Le pays des grottes sacrées
le voulait. Un coup d’œil lui suffit à saisir
la scène : des hommes armés de sagaies, trop jeunes pour avoir de
l’expérience ; le loup en posture défensive devant les chevaux ; la
fronde dans la main d’Ayla, le lance-sagaie dans celle de Jondalar. Jonayla
avait-elle envoyé Loup chercher sa mère tandis qu’elle tentait de protéger les
chevaux d’une poignée de chasseurs novices ?
— Un problème ?
s’enquit-elle.
Sans l’avoir jamais vue, les
jeunes gens surent aussitôt qui elle était. Ils avaient tous entendu décrire la
Première et ils comprenaient le sens des tatouages de son visage, des colliers
et des vêtements qu’elle portait.
— Plus maintenant, mais
Jonayla a dû empêcher ces garçons de chasser nos chevaux, répondit Jondalar en
réprimant une envie de sourire.
Courageuse, cette enfant, pensa
la doniate, dont l’évaluation de la situation se trouva ainsi confirmée.
— Êtes-vous de la Septième
Caverne des Zelandonii du Sud ? demanda-t-elle aux jeunes gens.
La Septième, où le groupe devait
ensuite se rendre, était la plus importante Caverne de la région. Elle avait
deviné d’où venaient les jeunes chasseurs aux motifs de leurs habits. Dans sa
propre région, elle connaissait toutes les broderies, tous les bijoux par
lesquels les Cavernes se différenciaient, mais à mesure qu’elle s’en éloignait,
elle les identifiait moins facilement, même si elle pouvait faire des
suppositions judicieuses.
— Oui, Zelandoni Qui Est la
Première, répondit le porte-parole du groupe d’un ton beaucoup plus déférent.
Il était toujours sage de se
montrer prudent avec un membre de la Zelandonia, et plus encore avec la
Première.
Le Zelandoni et d’autres membres
de la Caverne locale étaient arrivés et observaient la scène en se demandant
quel sort cette femme puissante réservait aux jeunes gens qui avaient menacé
les chevaux de ses compagnons de voyage.
La Première se tourna vers les
chasseurs de cette Caverne et leur dit :
— Apparemment, nous avons
sept bouches de plus à nourrir. Cela épuiserait vite nos réserves. Je crois que
nous allons rester un peu plus longtemps et attendre que vous organisiez une
chasse. Vous aurez de l’aide, rassurez-vous. Nous comptons plusieurs chasseurs
émérites dans notre groupe et, bien conseillés, ces jeunes gens eux-mêmes
devraient pouvoir apporter leur contribution. Je suis certaine qu’ils seront
tout disposés à le faire, vu les circonstances, conclut-elle en lançant un
regard sombre au jeune porte-parole.
— Oui, bien sûr,
marmonna-t-il. Chasser, c’était ce que nous faisions.
— Pas très bien,
semble-t-il, intervint à mi-voix un des spectateurs, assez fort cependant pour
être entendu de tous.
Plusieurs des jeunes gens se
détournèrent en rougissant.
— Vous avez repéré des
troupeaux, récemment ? demanda Jondalar en s’adressant aux deux chasseurs
de la Caverne locale. Il nous faudra abattre plus d’une bête.
— Non, répondit l’un d’eux,
mais c’est la saison de migration des cerfs, en particulier des biches et des
faons. Quelqu’un pourrait aller les guetter, mais cela prend généralement
quelques jours.
— La harde viendrait
d’où ? demanda Jondalar. Je peux aller voir cette après-midi avec mon
cheval. Il est plus rapide que n’importe qui à pied. Si je repère des cerfs, je
pourrai retourner les pousser par ici avec Ayla. Loup nous aiderait aussi.
— Vous… vous pouvez faire
ça ? balbutia le jeune homme.
— Ce sont des chevaux
spéciaux, nous te l’avons dit.
La viande de cerf était restée
toute la nuit sur des cordes tendues au-dessus d’un feu en partie étouffé. En
en mettant des morceaux dans sa boîte à viande, Ayla regrettait de ne pas
pouvoir la faire sécher plus longtemps mais le groupe avait déjà passé dans la
Caverne deux jours de plus que ce qu’avait prévu la Première. Ayla songea
qu’elle pourrait continuer à la faire sécher au-dessus d’un feu en chemin, ou
même après leur arrivée à la Septième Caverne des Zelandonii du Sud, où ils
resteraient un moment.
Le groupe du Périple de Doniate
s’était encore grossi puisque les sept jeunes gens les accompagneraient. Ils
s’étaient révélés utiles pendant la chasse, quoiqu’un peu impatients. S’ils
savaient lancer une sagaie, ils ignoraient comment coopérer pour rabattre le
gibier vers les autres chasseurs ou l’acculer au fond d’un ravin. Ils
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