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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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les capuchons de mailles des hauberts. Ils étaient jeunes tous trois et de haute stature. Sur leurs visages se lisait le même air décidé.
    Il y avait là le vicomte de Saint-Sauveur : Jourdain Taisson, rude gaillard d’une vingtaine d’années au teint brique, aux cheveux et aux sourcils si blonds qu’ils en paraissaient blancs ; Robert Bertrand III, seigneur de Bricquebec, à peine dix-sept ans, une musculature de colosse. Le plus âgé des trois était le sire d’Aubigny, vingt-cinq ans, pâle et mince, vêtu d’un riche manteau noir doublé de fourrure d’hermine. Il avait un regard aigu et rapide et c’est lui le premier qui s’avança vers Serlon pour lui donner l’accolade.
    — Pardonnez-nous si nous vous dérangeons dans un moment difficile, fit-il, mais je ne savais pas qu’un deuil vous avait frappé. J’aurais dû vous envoyer un messager.
    Il désigna les brassards.
    — La femme du sire de l’Épine, ici présent, ma soeur Muriel, vient de mourir, répondit Serlon.
    Les barons présentèrent leurs condoléances. Puis le sire d’Aubigny se tourna vers la fille de Serlon.
    — Salut à vous, Sigrid. C’est plaisir de vous revoir même en de si pénibles circonstances. Votre jeune soeur n’est pas avec vous ?
    — Non, messire.
    — Vous la saluerez de ma part.
    — Je n’y manquerai pas.
    Elle s’inclina et d’Aubigny s’approcha de Ranulphe.
    — Croyez bien que nous partageons votre peine, messire, déclara-t-il.
    — Merci.
    Le jeune seigneur ne s’offusqua pas de la sécheresse de cette réponse. Il dévisageait son vis-à-vis et finit par demander :
    — Je sais que ce n’est pas le moment mais... Nous nous sommes déjà rencontrés, n’est-ce pas ?
    Ranulphe secoua négativement la tête. Tancrède remarqua que la mort de sa femme avait creusé ses traits eKfue face à ces jeunes guerriers il paraissait usé et vieilli.
    — Chez Tancarville, l’hiver dernier ?
    — Non.
    — Pourtant, insista d’Aubigny, je suis certain... C’était pendant les jours entre la Noël et l’Épiphanie, je crois vous avoir remarqué parmi ses invités.
    — Je vous dis que non ! répondit Ranulphe avec agacement. Et puis qu’importe ! Sans doute quelqu’un qui me ressemblait. À cette époque, j’étais dans mon pays d’Houlme. J’en bouge fort peu. Pardonnez-moi, messieurs, mais l’aumônier m’attend.
    — Bien sûr, allez-y, fit Serlon qui s’était approché. Si vous voulez vous joindre à nous ensuite, nous serons dans la salle d’apparat. D’Aubigny, puis-je également vous présenter messire Hugues de Tarse et sire Tancrède, mes hôtes ?
    — De Tarse, répéta le baron. Seriez-vous «  LE  » sire de Tarse dont m’a parlé Robert de Torigni ?
    — Sans doute, répondit le Gréco-Syrien. Mon patronyme n’est guère répandu.
    — Ah bien ! fit d’Aubigny. Sachez, messire, que cela me réjouit fort et que j’aurais plaisir à vous recevoir chez moi. D’après les propos de l’abbé du Mont-Saint-Michel, vous êtes un homme de ressources et de vaste savoir.
    — L’abbé est généreux, et ce n’est que son reflet qu’il aperçoit dans le regard de ses hôtes, répliqua Hugues en s’inclinant devant le baron.
    Quelques instants plus tard, Serlon les entraînait vers le premier étage du donjon. Sigrid allait les suivre dans la grand-salle, mais son père la renvoya d’un ordre sec :
    — Tu seras plus à ta place à la chapelle qu’avec nous, ma fille. Je croyais que tu avais proposé tes services à l’aumônier.
    — Cela est vrai, père. J’y vais, fit-elle en s’inclinant.
    La porte s’était refermée. Sur un geste de leur maître, des serviteurs se précipitèrent pour ranimer le feu qui se mourait, rajoutant dans l’âtre des fagots de brandes de bruyère et un tronc de chêne.
    La clarté des flammes illumina bientôt la pièce, allumant des reflets dans les boucliers et les lances suspendus aux parois. Du plafond pendait la bannière des Pirou : « De sinople avec une bande d’argent accompagnée de deux cotices de même. »
    Les chiens de Serlon, deux lévriers à la robe bleutée, se levèrent et vinrent en trottinant examiner les nouveaux arrivants avant de se détourner pour aller s’allonger aux pieds de leur maître, leurs museaux posés contre ses bottes.
    On tira des fauteuils et des bancs près de l’âtre. De part et d’autre du siège cathèdre de Serlon s’assirent Jourdain et d’Aubigny. Le

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