
Jondalar raisonnait, dont il pensait à l’avenir. Elle savait qu’il se
préoccupait toujours d’elle et de Jonayla, ainsi que de son statut parmi les
Zelandonii. C’était important pour lui et il avait le sens de ce qu’il devait
faire dans chaque situation pour le maintenir. Sa mère, Marthona, avait ce même
souci et il le tenait manifestement d’elle. Ayla comprenait cette notion de
statut, qui comptait peut-être davantage encore au Clan, mais pour elle, ce
n’était pas essentiel. Si elle avait toujours joui d’un certain statut parmi
tous les peuples, elle n’avait jamais dû se battre pour l’acquérir et elle
n’était pas sûre qu’elle saurait comment s’y prendre.
Le courant poussa les radeaux
vers l’aval avant qu’ils atteignent l’autre côté. Le soleil était alors déjà
bas sur l’horizon et tous furent soulagés lorsque les deux plateformes
parvinrent à la rive opposée. Pendant que les autres installaient le camp, les
deux jeunes apprentis de Willamar partirent à la chasse avec Jondalar et Loup. Il
restait encore un peu de rôti de mégacéros, mais il ne durerait pas longtemps
et ils avaient envie de viande fraîche.
Peu après s’être mis en route,
ils aperçurent un bison mâle solitaire mais il les repéra et s’enfuit trop vite
pour qu’ils puissent le suivre. Loup débusqua deux lagopèdes au nid,
resplendissants dans leur plumage d’été. Jondalar en abattit un
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