Le pays des grottes sacrées
cœur.
Elle était sur le point de se
détourner lorsqu’elle entendit Loup gronder sourdement. Puis une voix retentit,
très fort, dans son dos :
— Tiens, voyez donc qui
vient nous rendre visite ! Celle qui aime les animaux, accompagnée de deux
d’entre eux.
Elle se retourna vivement,
surprise. Deux animaux ? se dit-elle, mais je n’ai que Loup…
Il lui fallut un moment pour
comprendre qu’il venait de qualifier Echozar d’animal. Elle sentit aussitôt la
colère monter en elle.
— Le seul animal que je vois
ici est un loup… mais peut-être pensais-tu à toi, répliqua-t-elle.
Certains de ceux qui avaient
entendu sa remarque s’esclaffèrent, et elle vit l’homme froncer les sourcils.
— Je n’ai pas dit que
j’étais un animal, proféra-t-il.
— Tant mieux. Jamais je
n’aurais pensé te mettre dans la même catégorie que Loup… Tu n’es pas à la
hauteur, lâcha-t-elle.
Plusieurs des participants à la
petite fête écartèrent les buissons pour voir ce qui se passait. Ils virent
Ayla portant sa fille sur la hanche, sa jambe devant le loup pour l’empêcher de
bondir, et Echozar près d’elle, tenant une torche.
— Elle s’est approchée en
douce pour nous observer, dit l’homme pour sa défense.
— Je marchais sur un chemin
fréquenté par tous et je me suis arrêtée pour voir qui faisait tout ce bruit,
expliqua Ayla.
— Qui est-ce ? Et
pourquoi parle-t-elle de cette drôle de façon ? demanda un jeune homme
qu’Ayla ne connaissait pas, avant d’ajouter, d’une voix trahissant sa
surprise : Mais c’est un loup !
Ayla avait presque oublié ce
problème d’accent, tout comme la plupart de ceux qui la connaissaient, mais il
pouvait arriver qu’un étranger le lui rappelle. D’après le motif qui ornait sa
chemise, et le style du collier qu’il portait, estima-t-elle, il venait d’une
Caverne établie sur une autre rivière, vers le nord, un groupe qui n’assistait
qu’irrégulièrement à leurs Réunions d’Été. Il n’était sans doute arrivé que
depuis peu.
— C’est Ayla, de la Neuvième
Caverne, celle que Jondalar a ramenée avec lui, expliqua Madroman.
— Et c’est une Zelandoni qui
sait maîtriser les animaux, précisa un autre, en qui Ayla crut reconnaître un
voisin de la Quatorzième Caverne.
— Elle n’est pas Zelandoni,
intervint Madroman d’un ton condescendant. Ce n’est qu’un acolyte, encore en
cours de formation.
À l’évidence il n’a pas encore vu
mon nouveau tatouage, se dit Ayla.
— Lorsqu’elle est arrivée,
elle était déjà capable de maîtriser ce loup ainsi que deux chevaux, reprit
l’homme de la Quatorzième Caverne.
— Je vous avais bien dit
qu’elle adorait les animaux, intervint le premier homme avec un ricanement, en
désignant du doigt Echozar.
Ce dernier le foudroya du regard
et se plaça devant Ayla, comme pour la protéger. Ces hommes étaient nombreux,
et ils avaient absorbé en quantité le breuvage de Laramar, dont on savait qu’il
avait la particularité de débrider les instincts les plus mauvais.
— Vous voulez parler des
chevaux de cette Caverne dont le campement se trouve en amont ? demanda
l’étranger. C’est là où on m’a d’abord installé, à mon arrivée. C’est elle qui
les mène ? Je croyais que c’était cet homme et cette petite fille…
— Grise est mon cheval,
intervint Jonayla.
— Ils sont tous du même
foyer, dit Brukeval, se montrant à la lueur du feu de camp.
Ses yeux fixant Brukeval, puis
Echozar, Ayla remarqua immédiatement leurs ressemblances. Brukeval était
clairement une version à peine modifiée d’Echozar, bien qu’aucun des deux ne
fût totalement issu du Clan.
— Je crois que vous devriez
laisser Ayla poursuivre sa route, ajouta Brukeval. Et je crois aussi qu’il
serait plus malin d’organiser à l’avenir nos petites fêtes à l’écart de ce
chemin un peu trop fréquenté.
— En effet, ça me paraît une
bonne idée, fit une voix qui ne s’était pas encore fait entendre jusqu’alors.
Joharran, accompagné par
plusieurs hommes, apparut à la lueur de la torche tenue par Echozar. Certains
des nouveaux venus portaient également des torches, éteintes, qu’ils
s’empressèrent d’allumer à celle d’Echozar, ce qui permit aux autres de voir
qu’ils étaient fort nombreux.
— Nous avons entendu le
bruit que vous faisiez, et nous sommes venus voir ce qui se passait. Il y a des
tas d’emplacements pour
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