Le pays des grottes sacrées
Proleva. Willamar et toi, allez donc voir ce que vous pouvez
faire. Ayla, je m’occupe de Jonayla, si tu veux.
— Elle est presque endormie,
dit Ayla en indiquant l’endroit où se trouvait le bébé. Les enfants de Tremeda
auraient besoin de plus de nattes, d’autant qu’ils n’ont pas assez de fourrures
de couchage. Quand je suis partie, Jondalar et Bologan terminaient le toit.
Le trio se dirigea vers la petite
habitation et entendit Lorala pleurer. Pour Proleva, c’étaient les vagissements
d’un bébé qui était épuisé et avait peut-être faim. Lanoga la tenait dans ses
bras et s’efforçait de la calmer.
— Laisse-moi voir si elle
veut téter, proposa Proleva.
— Je viens de la changer, je
lui ai mis de la laine de mouton pour la nuit, dit Lanoga en tendant la petite
à la compagne de Joharran.
Quand on lui offrit le mamelon,
l’enfant l’aspira goulûment. Depuis que le sein de sa mère s’était tari, un an
plus tôt, plusieurs femmes se relayaient pour l’allaiter et elle avait pris
l’habitude de téter toutes les femmes qui se proposaient. Elle mangeait aussi
quelques aliments solides qu’Ayla avait appris à Lanoga à préparer. Malgré un
départ difficile dans la vie, Lorala était une enfant heureuse, sociable et en
pleine santé, quoiqu’un peu sous-développée. Les femmes qui la nourrissaient en
tiraient fierté car elles savaient qu’elles y avaient contribué. Elles
l’avaient maintenue en vie mais Proleva savait que c’était Ayla qui en avait eu
l’idée après avoir découvert que Tremeda n’avait plus de lait.
Ayla, Proleva et Marthona
trouvèrent des peaux et des fourrures dont elles acceptèrent de se séparer pour
les enfants et leur donnèrent des provisions. Willamar, Jondalar et Bologan
ramassèrent du bois pour eux.
La hutte était presque finie
quand Jondalar vit Laramar approcher. Celui-ci s’arrêta à quelque distance,
regarda le petit abri d’été et fronça les sourcils.
— D’où ça vient ?
demanda-t-il à Bologan.
— On l’a construit, répondit
le garçon.
— Vous n’avez pas fait ça
tout seuls.
— Non, nous les avons aidés,
intervint Jondalar. Puisque tu n’étais pas là pour le faire.
— Personne ne t’a demandé de
t’en mêler, répliqua Laramar.
— Ces enfants n’avaient pas
d’endroit où dormir ! s’indigna Ayla.
— Où est Tremeda ? Ce
sont ses enfants, c’est elle qui doit s’occuper d’eux.
— Ce sont les enfants de ton
foyer, rétorqua Jondalar avec dégoût en tâchant de maîtriser sa colère. Tu en
es responsable et tu les as laissés sans abri.
— Ils avaient la tente de
voyage, se défendit Laramar.
— Le cuir en est pourri, il
s’est déchiré une fois mouillé, et ils n’avaient pas de quoi manger non plus,
accusa Ayla.
— J’ai cru que Tremeda leur
apporterait quelque chose, se justifia Laramar.
— Et tu te demandes pourquoi
tu occupes le dernier rang de la Caverne ? lui lança Jondalar avec mépris.
Loup perçut la tension entre les
membres de sa meute et cet homme qu’il n’aimait pas. Le nez froncé, il se mit à
gronder en direction de Laramar, qui fit un bond en arrière pour se mettre hors
de portée.
— Qui es-tu pour me dire ce
que je dois faire ? riposta-t-il. Je ne devrais pas être au rang le plus
bas. C’est de ta faute. Tu es soudain revenu de ton Voyage avec une étrangère,
et ta mère et toi, vous avez comploté pour la placer devant moi ! Je suis
né ici, pas elle. C’est elle qui devrait avoir le rang le plus bas. Certains la
trouvent peut-être exceptionnelle mais moi je pense que quelqu’un qui a vécu
chez les Têtes Plates est une abomination, et je ne suis pas le seul. Je n’ai
pas à te supporter, Jondalar, ni toi ni tes insultes.
Il se retourna et s’éloigna à pas
pesants.
Après son départ, Ayla et
Jondalar se regardèrent.
— Il y a du vrai dans ce
qu’il dit ? demanda-t-elle. Je dois être rangée au plus bas parce que je
suis une étrangère ?
— Non, tu as apporté ta dot,
souligna Willamar. À elle seule ta robe de Matrimoniale te placerait parmi ceux
ayant le statut le plus élevé de n’importe quelle Caverne, mais tu as aussi
prouvé ta propre valeur. Si tu avais commencé au rang inférieur d’étrangère, tu
n’y serais pas restée longtemps. Ne te soucie pas des propos de Laramar sur ta
place parmi nous, tout le monde connaît son statut. Laisser ces enfants se
débrouiller seuls sans nourriture ni
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