Le pays des grottes sacrées
vivants. Tu es
passée tout près de la mort, ce jour-là. Il arrive assez souvent aux acolytes,
quand ils sont appelés, de revivre les moments où ils ont approché le Monde des
Esprits. Crois-tu que ce soit là une interprétation possible des murs de
glace ? demanda la Première.
— Oui, répondit Ayla, avant
de poursuivre en regardant la doniate droit dans les yeux : Je n’y ai
jamais songé jusqu’à maintenant, mais cela pourrait expliquer bien d’autres
choses. J’ai failli perdre la vie en traversant une rivière en crue en me
rendant ici, et je suis certaine que c’est le visage d’Attaroa que j’ai aperçu.
Elle m’aurait tuée à coup sûr si Loup ne m’avait pas sauvée.
— Je suis sûr que cela
explique certaines de tes visions, intervint un des Zelandonia en visite. Je
n’ai pas personnellement entendu le récit complet de ton voyage jusqu’en ces
lieux, mais il est évident que beaucoup ont eu cette chance. Mais qu’est-ce que
c’était que ce vide obscur ? Était-ce une référence au Chant de la Mère,
ou cela avait-il une tout autre signification ? J’ai été presque terrifié.
Ce commentaire suscita quelques
petits rires, et pas mal de sourires, mais également quelques signes de tête
approbateurs.
— Et cette mer chaude, et
ces créatures s’enfouissant dans la boue et dans les arbres ? Tout cela
était fort étrange, intervint un autre, sans parler de tous ces mammouths, ces
rennes, ces bisons et ces chevaux…
— Une question à la fois,
s’il vous plaît, insista la Première. Il y a beaucoup de choses que nous
aimerions savoir, mais nous avons tout notre temps. Es-tu en mesure
d’interpréter toutes ces choses, Ayla ?
— Je n’ai pas besoin de les
interpréter, je sais de quoi il s’agissait, répondit la jeune femme. Mais je ne
les comprends pas.
— Eh bien alors, dis-nous de
quoi il s’agissait.
— Je pense que la plupart
d’entre vous savent que lorsque je vivais au sein du Clan celle qui m’a servi
de mère était une femme-médecine qui m’a appris presque tout ce que je sais sur
la manière de soigner. Elle avait également une fille et nous vivions toutes au
foyer de son frère, qui s’appelait Creb. La plupart de ceux du Clan
connaissaient Creb comme le Mog-ur. Un Mog-ur était un homme qui connaissait le
Monde des Esprits, et notre Mog-ur était comme Celle Qui Est la Première, le
plus puissant de tous les Mog-ur.
— Il était un Zelandoni,
alors, déclara l’un des Zelandonia en visite.
— En quelque sorte. Il
n’était pas guérisseur. Les seuls guérisseurs étaient les femmes-médecine.
C’étaient elles qui connaissaient les plantes qui soignent et les façons de les
utiliser, mais c’était le Mog-ur qui invoquait le Monde des Esprits pour aider
à la guérison, expliqua Ayla.
— Les deux sont
distincts ? J’ai toujours cru qu’ils étaient inséparables, s’exclama une
femme qu’Ayla ne connaissait pas.
— Tu seras en ce cas
surprise d’apprendre que seuls les hommes étaient autorisés à prendre contact
avec le Monde des Esprits, et à devenir Mog-ur, et que seules les femmes, les
femmes-médecine, pouvaient devenir guérisseuses, précisa Ayla.
— C’est surprenant.
— Je ne peux rien dire à
propos des autres Mog-ur, mais notre Mog-ur avait un talent particulier pour
invoquer le Monde des Esprits. Il pouvait en revenir à leurs débuts et montrer
le chemin aux autres. Il m’a ramenée un jour en arrière, alors qu’il n’avait
pas à le faire, et je crois qu’il a vivement regretté cette décision. Après
cela, il a changé, il a perdu quelque chose. Je regrette que cela se soit passé
ainsi.
— Et comment cela s’est-il
passé ? demanda la Première.
— Il existait une racine,
que l’on n’utilisait que pour la cérémonie spéciale qui réunissait tous les
Mog-ur à l’occasion du Rassemblement du Clan. Elle devait être préparée d’une
certaine manière, que seules connaissaient les femmes-médecine de la lignée
d’Iza.
— Tu veux dire qu’ils ont
des Réunions d’Été, eux aussi ? demanda le Zelandoni de la Onzième.
— Pas chaque été, tous les
sept ans seulement. Quand le temps est venu du Rassemblement d’Été, Iza était
malade. Elle n’a pas pu faire le voyage, sa fille n’était pas encore femme, or
la racine devait être préparée par une femme, pas par une fille. Je n’avais pas
la mémoire du Clan, mais Iza m’avait formée pour devenir
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