Le pays des grottes sacrées
de partir à la recherche de
Jondalar ?
— Allez, Loup, viens, dit
Jonayla.
Elle se leva et prit la grosse
tête massive entre ses menottes, tout comme l’aurait fait sa mère. Elle
ressemblait si fort à une Ayla en miniature que Danug eut du mal à ne pas
sourire. Il n’était pas le seul.
— Mère est malade et
Jondalar doit revenir pour aller l’aider, Loup, expliqua la fillette. Tu dois
le retrouver.
Elle ôta ses mains de la tête de
l’animal et indiqua du doigt la direction de la Rivière.
— Va trouver Jondalar, Loup.
Trouve-le.
Ce n’était pas la première fois
que le loup entendait cet ordre. Avec Ayla, il avait dû suivre la piste de
Jondalar jadis, lors de leur Grand Voyage de retour, quand celui-ci avait été
capturé par les guerrières d’Attaroa.
Soudain impatient, l’animal lécha
une dernière fois le visage de Jonayla, puis partit en direction de la Rivière.
Il se retourna une fois vers elle
et était sur le point de faire demi-tour, mais elle lui répéta « Allez,
Loup ! Retrouve Jondalar ! » et il se remit en route, jetant un
coup d’œil à Danug qui marchait sur ses traces, puis accéléra l’allure, la
truffe collée au sol.
Après sa rencontre inopinée avec
Ayla, Jondalar n’avait eu qu’une hâte : s’éloigner au plus vite du
campement. Puis, lorsqu’il eut atteint la Rivière et eut commencé à suivre la
rive vers l’amont, il fut incapable de penser à autre chose. Il avait bien
failli la prendre dans ses bras, il l’avait quasiment fait. Cela avait presque
été un réflexe, alors pourquoi s’en était-il abstenu ? Et que se serait-il
passé s’il l’avait fait ? Se serait-elle mise en colère ?
L’aurait-elle repoussé ? Ou non ? Elle avait eu l’air si surprise, si
choquée… mais lui-même n’avait-il pas été aussi surpris qu’elle ?
Pourquoi donc ne l’avait-il pas
prise dans ses bras ? Pouvait-il arriver quelque chose de pire ? Si
elle s’était mise en colère et l’avait repoussé, la situation serait-elle pire
que ce qu’elle était maintenant ? Il aurait au moins la certitude qu’elle
ne voulait plus de lui. Tu ne veux pas savoir, hein, c’est ça ? Mais les
choses ne peuvent pas rester dans cet état. Était-elle en pleurs lorsqu’elle
s’est enfuie ? Ou me le suis-je simplement imaginé ? Pourquoi
aurait-elle pleuré ? Parce qu’elle était bouleversée, bien sûr. Mais
pourquoi aurait-elle été bouleversée à ce point ? Parce qu’elle t’avait
rencontré ? Mais pourquoi cela l’aurait-il bouleversée ? Elle m’a
fait savoir quels étaient ses sentiments réels, la nuit de la Fête. Elle me les
a bien montrés, non ? Elle ne s’intéresse plus à moi, voilà tout. Mais
alors, pourquoi pleurait-elle ?
D’habitude, lorsqu’il se
promenait au bord de la rivière, Jondalar commençait à se dire qu’il était
temps de rentrer au moment où le soleil atteignait son zénith, à midi. Mais ce
jour-là, il était tellement plongé dans ses pensées, les ruminant encore et
encore, repassant dans sa tête le moindre détail dont il pouvait se souvenir,
qu’il ne remarqua même pas le temps qui passait, la hauteur du soleil dans le
ciel.
Danug, qui marchait à grandes
enjambées pour se maintenir à la hauteur du loup, en venait à se demander si
l’animal suivait la bonne piste. Jondalar avait-il pu s’éloigner à ce
point ? Midi était passé depuis longtemps lorsque le Mamutoï s’arrêta
brièvement pour boire un peu d’eau avant de se remettre en chemin. Après s’être
désaltéré, il se redressa et au loin, sur une portion de rive assez droite, il
crut apercevoir quelqu’un qui marchait. Il s’abrita les yeux de la main pour ne
pas être ébloui par le soleil, mais fut incapable de distinguer quoi que ce
soit derrière ce qui semblait être un méandre du cours d’eau. Le loup avait
encore accéléré l’allure lorsqu’il avait fait halte pour s’abreuver, et il se
trouvait désormais hors de vue. Espérant qu’il serait en mesure de le rattraper
rapidement, le Mamutoï se remit en route, allongeant lui aussi le pas.
Jondalar fut soudain tiré de son
intense méditation par quelque chose qui bougeait dans les buissons, près de
l’eau. En scrutant avec attention, il distingua les mouvements d’un animal. En
aurait-il après moi ? se demanda-t-il. Il n’avait pas emporté son arme
avec lui, pas plus que des traits, et regardait par terre,
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