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Le petit homme de l'Opéra

Le petit homme de l'Opéra

Titel: Le petit homme de l'Opéra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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Pourquoi cette mesure ? demanda Victor.
    — Ben, ordre des autorités sanitaires, des fois que les volailles seraient porteuses d'une maladie contagieuse. Faut vraiment avoir la cervelle en purée pour couper le sifflet à des oiseaux qui embellissent le panorama !
    — A-t-on la certitude que ces canards aient été tués volontairement ?
    Le loueur de barque encaissa le prix d'une promenade avant de répondre :
    — Mon beau-frère est gardien de la paix au commissariat chargé de l'investigation. Le laboratoire vétérinaire a analysé le contenu de l'estomac des bestioles, elles avaient bouffé un produit toxique. Apparemment, il n'en reste plus dans les parages, et la mauvaise publicité cessera de nuire au restaurant, ce genre de rumeur est dommageable au commerce.
    — Quel sorte de produit ?
    — J'n'en sais fichtre rien. En tout cas, ils ne sont pas morts de leur belle mort, nos mandarins, et si je tenais l'olibrius qui...
    — À propos d'olibrius, auriez-vous vu le jour de la noyade un homme de petite taille ?
    Le père Asticot dévisagea Victor et Joseph avec circonspection.
    — Ce seraity une de vos relations ? Il m'a tenu le crachoir une plombe, pas moyen de m'en débarrasser, et je l'ai surpris en train de tripoter la mariée, même que le conjoint était furibard.
    Victor et Joseph levèrent le camp et se tassèrent près de la famille Robichon pour se désaltérer.
    — Alors, Victor ? Vous devinez ce que je subodore Tony Arcouet, affaibli par l'ingestion du demi-cochon en pain d'épice, n'a pas la force de se maintenir à la surface du lac. L'autre moitié enfouie dans sa poche se dilue dans la vase, le lendemain les mandarins s'en régalent, et crac ! Nous sommes les seuls à nous douter du rôle funeste de ces cochons en pain d'épice.
    — Nous n'avons pas la moindre preuve matérielle, ils ont tous disparu.
    — Des preuves, non, mais une présomption, ils y ont goûté et, excepté Olga Vologda qui n'en a grignoté qu'une infime bouchée, ont été expédiés ad patres : Tony Arcouet, Joachim Blandin, Agénor Féralès, Frizik et Bobom.
    — Frizik et Bobom ?
    — Les mandarins.
    Le canard démoniaque contempla les corps sans vie de Léonide et Sigismond et prit la poudre d'escampette en se dandinant après avoir émis un coin-coin sardonique. Sa vengeance était accomplie
    songea Joseph désolé de n'avoir ni carnet ni stylo.
    — Demain, c'est dimanche, j'ai promis une balade à Tasha. Dès lundi, je retourne à l'Opéra, jura Victor. C'est là que réside Melchior Chalumeau, il était sur les lieux à chaque décès.
    — Non, pas le jour de la mort d'Agénor Féralès.
    — Qu'en savez-vous ? Il a pu se dissimuler quelque part. Ce Chalumeau est le nœud gordien de l'affaire. J'aurai le fin mot de l'énigme.
    — Avec mon aide, cher beau-frère.
    « Et la mienne, mes gaillards », pensa l'inspecteur Valmy qui para de justesse la bataille de pois juteux à laquelle se livraient par cuillers interposées les enfants Robichon.
    Bien qu'il eût à peine touché à son repas, il régla l'addition, s'essuya méticuleusement les mains, enfila ses gants de suède et rejoignit le père Asticot en évitant les flaques.
    — Police, mes braves. Tss-tss, on enfreint la loi ? on taquine le goujon, on embarque des passagers en dépit de l'arrêté municipal ? Je serai magnanime si sous me relatez votre entretien avec les deux individus qui s'éloignent.
    — On est de bonne foi, on collabore en citoyens zélés ! s'écria le loueur de barques.
    — Je suis tout ouïe, dit l'inspecteur Valmy, soucieux de protéger ses escarpins vernis de la gadoue qui festonnait la rive.
     
    — Kenji va me passer un de ces savons ! Ce fiacre est une tortue ! Les sièges sont durs, j'ai mal aux reins. Les futurs pères ont besoin de se détendre. Ah, dormir, dormir, se la couler douce !
    — Joseph, savez-vous qu'il y a un pays où vivaient des gens au teint de cuivre, aux yeux étroits et sombres ? Zardandan, c'est ainsi qu'on nommait cette province du grand Khan. Les hommes gardaient le lit quarante jours après l'enfantement de leur épouse. Ce sont eux qui prenaient soin du nourrisson. Ils agissaient de cette manière parce qu'il est équitable que le père souffre également.
    — Où avez-vous pêché une telle ineptie ?
    — Dans le livre de Marco Polo, Le Devisement du Monde .
     
    Djina se sentait coupable, mais en cette minute où elle vit Tasha assoupie dans l'alcôve, un poing devant la bouche comme

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