Le pays des grottes sacrées
regardait Jonayla et Ayla et
il glapit finalement pour attirer l’attention de cette dernière. Il courait
vers le pré, puis revenait à la même allure.
— Toi aussi, tu veux partir
explorer et chasser, Loup ? Eh bien, vas-y, dit-elle en lui faisant un
signe de main qui signifiait qu’il était libre d’aller où il voulait.
Les femmes passèrent l’après-midi
à déraciner des plantes sur la berge boueuse du lac formé par le bras mort de
la rivière : les grands roseaux, dont la cime plumeuse dépassait Jondalar
et Kimeran, et le lin des marais, légèrement plus petit, dont les épis
donnaient du pollen comestible. Les jeunes rhizomes et les tiges inférieures
des deux plantes pouvaient être consommés crus ou cuits, de même que les petits
bulbes qui poussaient sur les rhizomes. Par la suite, il était possible de
broyer les vieilles racines séchées pour faire une sorte de pain,
particulièrement bon quand la pâte était mélangée avec le pollen jaune
savoureux des épis de lin, mais les plantes non comestibles étaient tout aussi
importantes.
Avec les tiges creuses et souples
des roseaux on pouvait tresser de grands paniers ou des nattes élastiques,
presque moelleuses, plus agréables que les fourrures de couchage quand il
faisait chaud, ou encore des nattes sur lesquelles étendre les fourrures quand
il faisait froid. Avec les feuilles de lin, on confectionnait aussi des nattes
pour divers usages : se coucher, s’asseoir ou se protéger les genoux.
Elles permettaient de tresser non seulement des paniers, mais aussi des
cloisons, des couvertures imperméables pour les habitations, des manteaux de
pluie et des chapeaux. Quand elle séchait, la tige pleine du lin faisait un
excellent tisonnier, sa cime brune devenait duveteuse et s’enflammait comme de
l’amadou, faisant de la bourre pour le couchage, les coussins et les oreillers,
ou un bon matériau absorbant pour les déjections des bébés ou les menstrues.
Elles avaient trouvé un véritable marché à ciel ouvert dans ces massifs de
plantes qui poussaient si abondamment au bord de l’eau.
Le reste de l’après-midi, les
femmes tressèrent des paniers pour la cueillette des baies. Les hommes
discutèrent de chasse et décidèrent de couper des pousses bien droites de
jeunes arbres afin de confectionner de longues sagaies en remplacement de
celles qui avaient été perdues ou brisées. Jondalar partit sur Rapide pour
tenter de dénicher le troupeau qui avait laissé les traces découvertes plus
tôt. En même temps, il chercherait les affleurements de silex qui, il en était
certain, pouvaient se trouver dans la région. Ayla envisagea un instant de
l’accompagner, mais elle était prise par le travail de fabrication des paniers
et ne voulait pas interrompre sa tâche.
Le soir venu, bien que Jondalar
ne fût pas encore de retour, ils se retrouvèrent pour le repas du soir et
chacun exposa ses projets. Ils étaient tous en train de rire et de bavarder
quand Jondalar entra dans le camp en arborant un large sourire.
— J’ai repéré un troupeau de
bisons assez important, annonça-t-il à la cantonade, et j’ai trouvé aussi du
silex qui semble de bonne qualité pour les nouvelles sagaies.
Il mit pied à terre et prit
plusieurs grosses pierres grises dans les paniers de bât que Rapide portait sur
ses flancs. Tout le monde se rassembla autour de lui pendant qu’il enlevait les
couvertures de monte et le licou de l’étalon, puis le dirigeait vers l’eau
d’une tape sur la croupe. Le cheval brun pataugea dans le lac, se désaltéra,
ressortit, puis se laissa tomber sur la berge sablonneuse, roulant sur le dos
d’un côté et de l’autre, ce qui fit rire l’assistance. C’était amusant de voir
l’animal donner des coups de pied en l’air et se gratter le dos avec tant de
plaisir.
Jondalar se joignit aux autres
autour du feu et Ayla lui donna un bol de nourriture faite de viande séchée
reconstituée, de racines, de tiges basses et de fleurs de lin, le tout cuit
dans un bouillon de viande. Il lui sourit :
— Et j’ai aussi vu une
compagnie de grouses. C’est l’oiseau dont je t’ai parlé, qui ressemble à un
lagopède, si ce n’est que son plumage ne blanchit pas en hiver. Si nous en
attrapons, nous pourrons utiliser les plumes pour les sagaies.
Ayla lui rendit son sourire.
— Et je pourrai préparer le
plat préféré de Creb, ajouta-t-elle.
— Tu veux aller les chasser
demain matin ? lui demanda
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