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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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d’armes.
    — J’ai fouillé toute la chambre, ajouta celui-ci.
    Hugues de Tarse se tourna alors vers la nourrice.
    — À toi maintenant, Bertrade.
    La nourrice devint livide.
    — As-tu vu, toi aussi, le flacon qui contenait le remède ?
    — Savez, messire, j’avais demandé au sire Ranulphe la permission de faire quérir une miresse à Coutances. Il n’a point voulu.
    Dans son désir de se faire comprendre, la pauvre femme bafouillait en se tordant les mains.
    — Calme-toi, Bertrade, et réponds. As-tu déjà vu le flacon ?
    Elle se leva de son siège et s’avança vers le sire de Pirou.
    — J’aimais ma maîtresse plus que tout, continua-t-elle. C’est moi qui l’ai élevée comme ma fille. Dites-lui, messire Serlon ! Dites-lui !
    Et elle se jeta à ses pieds.
    — Personne ne t’accuse de quoi que ce soit, Bertrade.
    Hugues aida la femme à se relever.
    — Personne ne t’accuse, répéta-t-il. Mais il faut que tu nous aides à y voir clair et à trouver celui ou celle qui a fait empoisonner ta maîtresse.
    La vieille le regarda avec stupéfaction. Il osait dire haut et fort ce qu’elle n’arrivait pas à s’avouer : on avait empoisonné sa Muriel. Il fallait punir le coupable. Elle sentit ses forces revenir.
    — Oui, je vais vous aider, fit-elle d’une voix plus ferme. Je l’ai vu ce flacon et je peux même vous dire comment il était. Le verre en était épais, le bouchon cacheté d’une cire jaunâtre, un fil de laine rouge était noué autour du col.
    — Ta description est précise. Est-ce qu’il ressemble à celui que je tiens dans la main ?
    Il lui montra le flacon trouvé dans la douve.
    — C’est lui, répondit la nourrice.
    — Et toi ?
    — Oui, fit la Roussette sans hésitation, c’est celui-là. Où vous l’avez eu ?
    L’Oriental remercia la nourrice, tendit la pièce d’or à la fillette et se tourna vers Serlon.
    — Il serait bon, pour l’instant, que ces deux femmes ne parlent pas avec vos serviteurs, messire. Du moins jusqu’à ce que nous nous soyons entretenus avec votre beau-frère.
    — Je comprends.
    Bertrade s’avança vers son maître, les yeux emplis de larmes.
    — Messire...
    — Oui, je t’écoute.
    — Je vous ai élevé vous et vos enfants, messire, et jamais je crois vous n’avez eu à vous plaindre de moi. Mais là, messire, je mérite votre courroux car je n’ai rien fait pour empêcher ce qui est arrivé. Je n’ai rien vu. Je n’ai rien compris... J’ai même souvent aidé la Roussette à lui ouvrir les lèvres pour y faire couler le liquide. Moi ! Je l’ai tuée, messire...
    La vieille femme vacillait. La Roussette, tout à la joie de posséder sa pièce d’or, commençait seulement à réaliser ce que tout cela voulait dire. Elle poussa un petit cri effrayé et se blottit près de la nourrice qui la serra contre elle en pleurant.
    — Silence, femmes ! ordonna Serlon. Que devrais-je dire, moi, Serlon de Pirou ? Mon courroux s’exercera vers d’autres que toi, Bertrade, et crois-moi, il sera terrible !
    Il se tourna vers le sergent qui attendait :
    — Conduis-les à la chambre de ma soeur. Elles y resteront jusqu’à nouvel ordre.
    La porte se referma à nouveau et le silence retomba. Serlon se laissa choir sur son fauteuil, chassant ses lévriers d’un coup de pied.
    — Ça suffit, vous autres ! La paix ! Asseyez-vous tous les trois. L’aumônier, sers-nous de l’hydromel !
    Baptiste versa le liquide ambré dans les coupes. Ils l’avalèrent d’un trait, laissant sa chaleur leur brûler la gorge et atténuer les images de mort qu’ils avaient devant les yeux.
    — Pourquoi ? s’écria soudain Serlon. Pourquoi ?
    — Il n’y a plus de doute sur la culpabilité de Ranul-phe, déclara Hugues. Mais il nous faut trouver la ou les raisons qui l’ont poussé à le faire.
    — Et ce maraud qui me parlait encore tout à l’heure de son amour pour elle !
    — Je crois qu’il l’aimait passionnément et que c’est l’un des pourquoi de sa mort. Souvenez-vous de ce que disait la petite servante, à la fois toutes les femmes qu’il a prises là-bas, en pays d’Houlme, et le fait que, jusqu’au bout, il est venu la voir comme un époux. Plus nous avançons, plus je crois qu’il n’y a pas une mais des explications à l’assassinat de votre soeur.
    — Il me disait qu’elle était comme de la glace...
    Se rappelant les paroles de son beau-frère, Serlon jeta sa coupe qui se brisa

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