Le pays des grottes sacrées
d’activité : plusieurs participants à la
cérémonie quittèrent les lieux en toute hâte pour se rendre à la hutte de la
Zelandonia, d’autres se mirent à préparer un feu pour faire chauffer de l’eau,
d’autres encore se mirent en devoir de trouver une litière pour transporter la
jeune femme hors de la grotte. Les autres reprirent avec ferveur leur litanie.
De nombreuses personnes se
trouvaient près de l’abri de la Zelandonia. Une réunion des couples envisageant
de nouer le lien à l’occasion des futures Matrimoniales, les dernières de la
saison, était prévue un peu plus tard dans la journée, et certains avaient déjà
commencé à se regrouper. Folara et Aldanor en faisaient partie. En voyant plusieurs
Zelandonia arriver en courant, ils échangèrent un regard inquiet.
— Que se passe-t-il ?
demanda Folara. Pourquoi tout le monde est si pressé ?
— C’est la nouvelle
Zelandoni ! répondit un jeune homme, l’un des tout récents acolytes.
— Tu parles d’Ayla ? La
Zelandoni de la Neuvième ? s’inquiéta Folara.
— Oui. Elle a préparé une
boisson spéciale à base d’une espèce de racine, et la Première a dit que nous
devions la faire sortir de la grotte parce qu’il y faisait trop froid. Elle ne
s’est pas réveillée, expliqua l’acolyte.
Tous se retournèrent en entendant
un grand bruit : deux jeunes et vigoureux doniates aidaient la Première à
quitter la grotte. Celle-ci avait du mal à conserver son équilibre et à avancer
sans trébucher. Jamais Folara n’avait vu Zelandoni dans cet état. Une vague
d’appréhension la submergea. Celle Qui Était la Première était toujours si sûre
d’elle-même, si positive. Même en dépit de sa stature, elle se mouvait toujours
avec aisance, et une grande assurance. La jeune femme avait déjà été fort
affectée en voyant sa mère s’affaiblir, mais là, elle était littéralement
saisie d’effroi en voyant une femme qu’elle avait toujours prise pour une force
inébranlable, un parangon de sécurité et de puissance, faire soudain preuve
d’une faiblesse aussi extrême.
Le temps que la Première rejoigne
le local, un autre groupe de Zelandonia fit son apparition sur le sentier
descendant de la grotte, portant une litière recouverte de fourrures. Quand la
procession se rapprocha, Folara et Aldanor commencèrent à entendre de plus en
plus distinctement les sons entremêlés des voix des membres de la Zelandonia.
Quand la litière passa devant elle, Folara regarda la jeune femme qu’elle avait
appris à connaître et à aimer, la compagne de son frère. Le visage d’Ayla était
d’une pâleur de craie et sa respiration si faible que sa poitrine semblait à
peine bouger.
Folara en fut horrifiée, ce qui
n’échappa pas à Aldanor.
— Il faut aller retrouver
mère, Proleva et Joharran, dit-elle. Et Jondalar…
Bien que cela ne se soit pas fait
sans peine, ni sans embarras pour elle, le trajet entre la grotte et l’abri de
la Zelandonia avait aidé la Première à reprendre totalement ses esprits. Elle
se laissa tomber avec soulagement sur son large siège confortable et accepta la
tasse d’eau chaude qu’on lui tendait. Avant d’avoir récupéré toute sa tête,
elle n’avait pas osé suggérer qu’on lui prépare une décoction d’herbes
médicinales ou quelque autre remède susceptible de contrebalancer les effets de
la racine, de peur que ceux-ci n’aggravent son état plutôt qu’ils ne
l’améliorent. Maintenant qu’elle avait les idées plus claires, et même si son
corps ressentait encore les puissants effets de la terrible racine, elle décida
de procéder à une expérience sur elle-même : elle ajouta quelques herbes
stimulantes à une seconde tasse d’eau chaude et la sirota sans hâte, essayant
de jauger ce qu’elle ressentait. Elle n’était pas sûre que celles-ci
amélioreraient son état, mais pensait qu’elles ne l’aggraveraient pas.
Elle se releva et, avec un peu
d’aide, s’approcha du lit récemment libéré par Laramar où l’on avait étendu
Ayla.
— Vous avez essayé de lui
faire boire un peu d’eau chaude ? demanda-t-elle.
— Nous n’avons même pas pu
lui ouvrir la bouche, répondit un jeune acolyte.
La Première essaya de desserrer
les mâchoires d’Ayla, mais celles-ci demeuraient obstinément bloquées, comme si
la jeune femme luttait de toutes ses forces contre une puissance inconnue. La
doniate repoussa alors les couvertures et
Weitere Kostenlose Bücher