Le pays des grottes sacrées
les
doigts pliés, avant de l’ouvrir et de replier de nouveau les doigts.
Ayla se remémora l’autre façon de
compter avec les doigts. Compter de cette manière pouvait être plus complexe
que de recourir aux mots à compter, si l’on comprenait comment procéder. La
main droite comptait les mots et, à chaque mot prononcé, on repliait un
doigt ; la main gauche indiquait le nombre de fois où l’on était arrivé à
cinq. La même main gauche, paume ouverte, tous les doigts repliés, ne
signifiait pas cinq, comme elle l’avait appris en commençant à compter et comme
Jondalar le lui avait montré en lui apprenant les mots à compter, mais
vingt-cinq. Elle s’était familiarisée avec cette façon de compter au cours de
sa formation et le concept l’avait étonnée. Employés de cette façon, les mots à
compter étaient bien plus efficaces.
Il lui vint à l’esprit que les
gros points pouvaient aussi être un moyen d’utiliser les mots à compter. Une
empreinte de main représenterait cinq, une grosse marque faite avec la paume
seule vingt-cinq ; deux signifieraient deux fois vingt-cinq, cinquante.
Tant de marques sur une paroi indiquaient peut-être un nombre très important – encore
fallait-il savoir le lire. Mais, comme tout ce qui concernait les Zelandonia ou
presque, c’était sans doute plus complexe que cela. Chaque signe possédait plus
d’un sens.
Tandis qu’ils faisaient le tour
de la salle, Ayla vit un cheval magnifiquement exécuté et, derrière lui, deux
mammouths, l’un en surimpression sur l’autre, la ligne de leur ventre arquée,
ce qui la fit songer à l’arche massive à l’extérieur. Était-elle censée
représenter un mammouth ? La plupart des animaux peints dans la salle
semblaient être des mammouths, mais il y avait aussi beaucoup de rhinocéros.
L’un en particulier attira son attention. Seule la moitié antérieure était
gravée et elle paraissait émerger d’une fissure de la paroi, sortir du monde
situé derrière la paroi. Il y avait aussi quelques chevaux, aurochs et bisons,
mais pas de félins ni de cervidés. Et alors que la plupart des représentations
animalières de la première partie de la caverne étaient en rouge – l’ocre
rouge du sol et des parois –, dans cette partie-ci elles étaient blanches,
exécutées avec les doigts ou un objet dur, à l’exception de quelques-unes en
noir sur la paroi droite dans le fond, dont un superbe ours.
Elles avaient l’air intéressantes
et elle avait envie d’aller les voir de près, mais la Gardienne les emmena
autour du cratère central vers une autre partie de la grotte. La paroi gauche
était cachée par un amoncellement de gros blocs de pierre qu’Ayla distinguait à
peine à la lumière des torches, ce qui lui rappela de taper la sienne sur la
roche pour éliminer l’excès de cendre. La flamme jaillit de plus belle et elle
se rendit compte qu’elle allait bientôt devoir allumer une autre torche.
La Gardienne se remit à fredonner
à l’approche d’un autre espace bien moins haut de plafond. Celui-ci était si
bas que quelqu’un y avait dessiné un mammouth avec le doigt en montant sur un
rocher. Sur la droite, on distinguait une tête de bison, rapidement exécutée,
puis trois mammouths et plusieurs autres dessins sur des roches pendant du
plafond : deux grands rennes en noir, ombrés pour souligner leur contour,
et un troisième, moins détaillé. Sur une autre partie de cette roche suspendue,
deux gros mammouths noirs se faisaient face, mais seule la partie antérieure de
celui de gauche était figurée. Celui de droite était colorié en noir et il
avait des défenses – les seules qu’Ayla ait vues sur les mammouths
peints dans cette caverne. D’autres dessins ornaient des roches suspendues plus
loin vers le fond, à bonne distance du sol : un autre mammouth gravé de
profil, un grand lion et un bœuf musqué, reconnaissable à ses cornes recourbées
vers le bas.
Ayla était si concentrée sur les
animaux peints qu’elle n’entendit la Gardienne et le Zelandoni de la
Dix-Neuvième Caverne chanter que lorsque la Première joignit sa voix aux leurs.
Juste capable d’imiter des chants d’oiseaux et des cris de bêtes et ne sachant
pas chanter, elle se contenta cette fois-ci de les écouter :
À son retour, elle accueillit Son amant d’antan
Le cœur en peine et son histoire lui conta.
L’ami cher accepta de se joindre au combat,
Pour arracher Son enfant à
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