Le pays des grottes sacrées
tailles
égales mais de formes différentes, suspendues au plafond. Parfois, l’eau
s’accumulait dans le calcaire et rendait la surface des parois suffisamment
molle pour qu’on puisse y tracer une marque uniquement avec les doigts. Sur
celle de droite, certaines parties étaient couvertes de ces marques, pour la
plupart des gribouillis, mais on distinguait cependant une représentation
partielle d’un mégacéros avec ses énormes bois palmés caractéristiques et sa
petite tête.
Il y avait d’autres signes peints
en rouge ou en noir là où la surface était suffisamment dure, mais Ayla eut le
sentiment qu’à l’exception du mégacéros la salle recelait une quantité de
marques sans ordre apparent qui n’avaient aucun sens pour elle. La jeune femme
commençait néanmoins à apprendre que personne ne savait ce que signifiaient les
images et marques des grottes ornées. Personne, probablement, ne connaissait le
sens exact de telle ou telle marque, sauf peut-être celui qui l’avait tracée,
et encore. Si l’une des peintures d’une grotte éveillait quelque chose en vous,
ce que vous ressentiez était ce qu’elle signifiait. Cela pouvait dépendre de
votre état de conscience – parfois altéré – ou de
réceptivité. Ayla repensa à ce que le Zelandoni de la Septième Caverne lui
avait expliqué quand elle l’avait interrogé sur les rangées de gros points.
Faisant une réponse très personnelle, il lui avait confié ce que ces points
signifiaient pour lui. Les grottes étaient sacrées mais Ayla commençait à
penser que ce caractère sacré reposait sur des critères personnels. C’était
peut-être ce que ce voyage était censé lui apprendre.
Au sortir de la salle, le doniate
de la Septième s’approcha du côté gauche de la galerie principale qui y menait.
À cet endroit, elle s’incurvait et ils longèrent un moment la paroi gauche.
Puis le Zelandoni leva sa lampe pour éclairer un long panneau d’animaux peints
en noir, en partie les uns sur les autres. Ayla remarqua d’abord les mammouths,
très nombreux, ensuite les chevaux, les bisons et les aurochs. L’un des
mammouths était couvert de marques noires. Le Zelandoni de la Septième ne fit
aucun commentaire sur le panneau et se contenta de rester assez longtemps pour
que chacun puisse y voir ce qu’il voulait. Lorsqu’il remarqua que la plupart
des visiteurs commençaient à se lasser – sauf Jonokol, qui serait
probablement demeuré plus longtemps uniquement pour étudier la technique du
peintre –, il repartit. Il leur montra ensuite une corniche ornée de
bisons et de mammouths.
Avançant lentement, ils
examinèrent d’autres marques et animaux, mais l’endroit où le doniate s’arrêta
de nouveau était véritablement remarquable. Sur un large panneau, deux chevaux
peints en noir se tournaient le dos et l’intérieur de leurs corps était ponctué
de gros points noirs. D’autres points et empreintes de doigt entouraient les
contours des deux bêtes, mais le plus extraordinaire, c’était la tête du cheval
tourné vers la droite. Petite, elle s’inscrivait dans un dessin naturel de la
roche qui ressemblait à une tête de cheval : la forme même de la roche
avait dit à l’artiste qu’il fallait peindre un cheval à cet endroit. Tous les
visiteurs furent impressionnés. La Première, qui connaissait déjà ce panneau,
sourit au Zelandoni de la Septième. Ils étaient tous deux ravis d’avoir obtenu
la réaction qu’ils attendaient.
— Sait-on qui a peint ces chevaux ?
demanda Jonokol.
— Un ancêtre, mais pas très
éloigné de nous, répondit le doniate. Laissez-moi vous montrer quelques détails
que vous n’avez peut-être pas remarqués immédiatement.
Il s’approcha de la paroi, tint
sa main gauche au-dessus du dos de l’animal tourné vers la gauche et plia le
pouce. Il le plaça à côté d’une des formes jouxtant le cheval et il devint
évident que cette empreinte en négatif était celle d’un pouce replié.
Maintenant qu’on le leur avait montré, les visiteurs virent d’autres contours
de pouce le long du dos du cheval de gauche.
— Pourquoi ces
dessins ? demanda un jeune acolyte.
— Tu devrais poser la
question au Zelandoni qui les a peints, répondit le doniate.
— Mais tu viens de dire que
c’était un ancêtre.
— En effet.
— Il parcourt le Monde
d’Après, maintenant.
— Certes.
— Alors, comment pourrais-je
lui poser la question ?
Le
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