Le pays des grottes sacrées
levant et en lui montrant son siège.
L’angoisse extrême du jeune homme
ne lui avait pas échappé, pas plus que le fait qu’il venait de couvrir en peu
de temps une longue distance.
— Va lui chercher de l’eau,
ordonna-t-elle à l’acolyte le plus proche. Apportes-en aussi pour le loup.
En se penchant sur elle, Jondalar
constata que la peau d’Ayla avait pris une teinte gris pâle rappelant
irrésistiblement celle d’un cadavre.
— Oh, Ayla, pourquoi as-tu
recommencé ? lança-t-il d’une voix rauque, tout juste capable de parler.
Tu as failli en mourir la fois précédente.
Il but une gorgée d’eau, comme
par réflexe, réalisant à peine que quelqu’un lui avait mis un gobelet dans la
main, puis il grimpa littéralement sur la couche. Là, il repoussa les
couvertures, souleva Ayla et la prit dans ses bras, choqué de constater à quel
point elle était glacée.
— Elle est toute froide,
dit-il avec un hoquet proche du sanglot, sans même se rendre compte que son
visage était baigné de pleurs.
Des larmes qu’il aurait
d’ailleurs été bien en peine de retenir s’il en avait eu conscience.
Le loup regarda les deux humains
sur le lit, leva son museau vers le ciel et se mit à pousser un long hurlement,
un cri aigu et prolongé qui donnait le frisson et fit frémir tant les membres
de la Zelandonia qui se trouvaient dans le local que toutes les personnes rassemblées
à l’extérieur. Ceux qui étaient en train de chanter en perdirent le rythme,
leur fugue jusqu’alors continue s’arrêtant brutalement l’espace d’un instant.
Ce n’est qu’à cet instant que Jondalar prit conscience que la Zelandonia
n’avait pas cessé de psalmodier. Loup s’avança, posa ses deux pattes avant sur
le rebord de la couche et se mit à pousser des gémissements pour attirer
l’attention de celle qui l’avait recueilli.
— Ayla, Ayla, je t’en
conjure, ne me quitte pas, supplia Jondalar. Tu ne peux pas mourir. Qui me
donnera un fils ? Oh, Ayla, mais qu’est-ce que je raconte ? Je me
fiche bien que tu me donnes un fils. C’est toi que je veux. Je t’aime. Tu peux
même cesser de me parler, je m’en moque, à condition que je puisse te voir une
fois de temps en temps. Reviens-moi, Ayla. Oh, Grande Mère, ramenez-la-moi.
Ramenez-la-moi, je vous en supplie. Je ferai tout ce que vous voudrez, mais ne
me l’enlevez pas !
Sous le regard de Zelandoni, ce
grand et bel homme dont le visage, les jambes et les bras saignaient, couverts
d’égratignures, se mit alors à bercer la femme inerte qu’il tenait dans ses
bras, les yeux baignés de larmes, suppliant qu’elle lui revienne. La doniate ne
l’avait plus vu pleurer depuis qu’il avait quitté l’enfance. Jondalar ne
pleurait jamais, il faisait en sorte de contrôler ses émotions, de les garder
pour lui.
Après qu’il fut revenu de son
séjour chez Dalanar, elle s’était souvent demandé s’il serait de nouveau
capable d’aimer une femme, et se l’était reproché. Elle savait qu’il l’aimait
toujours à cette époque et avait été tentée plus d’une fois d’abandonner la
Zelandonia pour devenir sa compagne, mais au fil du temps, et en constatant
qu’elle ne pouvait pas tomber enceinte, elle avait compris qu’elle avait fait
le bon choix. Elle était sûre qu’il trouverait un jour la compagne qui lui
conviendrait et, tout en doutant parfois qu’il fût en mesure de lui accorder un
amour exclusif, avait la conviction qu’il souhaiterait qu’elle lui donne des
enfants. Des enfants qu’il pourrait aimer librement, complètement, sans la
moindre réserve, un amour qu’il pourrait enfin épancher comme il le souhaitait.
Elle avait été réellement ravie
pour lui lorsqu’il était revenu de son long voyage avec une femme qu’il aimait
de toute évidence, une femme digne de son amour. Mais jamais jusqu’alors elle
n’avait réalisé à quel point il l’aimait. La Première sentit une pointe de
remords : peut-être n’aurait-elle pas dû inciter si fortement Ayla à
devenir Zelandoni. Peut-être aurait-elle dû les laisser tous les deux en paix.
Mais, après tout, c’était le choix de la Mère…
— Elle est toute froide.
Pourquoi est-elle si froide ? gémissait Jondalar.
Il s’étendit de tout son long sur
la litière, se coucha à côté d’elle puis recouvrit du sien le corps nu de sa
compagne avant de ramener sur eux les couvertures. Le loup les rejoignit sur la
couche et s’allongea à son
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