Le pays des grottes sacrées
alors à elle, empli de formes
géométriques répétitives, carrés et angles aigus, claires, éclatantes,
lumineuses. Aucune forme de ce genre n’existait dans le monde naturel, celui où
elle vivait depuis toujours. De blancs rubans semblaient flotter sur le sol
dans ce lieu étrange, s’étirant loin, très loin, parcourus par d’étranges
animaux.
En s’approchant, elle vit une
foule immense, une masse de gens qui s’agitaient bizarrement en pointant leurs
doigts vers elle et en répétant sans cesse « Toi, toi, toi », comme
s’ils psalmodiaient une prière. Elle distingua une silhouette solitaire.
C’était un homme, un esprits-mêlés. En s’approchant un peu plus, elle se dit
qu’il lui rappelait quelqu’un qu’elle connaissait, mais pas tout à fait. Elle
crut au début qu’il s’agissait d’Echozar, puis que c’était Brukeval, et tout
autour les gens ne cessaient de répéter « C’est toi, c’est toi qui as
apporté la Connaissance, c’est toi ».
« Non ! hurla son
cerveau. C’est la Mère. C’est Elle qui m’a donné la Connaissance. Où donc est
la Mère ? »
« La Mère est partie. Seul
demeure le Fils, répondirent les gens. C’est toi qui l’as apportée. »
Elle regarda l’homme et comprit
soudain de qui il s’agissait, bien que son visage demeurât dans l’ombre et
qu’elle ne pût le voir distinctement.
« Je n’ai pas pu faire
autrement. J’étais maudite. J’ai dû abandonner mon fils. Broud m’a
chassée ! » s’écria-t-elle d’une voix dépourvue de son.
« La Mère est partie. Seul
demeure le Fils. »
Plongée dans ses pensées, Ayla
plissa le front. Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?
Soudain le monde au-dessous
d’elle prit une dimension différente, mais il demeurait toujours aussi sinistre
et surnaturel. Les gens avaient disparu, de même que les étranges figures
géométriques. Il ne restait plus qu’une sorte de prairie vide, désolée, balayée
par le vent. Deux hommes firent leur apparition, des frères, bien que personne
n’eût pu les reconnaître comme tels. L’un était grand et blond, comme Jondalar,
l’autre, plus âgé, n’était autre que Durc, elle en eut la certitude, bien que
son visage demeurât dans l’ombre. Les deux frères s’approchèrent l’un de
l’autre, venant de directions opposées, et elle se sentit saisie d’une angoisse
atroce, comme si quelque chose de terrible allait se produire, quelque chose
qu’elle devait absolument empêcher. Avec un frisson de terreur, elle eut la
certitude que l’un de ses fils allait tuer l’autre. Les bras levés, comme pour
frapper, ils se rapprochèrent encore l’un de l’autre. Elle tenta de tout son
être de les atteindre.
Et soudain Mamut apparut et la
retint. « Ce n’est pas ce que tu crois, dit-il. C’est un symbole, un
message. Attends et vois. »
Un troisième homme apparut dans
la steppe désolée. Broud, en train de la regarder avec dans les yeux une lueur
de haine indicible. Les deux premiers hommes se rejoignirent, puis tous deux se
retournèrent pour faire face à Broud.
« Maudis-le, maudis-le,
condamne-le à la mort », indiqua Durc.
« Mais c’est ton père, Durc,
pensa Ayla avec une appréhension silencieuse. Ce n’est pas à toi de le
maudire. »
« Il est déjà maudit,
intervint son autre fils. Tu l’as fait, tu as gardé la pierre noire. Ils sont
tous condamnés. »
« Non, non ! s’écria
silencieusement Ayla. Je vais la rendre. Je peux toujours la rendre. »
« Il n’y a rien que tu puisses
faire, Ayla. C’est ta destinée », dit Mamut.
Lorsqu’elle se tourna pour lui
faire face, Creb se trouvait à côté de lui.
« Tu nous as donné Durc,
expliqua par signes le vieux Mog-ur. C’était également ta destinée. Durc
appartient en partie aux Autres, mais aussi en partie au Clan. Le Clan est
condamné à disparaître, il n’existera plus, seule ton espèce perdurera, ainsi
que ceux qui sont comme Durc, les enfants aux esprits mêlés. Ils seront
peut-être peu nombreux, mais il y en aura assez. Ce ne sera pas pareil, il
deviendra comme les Autres, mais ce sera déjà ça. Durc est le fils du Clan,
Ayla. C’est l’unique fils du Clan. »
Ayla entendit une femme pleurer
et lorsqu’elle regarda, la scène avait encore changé. Il faisait noir et ils se
trouvaient au plus profond d’une grotte. Puis on alluma des lampes et elle vit
une femme tenant un homme dans ses bras. L’homme
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