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Le pays des grottes sacrées

Le pays des grottes sacrées

Titel: Le pays des grottes sacrées Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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l’autre. Ils se touchèrent le museau, puis la femelle se laissa tomber
à genoux et le mâle se baissa et la lécha. Cette scène pleine de tendresse émut
Ayla, puis son attention fut attirée par deux chevaux, un mâle et une femelle.
La femelle en chaleur se plaça devant le mâle et s’offrit à l’animal, qui se
préparait à la monter.
    Elle se tourna dans une direction
différente et suivit le lion le long d’un tunnel. Au bout, elle arriva dans une
niche arrondie assez grande, pareille à une matrice. Elle entendit un
martèlement de sabots à l’approche d’un troupeau de bisons qui emplit la niche.
Ils s’arrêtèrent pour se reposer et paître.
    Mais le martèlement continuait,
les parois palpitaient à un rythme lent et régulier. Le sol de roche dure
semblait céder sous ses pieds et la palpitation se transforma en une voix
profonde, si faible au début qu’elle était à peine audible. Puis elle devint
plus forte et elle reconnut le son. C’était le tambour parlant des
Mamutoï ! Elle n’avait entendu pareil tambour que chez les chasseurs de
mammouths.
    L’instrument, formé d’un os de
mammouth, possédait une telle résonance et une diversité tonale si affirmée,
quand on tapait dessus rapidement avec une ramure à des endroits différents,
qu’il émettait un son proche d’une voix prononçant à un rythme staccato des
mots qui ne ressemblaient pas à ceux des humains mais étaient néanmoins des
mots. Ils avaient un vibrato légèrement ambigu, qui ajoutait une touche de
mystère et de profondeur expressive, mais quand le tambour était joué par
quelqu’un d’assez talentueux, c’étaient clairement des mots. Il pouvait
littéralement faire parler le tambour.
    Le rythme et la structure des
mots produits par l’instrument commencèrent à devenir reconnaissables. Puis
elle perçut le son aigu d’une flûte, accompagné par une voix haut perchée qui
ressemblait à celle de Fralie, une Mamutoï qu’elle avait connue. Fralie était
enceinte, une grossesse difficile qui avait failli ne pas arriver à terme. Ayla
lui était venue en aide, mais le bébé, une fille, était quand même né
prématurément. Elle avait cependant vécu et était devenue saine et forte.
    Assise dans la niche ronde, Ayla
s’aperçut que son visage était mouillé de larmes. Elle pleurait à gros
sanglots, comme si elle avait subi une perte terrible. Le son du tambour
s’amplifia et noya sa lamentation douloureuse. Elle reconnaissait des sons, discernait
des paroles :
     
    Des ténèbres, du Chaos du temps,
    Le tourbillon enfanta la Mère suprême.
    Elle s’éveilla à Elle-Même sachant la valeur de la
vie,
    Et le néant sombre affligea la Grande Terre Mère.
    La Mère était seule. La Mère était la seule.
     
    C’était le Chant de la
Mère ! Interprété comme elle ne l’avait jamais entendu. Si elle avait su
chanter, c’est ainsi qu’elle l’aurait fait. La voix était à la fois profonde
comme le son du tambour, haute et sonore comme celui d’une flûte, et la niche
résonnait de cette sonorité riche et vive.
    La voix lui emplissait la tête de
mots qu’elle sentait plus qu’elle n’entendait et la sensation allait bien
au-delà des mots. Elle savourait à l’avance chaque vers et quand il arrivait,
son expression était plus pleine, plus éloquente, plus profonde. Ça semblait
devoir continuer éternellement, et elle ne voulait pas que ça s’arrête, aussi,
quand le chant approcha de la fin, éprouva-t-elle une profonde tristesse.
     
    Satisfaite des deux êtres qu’Elle avait créés,
    La Mère leur apprit l’amour et l’affection.
    Elle insuffla en eux le désir de s’unir,
    Le Don de leurs Plaisirs vint de la Mère.
    Avant qu’Elle eût fini, Ses enfants L’aimaient aussi.
     
    Mais quand elle crut que c’était
fini, le chant reprit :
     
    Son dernier Don, la Connaissance que l’homme a son
rôle à jouer.
    Son besoin doit être satisfait avant qu’une nouvelle
vie puisse commencer.
    Quand le couple s’apparie, la Mère est honorée
    Car la femme conçoit quand les Plaisirs sont partagés.
    Les Enfants de la Terre étaient heureux, la Mère
pouvait se reposer un peu.
     
    Ces paroles étaient comme un
cadeau, une bénédiction qui apaisait sa peine. La Mère lui faisait savoir
qu’elle avait raison, qu’elle avait eu raison depuis le début. Elle l’avait
toujours su ; maintenant, elle en avait confirmation. Elle sanglotait de
nouveau, éprouvait toujours de

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