Le pays des grottes sacrées
trouvait dans la grotte, tout au
fond :
Son dernier Don, la Connaissance que l’homme a son
rôle à jouer.
Son besoin doit être satisfait avant qu’une nouvelle
vie puisse commencer.
Quand le couple s’apparie, la Mère est honorée
Car la femme conçoit quand les Plaisirs sont partagés.
Les Enfants de la Terre étaient heureux, la Mère
pouvait se reposer un peu.
Un silence gêné régna dans
l’assistance lorsqu’elle en eut terminé. Aucune des femmes, aucun des hommes
puissants présents dans la salle ne savait vraiment quoi dire. Ce fut la
Zelandoni de la Quatorzième Caverne qui se décida enfin à prendre la
parole :
— Je n’ai jamais entendu
cette strophe ou quoi que ce soit qui y ressemble, dit-elle.
— Moi non plus, dit la
Première. La question est : qu’est-ce que cela signifie ?
— Qu’en penses-tu ?
demanda la doniate de la Quatorzième.
— Je pense que cela veut
dire que ça n’est pas seulement la femme qui crée une nouvelle vie, répondit la
Première.
— Non, bien sûr que non,
protesta le doniate de la Onzième Caverne. On sait depuis toujours que pour
créer une nouvelle vie il faut mêler l’esprit d’un homme avec celui d’une
femme…
— La strophe n’évoque jamais
l’esprit, intervint Ayla. Elle dit que la femme conçoit quand les Plaisirs sont
partagés. Il ne s’agit pas seulement de l’esprit d’un homme : une nouvelle
vie ne peut commencer si le désir de l’homme ne s’épanche pas. Un enfant est
autant une création de l’homme que de la femme, un enfant de son corps à lui
autant que de son corps à elle. C’est l’union d’un homme et d’une femme qui
initie une vie.
— Tu veux dire que cette
union n’est pas faite pour donner les Plaisirs ? demanda la Zelandoni de
la Troisième Caverne d’un ton incrédule.
— Personne ne doute que
l’union soit un Plaisir, fit la Première avec un sourire ironique. Je crois que
cela signifie que le Don de Doni va au-delà du Don des Plaisirs. C’est un autre
Don de Vie. À mon avis, c’est là le sens de cette strophe. La Grande Terre Mère
n’a pas créé les hommes uniquement pour partager les Plaisirs avec les femmes
et pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. La femme est une
protégée de Doni parce qu’elle crée une nouvelle vie, mais l’homme l’est, lui
aussi. Sans lui, aucune vie nouvelle ne peut commencer. Sans les hommes, et
sans les Plaisirs, toute vie prendrait fin.
Un bruissement de voix excitées
monta dans la pièce.
— Il existe certainement
d’autres interprétations, intervint un des Zelandonia. Cela paraît trop
difficile à croire.
— Trouve-moi en ce cas une
autre interprétation, rétorqua la Première. Tu as entendu les mots, comment les
expliques-tu ?
Le Zelandoni hésita, longuement.
— Il faut que j’y
réfléchisse, dit-il enfin. Cela mérite qu’on prenne du temps pour les étudier.
— Tu peux y réfléchir toute
une journée, toute une année, ou tout le temps que tu es capable de compter,
cela ne changera rien à l’interprétation. Avec son appel, Ayla a reçu un Don.
La Mère l’a choisie pour apporter ce nouveau Don de la Connaissance de la Vie,
dit la Première.
Nouveau brouhaha dans
l’assistance.
— Mais qui dit don dit
échange ! lança la Zelandoni de la Deuxième Caverne, qui prenait la parole
pour la première fois. Personne ne reçoit un don sans avoir l’obligation d’en
offrir un, d’égale valeur, en retour. Quel Don Ayla a-t-elle pu faire en retour
à la Mère qui ait été d’égale valeur ?
Le silence s’instaura. Tous les
membres de l’assistance regardaient Ayla.
— Je Lui ai donné mon bébé,
répondit celle-ci, sachant au plus profond de son cœur que l’enfant qu’elle
avait perdu avait été conçu par Jondalar, que c’était son enfant et celui de
Jondalar.
Aurai-je encore un enfant qui
soit à moi, et aussi à Jondalar ? se demandait-elle.
— La Mère a été profondément
honorée quand ce bébé a été initié. C’était un bébé que je désirais, que je
désirais plus que je ne saurais dire. Aujourd’hui encore, mes bras souffrent du
vide de cette perte. J’aurai peut-être un autre enfant un jour, mais plus
jamais je n’aurai celui-là. Je ne sais pas quelle valeur la Mère accorde au Don
qu’Elle fait à Ses enfants, poursuivit-elle en refoulant ses larmes, mais je
sais pour ma part qu’il n’y a rien à quoi j’accorde plus de
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