Le pays des grottes sacrées
de
la voix !
De l’autre côté de l’alcôve, un
panneau était principalement consacré aux rennes, des mâles. Même les rennes
femelles possèdent des ramures, mais elles sont petites. Les six rennes
représentés sur le panneau arboraient des bois bien développés, avec des
andouillers bruns, et incurvés vers l’arrière. Il y avait également un cheval,
un bison et un aurochs. Toutes les peintures ne semblaient pas avoir été
exécutées par la même personne. Le bison était assez raide et le cheval
paraissait grossier, surtout après avoir vu les superbes exemples précédents.
Cet artiste-là manquait de talent.
La Gardienne se dirigea vers une
ouverture sur la droite menant à un étroit passage qu’il fallait emprunter en
file indienne en raison de la forme des parois et des roches suspendues au
plafond. Sur le côté droit, un mégacéros, le cerf géant caractérisé par une
bosse sur le garrot, une petite tête et un cou sinueux, était intégralement
dessiné en rouge. Ayla se demanda pourquoi ces artistes les avaient représentés
sans leurs ramures, puisque celles-ci lui semblaient être leur caractère
essentiel, et quelle était la fonction de la bosse.
Sur le même panneau, en position
verticale, la tête en haut, une ligne esquissait le dos et les deux cornes
frontales d’un rhinocéros, avec deux arcs pour les oreilles. Sur le côté gauche
de l’entrée, on distinguait la silhouette de la tête et du dos de deux
mammouths. Plus à gauche sur la paroi, deux autres rhinocéros faisaient face à
des directions opposées. Celui tourné vers la droite était complet. Une large
bande noire entourait la partie médiane de son corps, comme c’était le cas de
beaucoup d’autres rhinocéros représentés dans cette grotte. Au-dessus de lui,
celui tourné vers la gauche était suggéré uniquement par la ligne du dos et les
deux petits arcs des oreilles.
Ayla trouva encore plus intéressante
la série de foyers le long du passage, qui avaient sans doute servi à produire
le charbon de bois utilisé pour dessiner. Les feux avaient noirci les parois
voisines. S’agissait-il des foyers des Anciens, des artistes qui avaient si
magnifiquement orné cette caverne ? Leur présence leur donnait plus de
réalité, celle de personnes et non d’esprits d’un autre monde. Le sol
s’inclinait fortement et trois dénivellations brusques d’un mètre coupaient le
passage. Le milieu du couloir comportait des gravures faites avec les doigts et
non des dessins en noir. Juste avant la deuxième dénivellation, on pouvait voir
trois triangles pubiens, avec une fente vulvaire à la pointe tournée vers le
bas, deux sur la paroi droite, un sur la gauche.
La Première commençait à être
fatiguée, mais elle savait qu’elle ne referait jamais le voyage et que, même si
elle l’entreprenait de nouveau, elle ne serait plus capable de parcourir toute
la caverne. Jondalar et Jonokol, l’un de chaque côté, l’avaient aidée à
franchir les dénivellations et les passages les plus escarpés. Bien que cette
marche lui ait été pénible, Ayla remarqua qu’elle ne parlait jamais
d’abandonner. À un certain moment, elle l’entendit dire, presque à elle-même,
qu’elle ne reverrait jamais cette caverne.
La marche avait certes amélioré
sa santé, mais elle était assez bonne guérisseuse pour savoir qu’elle n’était
plus en aussi bon état ni aussi vaillante que dans sa jeunesse. Elle était bien
décidée à voir cette caverne entièrement pour la dernière fois.
Le dernier panneau du couloir se
trouvait juste avant la dernière dénivellation : sur la droite, quatre
rhinocéros en partie peints, en partie gravés. L’un était difficile à
distinguer, deux assez petits avaient une bande noire autour du ventre et les
oreilles typiques. Le dernier était beaucoup plus grand, mais incomplet. Un
gros ibex mâle, identifié par ses cornes incurvées en arrière sur presque toute
la longueur du corps, était peint en noir sur un pan de roche pendant du
plafond au-dessus d’eux. Sur le côté gauche, la paroi avait été grattée afin de
préparer la surface pour dessiner plusieurs animaux : six chevaux entiers
ou partiels, deux bisons et deux mégacéros, dont l’un complet, deux petits
rhinocéros ainsi que plusieurs lignes et marques.
Venait ensuite la déclivité la
plus forte : sur quatre mètres se succédaient des terrasses irrégulières
formées par l’écoulement de l’eau et des
Weitere Kostenlose Bücher