Le pays des grottes sacrées
décida d’en ajouter une
seconde. Ce faisant, il frôla la jeune femme et recula, stupéfait :
— Elle est glacée. Presque
comme si elle était morte.
— Est-ce qu’elle
respire ? demanda la Zelandoni de la Troisième Caverne.
Le Zelandoni de la Onzième se
pencha, scruta longuement le corps étendu et remarqua que la poitrine s’élevait
et s’abaissait très légèrement. Un infime souffle d’air sortait par ailleurs de
la bouche d’Ayla, tout juste entrouverte.
— Oui, mais à peine,
répondit-il.
— Croyez-vous que nous
devrions préparer quelque chose de chaud ? Une infusion quelconque ?
demanda le Zelandoni de la Cinquième Caverne.
— Oui, je le pense, pour
toutes les deux, répondit la Zelandoni de la Troisième Caverne.
— Quelque chose d’apaisant
ou quelque chose de stimulant ? reprit le Zelandoni de la Cinquième
Caverne.
— Je ne sais pas. L’une ou
l’autre pourrait réagir différemment, et d’une façon inattendue, aux effets de
cette racine, expliqua la Zelandoni de la Troisième Caverne.
— Essayons d’abord de poser
la question à la Première. C’est à elle de décider, intervint le Zelandoni de
la Onzième Caverne.
Ses compagnons approuvèrent de la
tête. Les trois Zelandonia entourèrent alors la Première, toujours assise sur
son tabouret, tassée sur elle-même. La Zelandoni de la Troisième Caverne posa
sa main sur l’épaule de la Première et commença à la secouer, d’abord
doucement, puis plus fort. Zelandoni se redressa brusquement, reprenant
conscience.
— Veux-tu une
infusion ? demanda la Zelandoni de la Troisième Caverne.
— Oui ! Oui !
répondit la Première d’une voix très forte, comme si le fait de crier l’aidait
à rester éveillée.
— Doit-on en donner aussi à
Ayla ?
— Oui. Chaude !
— Des herbes stimulantes ou
apaisantes ? demanda le Zelandoni de la Onzième Caverne, haussant la voix
lui aussi.
La Zelandoni de la Quatorzième
Caverne s’approcha, le front barré d’une ride soucieuse.
— Stimul… Non ! fit la
Première, arrêtant sa phrase pour tenter de se concentrer. De l’eau !
Juste de l’eau chaude ! reprit-elle avant de se secouer pour essayer de rester
éveillée. Aidez-moi à me lever !
— Es-tu sûre de pouvoir
tenir debout ? demanda la Zelandoni de la Troisième Caverne. Il ne
faudrait surtout pas que tu tombes…
— Aidez-moi à me
lever ! Il ne faut pas que je dorme. Ayla a besoin… a besoin d’aide.
Elle sembla sur le point de
s’affaisser une fois de plus et se secoua violemment.
— Aidez-moi à me lever.
Allez chercher de l’eau… chaude. Pas d’infusion.
Les Zelandonia entourèrent alors
l’énorme femme qui était la Première et, non sans mal, la remirent sur ses
pieds. Elle oscilla un moment sur elle-même, comme quelqu’un pris de boisson,
s’appuya lourdement sur deux des Zelandonia et hocha de nouveau la tête. Elle
ferma les yeux et son visage refléta une intense concentration. Elle les
rouvrit au bout d’un moment, les dents serrées, visiblement déterminée. Elle
avait cessé de tanguer.
— Ayla est en danger,
dit-elle. C’est ma faute. J’aurais dû le savoir…
Elle avait encore du mal à se
concentrer, à avoir l’esprit clair, mais le fait d’être de nouveau debout et capable
de se mouvoir l’aidait. De même que l’eau chaude, du simple fait qu’elle la
réchauffait. Elle avait froid, terriblement froid, un froid à glacer les os, et
elle savait que cela ne venait pas du simple fait qu’elle se trouvait dans une
grotte.
— Trop froid,
poursuivit-elle. La bouger. Faire du feu. De la chaleur.
— Souhaites-tu que nous
sortions Ayla de la grotte ? demanda la Zelandoni de la Quatorzième
Caverne.
— Oui. Trop froid.
— Faut-il la
réveiller ? s’enquit le Zelandoni de la Onzième Caverne.
— Je ne crois pas que ce
soit possible, répondit la Première. Mais essayez.
Ils tentèrent d’abord de secouer
Ayla doucement, puis un peu plus rudement. Elle ne bougeait toujours pas. Ils
essayèrent alors de lui parler, puis de hurler à son oreille, sans résultat.
— Crois-tu que nous devrions
continuer de chanter ? demanda la Zelandoni de la Troisième Caverne.
— Oui ! Chantez !
Ne vous arrêtez pas ! C’est tout ce qui lui reste ! cria la Première.
Les membres de la Zelandonia du
rang le plus élevé donnèrent certaines instructions et, soudain, il y eut dans
la grotte un débordement
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