Le pays des grottes sacrées
remarqua que son corps, d’une
rigidité absolue, était en outre d’un froid glacial au toucher malgré toutes
les fourrures qui le recouvraient.
— Verse de l’eau chaude dans
ce grand bol, ordonna-t-elle au jeune homme.
Plusieurs autres personnes
présentes se précipitèrent pour l’aider.
Elle ne parvint pas à ouvrir la
bouche d’Ayla. Dans l’incapacité de lui faire absorber quelque chose de chaud,
elle allait devoir tenter de la réchauffer par l’extérieur. La Première prit
donc plusieurs morceaux de matériau servant à bander les plaies, des peaux de
bêtes bien souples qui se trouvaient toujours à proximité, les plongea dans le
liquide brûlant et appliqua le bandage ainsi réalisé sur le bras gauche d’Ayla.
Le temps qu’elle en pose un autre sur son bras droit, le premier était déjà
complètement froid.
— Apportez-moi encore de
l’eau chaude, demanda-t-elle.
Elle dénoua ensuite la cordelière
qui retenait le vêtement de la jeune femme et, la soulevant avec l’aide de
plusieurs Zelandonia, le lui ôta en remarquant le système ingénieux qui
retenait la peau de bête. La Première remarqua qu’Ayla n’était pas complètement
nue au-dessous : toute une série de lanières retenaient le tampon en cuir
garni de bourre d’osier absorbante qu’elle portait entre les jambes.
Soit elle a ses lunes, soit elle
ne s’est pas encore remise de la perte de son bébé, songea Zelandoni. Quoi
qu’il en soit, cela veut dire que Laramar n’a pas conçu une nouvelle vie en
elle. De façon très prosaïque, la doniate s’assura qu’elle n’avait pas besoin
d’être changée, mais elle approchait apparemment du terme de son flux. Le
tampon était à peine taché et elle le laissa à sa place.
Avec l’aide de plusieurs autres
doniates, elle entreprit alors de recouvrir le corps d’Ayla de peaux humides et
chaudes afin de dissiper le froid extrême dans lequel était toujours plongée la
jeune femme. Elle-même n’avait eu qu’un avant-goût de ce que subissait Ayla,
mais cela lui avait suffi pour apprécier l’état dans lequel celle-ci devait se
trouver. Finalement, au bout de multiples et longues applications, le corps de
la jeune femme parut se détendre quelque peu. En tout cas, ses mâchoires se
desserrèrent. Zelandoni espéra que c’était bon signe, mais elle n’avait aucun
moyen d’en être sûre. Elle couvrit Ayla de fourrures bien chaudes :
c’était tout ce qu’elle pouvait faire pour elle dans l’instant.
On apporta son siège, solide et
large, à Celle Qui Était la Première, et celle-ci y prit place à côté de la
toute nouvelle Zelandoni, pour y entamer une veille lourde d’inquiétude. Elle
prit conscience pour la première fois des chants qui, depuis le début de la
cérémonie, n’avaient cessé de se faire entendre, certains des participants
relayant ceux qui s’arrêtaient sous l’effet de la fatigue.
Il faudra sans doute faire appel
à d’autres volontaires pour que ces chants se poursuivent en permanence si
l’attente est trop longue, se dit Zelandoni, évitant de penser à la suite.
Quand elle ne pouvait s’en empêcher, c’était pour se dire qu’Ayla finirait bien
par revenir à elle et qu’elle serait de nouveau fraîche et dispose. Toute autre
hypothèse était trop pénible à envisager. Si je n’avais pas été si curieuse
quant à ces nouvelles racines si fascinantes, me serais-je montrée plus
perspicace ? se demandait-elle. Ayla avait semblé assez perturbée et
nerveuse lorsqu’elle était arrivée dans la grotte, mais les membres de la
Zelandonia étaient tous là, attendant avec impatience la cérémonie
exceptionnelle qui allait s’y dérouler. La Première avait regardé Ayla mâcher
longuement les racines, puis recracher le suc ainsi obtenu dans le bol d’eau,
et elle avait décidé de tester elle-même le produit.
Cela avait constitué pour elle un
premier avertissement. Les effets de la boisson avaient été infiniment plus
puissants que ceux auxquels elle s’attendait. Mais même si elle avait traversé
de rudes moments, elle ne regrettait nullement d’avoir pris cette initiative.
L’expérience qu’elle venait de tenter lui donnait une bonne idée de ce qu’Ayla
était en train de vivre. Qui aurait pu croire que des racines séchées d’aspect
si inoffensif pouvaient avoir des effets aussi redoutables ? Quelle était
leur nature ? La plante poussait-elle quelque part dans les
environs ? À
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