Le pays des grottes sacrées
son
retour, elle envoya ses trois enfants chercher des racines de jonc sur la berge
d’un cours d’eau. Lorsqu’ils y arrivèrent, ils rencontrèrent trois autres
jeunes gens : une fille à peu près de l’âge de Kimacal, un garçon à peu
près de l’âge de Karella, une fille à peu près de l’âge de Loupal.
Sur l’estrade, le premier jeune
homme eut un sourire aguichant quand on mentionna la fille plus âgée, la jeune
femme prit une posture bravache et l’autre jeune homme un air timide. Des rires
fusèrent dans l’assistance, Ayla et Jondalar échangèrent un sourire.
— Les trois nouveaux venus
étaient des étrangers récemment arrivés d’une contrée du Sud, reprit Galliadal.
Selon l’usage qu’on leur avait enseigné, ils se saluèrent et se présentèrent
tous en récitant leurs noms et liens. « Nous sommes venus chercher de la
nourriture », dit le conteur en contrefaisant sa voix pour incarner une
des filles tout juste arrivées. « Les joncs poussent en abondance sur
cette rive, nous pouvons les partager », répondit Karella par le biais de
Galliadal.
Galliadal lui répondit avec sa
première voix de femme et poursuivit son récit :
— Ils se mirent tous à
déraciner des joncs sur la berge boueuse : Kimacal aida l’étrangère la
plus âgée, Karella montra au cadet où creuser et Loupal déterra quelques joncs
pour la jeune timide, mais celle-ci ne voulut pas les prendre. Loupal remarqua
que son frère et sa sœur appréciaient la compagnie des deux étrangers et que
leurs rapports devenaient très amicaux.
Les rires redoublèrent. Non
seulement les sous-entendus étaient évidents mais le jeune homme le plus âgé et
la jeune femme s’étreignaient sur l’estrade avec une fougue exagérée tandis que
le plus jeune les regardait avec envie. Galliadal changeait de voix pour chaque
personnage et les trois autres mimaient ses propos.
— « Ces joncs sont
bons, pourquoi ne veux-tu pas les manger ? » demanda Loupal à la
belle étrangère. « Je ne peux pas, je ne peux manger que de la
viande », répondit-elle. Loupal ne savait pas quoi faire. « Je peux
chasser pour toi, si tu veux », proposa-t-il, même s’il se savait très
mauvais chasseur. Il accompagnait les autres quand ils allaient à la chasse
mais comme il était un peu paresseux, il ne faisait pas de gros efforts. Il
retourna à la Caverne et dit à sa mère : « Kimacal et Karella
partagent des joncs avec une femme et un homme du Sud. Ils ont trouvé une
compagne et un compagnon mais celle que je veux ne peut pas manger de joncs,
elle ne mange que de la viande et je ne suis pas très bon chasseur. Comment
puis-je trouver de la nourriture pour elle ? »
Ayla se demanda si
« partager des joncs » n’avait pas un autre sens qu’elle ne
connaissait pas puisque le conteur associait à chaque fois les joncs à une
union.
— « Il y a une vieille
Zelandoni qui vit seule dans une grotte près de la rivière, dit Galliadal avec
la voix de la mère. Elle pourra peut-être t’aider. Mais prends garde à ce que
tu lui demanderas. Tu obtiendras exactement ce que tu auras souhaité. »
Loupal se mit en route, marcha vers le nord pendant des jours, regarda dans
toutes les grottes qu’il vit en chemin mais ne trouva pas la doniate. Il était
sur le point de renoncer quand il avisa un trou sombre au loin dans une paroi
rocheuse et décida que ce serait la dernière grotte qu’il visiterait. Il
s’approcha, découvrit une vieille femme assise devant l’entrée. Elle semblait dormir
et il en profita pour l’examiner soigneusement.
« Ses vêtements étaient
ordinaires, informes et râpés, mais elle portait de nombreux colliers de perles
et de coquillages, de dents et de griffes d’animaux percées, des statuettes
sculptées dans l’ivoire, l’os, le bois de cerf ou d’arbre, la pierre et
l’ambre, des médaillons sur lesquels des animaux étaient gravés. Plus
impressionnants encore étaient ses tatouages faciaux, complexes et si nombreux
qu’on voyait à peine sa peau entre les carrés, les spirales et les volutes.
C’était sans aucun doute une Zelandoni de grande envergure et Loupal, un peu
effrayé, hésitait à la déranger avec sa requête sans importance.
La femme de l’estrade s’était
assise et bien qu’elle n’eût pas changé de vêtements elle s’en enveloppait
maintenant de manière à ressembler à la vieille en guenilles que Galliadal
venait de
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