Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le pays des grottes sacrées

Le pays des grottes sacrées

Titel: Le pays des grottes sacrées Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
Vom Netzwerk:
pris dans
des tourbillons et des courants inverses qui tournoyaient de plus en plus vite.
Elle était entraînée dans un maelström, aspirée par lui, et tournait, tournait
à n’en plus finir. Dans un vertige de mouvement spiralé, la rivière se referma
sur sa tête et tout devint noir.
    Elle était maintenant engloutie
dans un vide sépulcral et volait, volait à une rapidité inconcevable. Puis son
mouvement se ralentit et elle se retrouva dans un épais brouillard embrasé
d’une lumière qui l’enveloppait. Le brouillard s’ouvrit, révélant un paysage
étrange. Des formes géométriques, vert fluorescent, rouge rutilant, bleu
éclatant, se répétaient sans fin. Des structures inouïes s’élevaient dans les
airs. De larges rubans se déroulaient au sol, d’un blanc lumineux, parcourus de
formes qui filaient à toute allure, qui filaient à sa poursuite.
    Elle était pétrifiée par la peur
et sentait qu’un filet liquide sondait la lisière de son esprit et semblait la
reconnaître. Elle se recula et longea la paroi à tâtons aussi vite qu’elle put.
En proie à la panique, elle arriva à un cul-de-sac. Elle s’écroula au sol et
sentit un trou devant elle. Il était petit et elle ne pouvait y entrer qu’en
rampant. Elle s’écorcha les genoux sur la roche rugueuse, mais n’y prêta pas
attention. Le trou se rétrécit et elle ne put aller plus loin. L’instant
d’après, elle fonçait de nouveau dans le vide, si vite qu’elle en perdait toute
sensation de mouvement.
    En fait, ce n’était pas elle qui
se déplaçait, mais les ténèbres autour d’elle. Elles se rapprochaient,
l’étouffaient, la noyaient, et elle était une nouvelle fois dans la rivière,
entraînée par le courant. Elle était fatiguée, épuisée, le courant l’emportait
vers la mer, la mer chaude. Elle ressentit une vive douleur au fond
d’elle-même, les eaux chaudes et salées la submergeaient. Elle en inspira
l’odeur, le goût, et se mit à flotter tranquillement dans le liquide tiède.
    Ce n’était pas de l’eau mais de
la boue. Haletante, elle chercha sa respiration en essayant de s’extraire de la
vase, puis la bête qui la poursuivait la saisit, la broya. Elle se plia en
deux, poussa un cri de douleur. Elle se creusa un chemin à travers la boue,
s’efforça de s’échapper du trou profond dans lequel la bête l’avait tirée.
    L’instant d’après, elle était
libre, grimpait à un arbre, se balançait à ses branches, poussée par la soif
vers le bord de mer. Elle plongea dedans, étreignit l’eau, se mit à grandir et
à mieux flotter. Finalement debout, elle aperçut un vaste pré et se dirigea
vers lui en pataugeant.
    Mais l’eau la retenait. Elle
lutta pour se tirer de cette marée antagoniste, puis s’effondra, épuisée. Elle
sentit la traction, la douleur, la douleur affreuse qui menaçait de la
déchirer. Dans un flot de liquide chaud, elle céda à la sollicitation.
    Elle rampa encore un peu, s’adossa
à une paroi, ferma les yeux et vit une steppe fertile enluminée de fleurs
printanières. Un lion des cavernes vint vers elle en bondissant dans un
mouvement lent et gracieux. Elle était dans une grotte minuscule, coincée sur
une petite déclivité. Elle grandissait à mesure que la caverne s’élargissait.
Les parois respiraient, se dilataient, se contractaient ; elle était dans
une matrice, une énorme matrice noire au tréfonds de la terre. Mais elle
n’était pas seule.
    Des formes vagues, transparentes,
se fondaient en d’autres, reconnaissables, celles d’animaux de toutes sortes,
mammifères, oiseaux, poissons, insectes, qu’elle avait déjà vues, et certaines
qu’elle était sûre de n’avoir jamais vues. Ils formaient une procession, sans
ordre ni structure, chacun semblant se muer en un autre. Un mammifère se
métamorphosait en oiseau, poisson, insecte, ou en un autre mammifère. Une
chenille devint un lézard, puis un oiseau, qui lui-même se transforma en lion
des cavernes.
    Le lion attendait qu’elle le
suive. Ils traversèrent ensemble des passages, des tunnels, des couloirs ;
les parois se muaient en silhouettes qui prenaient de la consistance à leur
approche, puis redevenaient translucides et se fondaient dans la paroi quand
ils s’éloignaient. Une procession de mammouths laineux franchit d’un pas pesant
une vaste plaine herbeuse, puis un troupeau de bisons la rattrapa et forma les
rangs autour d’elle.
    Elle vit deux rennes s’approcher
l’un de

Weitere Kostenlose Bücher