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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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qu’histoire d’héritage entre Geoffroi et Henri. Laissez-les régler ça entre eux. Il y aura bien d’autres guerres pour nous et grâce à elles Bricquebec se renforcera au lieu de s’affaiblir.
    L’autre maugréa, mais on sentait que sa volonté fléchissait.
    Hugues jeta un coup d’oeil vers son protégé et constata avec satisfaction l’attention qu’il portait au débat. L’enseignement était partout, une fois de plus, songea l’Oriental.
    — J’ai deux raisons de penser que Serlon est dans le vrai, ajouta le jeune homme avec assurance. D’abord, je sais que son jugement est sans faille et ensuite...
    D’Aubigny prit son temps, ménageant son effet.
    — ... je sais de source sûre que l’esnecca régis, le navire du duc-roi, a levé l’ancre ce matin dans le port de Southampton.
    — Comment savez-vous cela ? Ce matin ! s’exclama Robert III. Mais nous entrons dans les mois noirs ! Plus aucun bateau ne prend la mer.
    — Croyez-vous qu’Henri II accepterait de perdre sa Normandie parce que la mer est grosse ? Sauf vents contraires, il sera ce soir à Barfleur. Et Geoffroi n’aura d’autre choix qu’un arrangement avec lui.
    Les épaules du jeune Bricquebec s’affaissèrent, sa colère s’était éteinte aussi vite qu’elle s’était allumée. Il ne pouvait s’empêcher d’admirer ce duc-roi d’une vingtaine d’années capable de tenir un royaume allant des frontières de l’Écosse à celles de l’Aquitaine.
    — Je dois reconnaître cela à Henri II, avoua-t-il. Il ne craint rien, hormis la colère de Dieu.
    Un mince sourire se dessina sur les lèvres de d’Aubigny. Il galoperait bientôt vers Barfleur pour renouveler son serment de fidélité à son suzerain et l’assurer en plus de celle des trois plus influents seigneurs du Cotentin.
    Ni Hugues ni Tancrède n’étaient intervenus dans la discussion, mais l’Oriental avait suivi avec intérêt le jeu de pouvoir entre les barons normands, décidant en lui-même que la prochaine personne qu’il lui faudrait voir serait ce sire d’Aubigny qui l’avait si obligeamment invité dans son château. L’homme était ambitieux et intelligent. Il n’hésiterait pas à prendre des risques s’il y allait de son intérêt. Et pour les aider, songea Hugues, il fallait un homme de cette trempe.

18
    Les barons étaient partis et le silence était retombé sur la place forte, seulement troublé par les lamentations des femmes qui se pressaient autour du cadavre de Muriel. Serlon avait fait venir ses lavandières pour honorer sa soeur. Leurs chants montaient et descendaient, entrecoupés de cris et de gémissements. Hommes d’armes et serviteurs se taisaient, évitant leur maître qui, la mine sombre, alla s’enfermer dans la pièce aux manuscrits avec Hugues de Tarse.
    — D’Aubigny est de ceux dont je voulais vous parler, messire de Tarsé, fit Serlon, confirmant sans le savoir le bien-fondé des pensées de son invité. Sa visite avec Bricquebec et Taisson tombe bien, poursuivit-il. Vu la façon dont il vous a abordé, il vous sera facile d’accepter son invitation et de lui demander l’assistance que je ne peux vous donner. C’est un renard, mais loyal à sa façon.
    — Merci de votre aide. Quoi que vous en pensiez, elle m’est précieuse, fit l’Oriental en s’inclinant.
    — Puis-je vous demander quelque chose, sire Hugues ?
    — Bien sûr.
    — Vous attendez que ma soeur soit en terre et ensuite, vous comptez partir, n’est-ce pas ?
    — Oui, messire.
    — J’aimerais que vous restiez encore quelques jours...
    Serlon hésitait.
    — Je veux vous expliquer. Je n’ai plus confiance en personne et sans doute parce que vous êtes étranger à tout ce qui se trame ici en Cotentin, c’est vers vous que je sens qu’il faut que je me tourne.
    — Je vous écoute, messire, si je puis vous aider.
    — Pour cela, il faut que je vous raconte : tout comme vous ou votre protégé, il m’arrive souvent, le matin, de partir pour des promenades à cheval le long des mielles ou sur la lande. Je fais préparer mon destrier par les garçons d’écurie. Ce matin, j’ai trouvé qu’une de mes sangles était lâche et, au lieu de demander aux garçons de la remettre, je l’ai resserrée moi-même.
    Il jeta un morceau de sangle devant Hugues qui l’examina.
    — Très usée, remarqua-t-il. Elle vous aurait lâché sans doute.
    — Elle n’avait aucune raison de l’être. Mais ce n’est pas tout. Entre

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