Le pays des grottes sacrées
entières.
Les conflits étaient rares entre
les Zelandonii et leurs voisins, en partie parce que les terres étaient si
vastes et les populations si faibles, également parce que leur survie en
dépendait. Lorsqu’une Caverne devenait trop peuplée, un petit groupe la
quittait mais n’allait pas plus loin que le lieu accueillant le plus proche.
Peu voulaient s’établir très loin de la famille ou des amis, non seulement à
cause des liens d’affection mais aussi parce qu’ils voulaient rester près de
ceux sur qui ils pouvaient compter dans l’adversité. Là où la terre était riche
et capable de les nourrir, ils avaient tendance à vivre en groupes nombreux,
mais il existait de grandes étendues inhabitées où ils n’allaient que pour des
expéditions de chasse ou de cueillette.
Le monde de l’âge glaciaire, avec
ses glaciers étincelants, ses rivières aux eaux claires, ses cascades
grondantes, ses troupeaux gigantesques, était d’une beauté spectaculaire mais
terriblement dur, et les rares êtres humains qui y vivaient avaient conscience
de la nécessité absolue de maintenir des liens puissants. Vous aidiez quelqu’un
aujourd’hui parce que vous auriez probablement besoin d’aide demain. Voilà
pourquoi s’étaient développés des coutumes, des usages, des traditions qui
tendaient à atténuer l’hostilité entre personnes, à apaiser les ressentiments
et à maîtriser les émotions. Le groupe décourageait la jalousie et la vengeance
en infligeant des punitions qui donnaient satisfaction aux parties lésées et
calmaient leur colère ou leur souffrance tout en restant justes envers tous.
L’égoïsme, la tromperie, la non-assistance à quelqu’un dans le besoin étaient
considérés comme des crimes et le groupe trouvait des moyens de châtier les
criminels avec subtilité et inventivité.
Les membres de la Neuvième
Caverne décidèrent rapidement des emplacements individuels de leurs huttes
d’été et commencèrent à construire ces habitations semi-permanentes. Ils
avaient reçu assez de pluie, ils voulaient un endroit où ils pourraient se
sécher. Les poteaux et les pieux qui en constituaient les éléments principaux,
ils les avaient apportés avec eux après les avoir fabriqués à partir de
branches soigneusement choisies, coupées et taillées. Une grande partie avait
déjà servi pour les tentes de voyage. Ils disposaient aussi d’abris plus
petits, plus légers, plus faciles à porter, pour les chasses de deux jours ou
autres expéditions.
Les huttes d’été étaient toutes
faites de la même façon. Circulaires, elles offraient suffisamment d’espace
autour du poteau central pour plusieurs personnes debout. Un toit s’inclinait
vers les murs extérieurs, près desquels on disposait les fourrures de couchage.
L’extrémité du poteau central de la tente de voyage présentait une longue
section en biseau sur laquelle on posait l’extrémité d’un autre poteau
semblable au biseau inversé. Puis on les attachait solidement l’un à l’autre
avec une corde pour obtenir un poteau plus grand.
Ils utilisèrent un morceau de
corde pour tracer la distance du poteau central au mur circulaire extérieur et,
s’en servant comme guide, édifièrent une clôture avec les poteaux de la tente,
auxquels il en ajoutèrent d’autres.
Des panneaux faits de joncs ou de
roseaux tressés, de cuir brut ou autres matériaux, certains apportés de la
Caverne, d’autres fabriqués sur place, furent attachés à l’extérieur et à
l’intérieur des poteaux afin de constituer une double cloison avec une couche
d’air isolante. La natte de sol montait de quelques centimètres seulement sur
la cloison intérieure mais cela suffisait pour arrêter les courants d’air.
L’humidité de la fraîcheur du soir se condenserait sur la cloison extérieure,
la cloison intérieure restant sèche.
Le toit était fait de minces
branches de jeunes sapins ou d’arbres à petites feuilles, saules ou bouleaux,
reliant le poteau central à la cloison extérieure. Ces branches étaient
attachées entre elles et recouvertes d’une couche d’herbe et de roseaux. Comme
il ne devait durer qu’une saison, le toit était juste assez épais pour ne
laisser passer ni la pluie ni le vent et il fallait généralement le colmater
plus d’une fois avant la fin de l’été.
Lorsque le gros des huttes fut
construit et que les affaires furent disposées à l’intérieur, l’après-midi
s’achevait et
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