Le pays des grottes sacrées
tapa sa torche sur une arête rocheuse pour qu’elle
brûle et éclaire mieux, puis elle la leva afin que tous puissent voir la
surface du panneau. Vers le bas, tourné vers la gauche, un léopard tacheté
était peint en rouge. Ayla, Jondalar et Jonokol n’avaient encore jamais vu de
léopard peint sur les parois d’un site sacré. Sa longue queue donnait à penser
à Ayla que c’était probablement un léopard des neiges. À l’extrémité de la
queue on voyait une épaisse coulée de calcite et à l’autre bout un gros point
rouge. Personne ne s’expliquait la présence de ce point à cet endroit ni ce que
signifiait ce léopard, mais c’en était un, à n’en pas douter.
On ne pouvait pas en dire autant
de l’animal peint au-dessus, tourné vers la droite. On pouvait aisément
confondre les épaules massives et la forme de la tête avec celles d’un ours,
mais Ayla était certaine qu’il s’agissait d’une hyène à cause du corps fin, des
longues pattes et des taches dans la partie supérieure du corps. Elle
connaissait les hyènes et savait qu’elles avaient des épaules massives. La
forme de la tête de l’animal peint ressemblait cependant à celle d’un ours des
cavernes. Les dents solides et les puissants muscles de la mâchoire d’une
hyène, capables de broyer des os de mammouth, avaient également développé une
structure osseuse volumineuse, mais son museau était plus long. Le pelage de
l’animal paraissait raide et rêche, surtout autour de la tête et des épaules.
— Vous voyez l’autre ours,
plus haut ? demanda la Gardienne.
Ayla aperçut soudain une autre
silhouette au-dessus de la hyène. Elle distingua la forme caractéristique d’un
ours des cavernes tourné vers la gauche, dans la direction opposée à la hyène,
dessinée en lignes rouges à peine visibles. Elle les compara.
— Je ne crois pas que
l’animal tacheté soit un ours, mais une hyène, dit-elle.
— Certains le pensent, mais
sa tête ressemble beaucoup à celle d’un ours, fit remarquer la Gardienne.
— Les têtes des deux animaux
sont similaires, reprit Ayla, mais la hyène représentée a le museau plus long
et pas d’oreilles. La touffe de poils raides sur le dessus de la tête est
typique de la hyène.
La Gardienne ne contesta pas.
Chacun avait le droit de penser ce qu’il voulait, mais l’acolyte avait fait
d’intéressantes observations. La Zelandoni montra ensuite un autre félin caché
sur le dessous étroit de la pierre suspendue et lui demanda de quel animal il
s’agissait, selon elle. Ayla ne savait pas trop ; son pelage était dépourvu
de taches et sa forme allongée pour entrer dans le peu d’espace disponible, la
silhouette était très féline ou, à bien y réfléchir, pareille à celle d’une
belette. Il existait d’autres animaux, qu’on lui avait dit être des ibex, mais
elle n’en avait pas une idée aussi claire. On les conduisit ensuite de l’autre
côté de la salle. Au début, ils virent beaucoup de concrétions, mais pas de
peintures.
En continuant le long du passage,
ils arrivèrent à un long panneau. Une formation calcaire avait orné la paroi de
draperies et de filets rouges, orange et jaunes qui n’atteignaient pas tout à
fait les épais monticules coniques situés dessous. Des concrétions pareilles à
des ruisselets figés dans le temps semblaient couler des draperies, et sur les
espaces intercalaires d’étranges signes avaient été peints.
Des lignes partaient de côté, en
une sorte de long rectangle. Il rappela à Ayla une de ces créatures rampantes
aux nombreuses pattes, peut-être une chenille. Sur l’espace libre suivant, des
ailes étaient attachées de chaque côté d’une silhouette centrale. Cela pouvait
être un papillon, l’étape suivante dans la vie de la chenille, mais ce n’était
pas aussi bien exécuté que beaucoup d’autres peintures et un doute demeurait.
Elle songea à poser la question à la Gardienne, mais elle pressentait qu’elle
ne saurait pas.
À mesure qu’ils continuaient, la
paroi était décorée de manière de moins en moins extravagante. La Gardienne se
remit à fredonner jusqu’au moment où ils arrivèrent à un endroit surplombé par
la roche. Des grappes de points y avaient été tracées, suivies par une frise de
cinq rhinocéros. Il y avait bien d’autres signes et représentations d’animaux.
Sept têtes et un animal entier, genre félin, peut-être des lions, ainsi qu’un
cheval, un
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