Le pays des grottes sacrées
demanda Jondalar.
— Je ne sais pas, je crois
que la décision n’a pas encore été prise. Ayla pourra poser la question à
Zelandoni, répondit Proleva en s’éloignant avec les autres femmes.
Ayla et Jondalar partirent eux
aussi pour les camps où on les attendait. Lorsqu’ils approchèrent de celui de
la Troisième Caverne, Ayla reconnut la grande hutte de la Zelandonia, flanquée
de ses annexes. En ce moment, pensa-t-elle en se rappelant la Réunion d’Été
précédente, les jeunes femmes qu’on préparait aux Rites des Premiers Plaisirs
étaient regroupées dans l’une des huttes spéciales tandis qu’on choisissait
pour elles des hommes appropriés. Dans l’autre se trouvaient les femmes qui
avaient résolu de porter la frange rouge, de devenir femmes-donii pour cette
saison. Elles avaient décidé de s’occuper des jeunes hommes portant la ceinture
de puberté, de leur apprendre à comprendre le désir d’une femme.
Les Plaisirs étaient un Don de la
Mère et la Zelandonia considérait comme un devoir sacré de veiller à ce que la
première expérience des jeunes gens soit appropriée et éducative. Elle estimait
que les jeunes hommes et les jeunes filles devaient apprendre correctement à
apprécier le Don de la Mère et que des adultes plus expérimentés devaient leur
montrer, leur expliquer, en partageant le Don avec eux pour la première fois
sous le regard discret mais vigilant de la Zelandonia. C’était un rite de
passage trop important pour être abandonné à des rencontres de hasard.
Les deux huttes annexes étaient
étroitement gardées car elles exerçaient sur la plupart des hommes une
attirance quasi irrésistible. Certains ne pouvaient même pas regarder en
direction de l’une ou de l’autre sans se sentir excités. Les jeunes qui avaient
déjà été initiés mais n’avaient pas encore de compagne, et d’autres plus âgés,
rôdaient autour, dans l’espoir d’apercevoir quelque chose. Presque tous les
hommes disponibles voulaient être choisis pour les Premiers Rites d’une jeune
femme, même si cela n’allait pas sans une certaine angoisse. Ils savaient
qu’ils seraient observés, ils craignaient de ne pas être à la hauteur mais ils
éprouvaient quand même une vive satisfaction quand le choix se portait sur eux.
La plupart des hommes gardaient aussi un souvenir extraordinaire de la
femme-donii qui les avait initiés.
Des restrictions s’imposaient à
ceux à qui on confiait la tâche importante de partager et d’enseigner le Don
des Plaisirs. Ni les hommes choisis ni les femmes-donii ne devaient avoir de
rapports étroits avec les jeunes gens pendant l’année qui suivait la cérémonie.
Ceux-ci étaient jugés trop impressionnables, trop vulnérables, et non sans
raison. Il n’était pas rare qu’une jeune femme ayant eu une première expérience
agréable avec un homme plus âgé veuille la renouveler, malgré l’interdiction.
Après les Premiers Rites, elle pouvait avoir tous les hommes qu’elle voulait – et
qui voulaient d’elle –, mais cela ne faisait que rendre le premier
partenaire plus attirant. Jondalar avait été souvent choisi avant qu’il
entreprenne son Voyage et il avait appris à se dérober avec douceur aux invites
des jeunes entêtées avec qui il avait partagé une tendre première expérience,
et qui essayaient de se retrouver seules avec lui. C’était en un sens plus
facile pour les hommes que pour les femmes-donii. Cela se réduisait pour eux à
un événement unique, à une seule nuit de Plaisir particulier.
On attendait des femmes-donii
qu’elles soient disponibles tout l’été ou plus, surtout si elles étaient
acolytes. Les jeunes hommes éprouvaient des désirs fréquents et il fallait du
temps pour leur apprendre que ceux des femmes étaient différents, et leur
assouvissement plus varié. Mais les femmes-donii devaient faire en sorte que
les jeunes hommes ne s’attachent pas durablement, ce qui était parfois
difficile.
Jondalar avait eu pour
femme-donii la Première, quand on l’appelait encore Zolena, et elle lui avait
bien appris les Plaisirs. Plus tard, lorsqu’il était retourné à la Neuvième
Caverne après avoir passé plusieurs années dans le foyer de Dalanar, il avait
souvent été choisi. Mais à l’époque de sa puberté il était tellement épris de
Zolena qu’il refusait toute autre femme-donii. Il voulait en outre qu’elle
devienne sa compagne, malgré la différence d’âge.
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