Le pays des grottes sacrées
mieux les voir. Les Zelandonii les
plus proches de la plate-forme étaient assis par terre ou sur des troncs d’arbres
et des rochers traînés spécialement à cet endroit. À l’autre bout du lieu de
rassemblement, d’autres dansaient et chantaient au son de flûtes, de tambours
et autres instruments à percussion. Ayla se sentait attirée par les deux
spectacles et ne savait lequel choisir.
Dans une troisième zone, des gens
jouaient avec des jetons et, à côté, d’autres se faisaient resservir une coupe
de leur boisson préférée. Elle remarqua que Laramar distribuait son barma avec
un sourire faux.
— Il s’assure des faveurs
pour plus tard, dit Jondalar comme s’il avait deviné les pensées de sa
compagne.
Elle n’avait pas conscience de
l’expression de dégoût qui s’était peinte sur son visage quand elle avait
découvert le personnage.
Tremeda faisait partie de ceux
qui faisaient la queue pour le barma, mais Laramar ne lui en offrait pas. Elle
se tourna alors vers le groupe voisin, occupé à piocher dans ce qui restait de
nourriture, récupérée après le festin et proposée à ceux qui voulaient encore
manger.
D’un bout à l’autre du vaste espace,
les Zelandonii parlaient et riaient, passaient d’un endroit à un autre sans but
apparent. Ayla ne remarqua pas tout de suite ce qui se passait sur les bords
plus sombres du lieu de rassemblement. Puis elle avisa une jeune femme aux
cheveux roux en qui elle reconnut Galeya, l’amie de Folara. Elle s’éloignait en
compagnie du jeune homme de la Troisième Caverne qui s’était joint à eux pour
la chasse aux lions. Ils avaient choisi de faire équipe pour se protéger
mutuellement.
Ayla vit le jeune couple se diriger
vers un coin obscur, s’arrêter pour s’étreindre. Elle se sentit gênée, elle
n’avait pas voulu les surprendre dans un moment d’intimité. Elle s’aperçut
alors que d’autres couples, à l’écart de la foule, semblaient eux aussi se
livrer à des activités intimes et elle se sentit rougir.
Jondalar sourit. Il avait suivi
des yeux le regard de sa compagne. Les Zelandonii évitaient eux aussi
d’observer ce genre de scène. Ce n’était pas une question de gêne : les
rapports intimes étaient chose courante, on s’arrangeait simplement pour ne pas
les voir. Il avait voyagé, il savait que les coutumes étaient différentes d’un
peuple à l’autre, mais Ayla aussi. Elle avait forcément déjà vu des couples en
action, les habitations étaient si proches l’une de l’autre dans la Caverne que
c’était inévitable. Elle avait sans doute vu aussi des choses semblables à la
Réunion d’Été de l’année d’avant et il ne comprenait pas ce qui embarrassait
Ayla. Il allait le lui demander quand Levela et Jondecam revinrent et il décida
de remettre sa question à plus tard.
Le malaise d’Ayla provenait des
années qu’elle avait passées avec le Clan. On lui avait alors fermement
inculqué que certaines choses qu’on pouvait observer n’étaient pas censées être
vues. Les pierres qui délimitaient chaque foyer dans la caverne du clan de Brun
étaient comme des murs invisibles. On ne devait pas voir au-delà, on ne devait
pas regarder dans le foyer d’autrui. Les membres du Clan détournaient les yeux
ou leur regard se perdait dans le vide : tout pour éviter de lorgner la
zone entourée de pierres. Et d’une manière générale ils veillaient à ne pas
regarder fixement. Un regard fixe faisait partie de la langue des signes du
Clan et était chargé de significations précises. Un regard appuyé du chef, par
exemple, avait valeur de réprimande.
Lorsqu’elle s’était rendu compte
de ce qu’elle voyait, Ayla avait aussitôt regardé dans une autre direction.
Levela et Jondecam les rejoignirent, elle les salua chaleureusement, comme si
elle ne les avait pas vus depuis longtemps.
— Nous allons écouter les
conteurs, dit Levela.
— Justement, j’hésitais
entre la musique et les histoires. Si vous allez voir les conteurs, je pourrais
peut-être vous accompagner, proposa Ayla.
— Moi aussi, décida
Jondalar.
Lorsqu’ils arrivèrent, il y avait
apparemment une interruption dans le spectacle. Un conte venait de s’achever,
le suivant n’avait pas encore commencé. Les gens bougeaient, certains
partaient, d’autres s’installaient, d’autres encore changeaient de place. La
plate-forme basse, pour le moment déserte, était assez grande pour accueillir
trois ou quatre
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