Le pays des grottes sacrées
L’ennui, c’était qu’elle
éprouvait elle aussi des sentiments pour le beau jeune homme charismatique aux
cheveux blond clair et aux yeux d’un bleu exceptionnel, et cela leur avait
causé des problèmes à tous deux.
Parvenus à la hutte de Manvelar,
ils frappèrent à un panneau de bois proche de l’entrée et, d’une voix forte,
s’annoncèrent. Il les invita à entrer.
— Loup est avec nous,
prévint Ayla.
— Il peut venir, dit Morizan
en écartant le rideau faisant office de porte.
Ayla n’avait pas beaucoup vu le
fils du foyer de Manvelar depuis la chasse aux lions et elle lui adressa un
sourire chaleureux. Après l’échange de salutations, elle déclara :
— Je dois aller à la hutte de
la Zelandonia. Jondalar, tu peux garder Loup ? Sa présence est parfois
perturbante. J’aimerais consulter Zelandoni avant de l’amener là-bas.
Jondalar tourna vers Morizan et
les autres occupants de la hutte un regard interrogateur.
— Si cela ne dérange personne…
— Il peut rester, décida
Manvelar.
Ayla se baissa, regarda l’animal.
— Reste avec Jondalar, lui
dit-elle, accompagnant l’ordre du signe équivalent.
Loup approcha son museau de
Jonayla, qui se mit à glousser, puis il s’assit. Avec un gémissement, il
regarda Ayla partir avec le bébé mais ne la suivit pas.
Arrivée à l’imposante hutte de la
Zelandonia, elle cogna au panneau et annonça :
— C’est moi, Ayla.
— Entre, répondit la voix
familière de la Première.
Un acolyte écarta le rideau pour
laisser la visiteuse entrer. Malgré les lampes à huile allumées, il faisait
sombre à l’intérieur et elle resta un moment immobile. Lorsque que ses yeux se
furent accoutumés à l’obscurité, elle vit un groupe assis près de la masse
imposante de la Première.
Au moment où Ayla se dirigeait
vers elle, Jonayla se mit à s’agiter. Le changement de lumière l’avait
perturbée. Deux des acolytes s’écartèrent et la jeune femme s’assit entre eux
mais, avant de porter son attention sur ce qui se passait dans la hutte, elle
devait calmer son bébé. Elle dénuda sa poitrine, en approcha l’enfant. Tout le
monde attendait. Lorsque Jonayla cessa de pleurnicher, la Première dit à
Ayla :
— Je suis contente que tu
sois venue. Nous ne t’avons pas vue, hier soir.
— Nous ne sommes pas allés
au camp principal, répondit-elle.
Ceux qui ne l’avaient pas encore
rencontrée furent surpris par la façon dont elle prononçait certains mots. Ils
n’avaient aucune difficulté à la comprendre, elle parlait parfaitement la
langue et avait une agréable voix grave, mais ces mots résonnaient curieusement
dans sa bouche.
— Ton bébé était
malade ? hasarda la Première.
Une fois de plus, Ayla expliqua
ce qui s’était passé et un homme qu’elle ne connaissait pas s’exclama,
étonné :
— Tu leur as construit une
hutte ?
— Pas aussi grande que
celle-ci, répondit-elle avec un sourire en indiquant de la main l’abri
particulièrement vaste de la Zelandonia.
Jonayla cessa de téter et Ayla la
souleva, la posa sur son épaule et lui tapota le dos.
— C’était vraiment gentil de
ta part, lança une voix d’un ton moqueur.
Ayla tourna la tête, vit que
c’était la Zelandoni de la Quatorzième qui avait parlé, une vieille femme
maigre dont le chignon laissait toujours s’échapper des mèches grises.
Madroman, assis à côté d’elle avec le Zelandoni de la Cinquième Caverne, posait
sur Ayla un regard condescendant. C’était l’homme à qui Jondalar avait cassé
les dents de devant dans une bagarre lorsqu’ils étaient plus jeunes. Elle
savait que Jondalar ne l’aimait pas et se doutait que c’était réciproque. Elle le
trouvait antipathique, elle aussi. Avec sa capacité à interpréter les attitudes
et les expressions, elle décelait de la fausseté dans ses salutations
mielleuses, de l’hypocrisie dans ses protestations d’amitié, mais elle
s’efforçait toujours de le traiter poliment.
— Ayla a pris à cœur le sort
des enfants de cette famille, intervint la Première en cachant son
exaspération.
La Zelandoni de la Quatorzième
était pour elle un sujet de contrariété depuis qu’elle avait accédé au rang de
Première. Cette femme était toujours en train de provoquer quelqu’un, elle en
particulier. La doniate de la Quatorzième estimait que c’était elle qui aurait
dû devenir Première et n’avait toujours pas admis que la
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