Le pays des grottes sacrées
Jondalar a toujours eu des besoins
très forts. Elle s’est rendue disponible, voilà tout.
— Et que fait-il lorsque
Ayla décide de tenter sa chance pendant la fête ? reprit Folara. Alors
qu’elle en avait tout à fait le droit…
— Droit ou pas, ce n’est pas
pour célébrer la Mère lors de la fête qu’elle a fait cela, dit Zelandoni. Si
elle a choisi cet homme en particulier, c’est uniquement par colère et par
dépit. Ce n’était pas de Laramar qu’elle avait envie, c’était de Jondalar. Ce
qui n’était pas fait pour honorer la Mère, et elle le savait. Aucun des deux
n’est exempt de reproches, mais je crois bien que l’un et l’autre ont voulu
assumer toute la responsabilité de la situation, ce qui n’a aidé en rien à la
régler.
— Quel que soit le
responsable, Jondalar va devoir en payer le prix, et il sera lourd, intervint
Marthona.
— Je ne peux pas en vouloir
à Laramar de ne pas avoir souhaité retourner à la Neuvième Caverne, et je suis
ravie que la Cinquième ait accepté de le recevoir, mais sa compagne ne veut pas
déménager, expliqua Proleva. Elle dit que son foyer, c’est la Neuvième Caverne.
Mais si elle se retrouve sans compagnon, qui va prendre soin de toute sa
nichée ?
— Et qui lui fournira sa
ration quotidienne de barma ? glissa perfidement Folara.
— C’est peut-être cela qui
la poussera à rejoindre la Cinquième, dit Zelandoni.
— À moins que son aîné ne
prenne la relève, dit Proleva. Cela fait des années qu’il apprend les secrets
de la fabrication du barma. D’après certains, celui qu’il produit est meilleur
que celui de son père et je connais pas mal de gens dans la partie de la
Rivière qui est la nôtre qui apprécieraient d’en avoir une source pas trop
éloignée.
— Inutile en tout cas de le
lui suggérer, dit Marthona.
— Quelle importance ?
répliqua Proleva. Si nous sommes capables d’y penser, d’autres y parviendront
aussi.
Zelandoni remarqua que deux autres
personnes rejoignaient les rangs des chanteurs, alors qu’une les quittait. Elle
leur manifesta sa satisfaction d’un signe de tête et jeta un coup d’œil à Ayla.
Sa peau n’avait-elle pas pris une teinte plus grise ? Elle n’avait pas
bougé d’un pouce mais, étrangement, semblait s’être un peu enfoncée dans sa
couche. Bien qu’inquiète de la tournure que prenaient les choses, la doniate
revint à ses explications :
— Je disais donc que je
voulais essayer d’aider Ayla à penser à autre chose qu’à ses problèmes, à
parler de sujets qui, d’ordinaire, l’intéressent beaucoup. C’est la raison pour
laquelle je lui ai posé des questions sur cette racine du Clan. Cela étant,
j’ai ma part de responsabilité : j’avais terriblement envie d’en savoir
plus sur elle, sur ses effets, alors que j’aurais dû prêter à Ayla plus
d’attention, remarquer à quel point elle était bouleversée. Et j’aurais dû la
croire lorsqu’elle a évoqué la puissance de cette racine du Clan. Je n’ai bu
qu’une petite gorgée de suc et j’ai dû me battre pour ne pas perdre la maîtrise
de moi-même. Ses effets sont considérablement plus forts que tout ce que je
pouvais imaginer.
« J’ai bien peur qu’Ayla ne
soit maintenant perdue quelque part dans le Monde des Esprits, poursuivit la
Première. La seule chose qu’elle m’ait dite dont je garde le souvenir, c’est
que le chant était le seul lien qui pouvait la maintenir en contact avec ce
monde, et j’ai pu en effet en avoir la confirmation lorsque je me suis sentie
perdre pied après juste une petite gorgée de liquide. Je vais être honnête avec
vous : je ne sais pas quoi faire d’autre pour elle, sinon la maintenir
bien au chaud, demander aux Zelandonia de ne pas s’arrêter de chanter, et
espérer que les effets de la racine se dissiperont au plus vite.
— Je me souviens en effet
qu’elle m’a parlé de cette racine du Clan, dit Marthona. Celui qu’elle appelle
Mamut lui a dit que plus jamais il n’aurait recours à elle, qu’il avait trop
peur de se perdre à jamais. D’après lui, ses effets étaient trop puissants, et
il a mis Ayla en garde : jamais elle ne devrait en user.
La Première fronça les sourcils.
— Pourquoi donc ne
m’a-t-elle pas dit que Mamut lui avait demandé de ne pas utiliser cette
racine ? Il était l’un de Ceux Qui Servent, et parlait certainement en
connaissance de cause. Ayla paraissait peu enthousiaste au
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