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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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n’est pas là.
    — Qu’avez-vous dit ?
    — Vous ne savez pas ? C’est vrai que mon père déteste qu’on en parle. Osvald est mort noyé. On n’a jamais retrouvé son corps. Il n’y a que le gisant. Mon père l’a fait sculpter pour avoir un endroit où prier.
    — Noyé. Il ne savait pas nager ?
    — Non. Et je n’ai toujours pas compris comment il avait pu se jeter dans les vagues... Mais lui aussi avait des choses à se prouver.
    — Toujours par rapport à Sigrid ? Votre soeur ne semblait guère l’aimer.
    — Et pourtant Osvald l’adorait. Il était prêt à tout pour elle. Ils avaient un drôle de rapport tous les deux, on aurait dit des jumeaux alors qu’ils avaient un an d’écart. Même blondeur, mêmes yeux, même stature. Mon père disait que son fils lui ressemblait, mais Osvald ressemblait plus encore à Sigrid.
    — Quelle sorte de rapport ?
    — Une rivalité fraternelle et terrible à la fois. C’était à qui serait le plus fort, le plus fou, le meilleur... Et il faut avouer que, bien souvent, Sigrid était celui-là.
    — Et pourtant son frère l’aimait.
    — Oui, c’est toute l’ambiguïté de Sigrid. Un moment on la déteste et l’instant d’après, parce qu’elle s’est attardée avec vous, qu’elle vous a souri, on est prêt à se jeter au feu pour elle.
    Tancrède trouva que la jeune femme résumait assez bien ce qu’il ressentait.
    — Au fond, vous l’aimez, murmura-t-il.
    — Oui, on peut dire ça comme ça.
    — Et votre père ?
    — Comme beaucoup d’hommes, il ne voulait que des garçons... Alors Sigrid et moi !
    Elle eut un rire amer.
    — Je crois qu’il nous en veut d’être encore en vie alors que son fils unique est mort.
    Le silence retomba, seulement interrompu par les gémissements du soldat et la respiration haletante de Serlon.
    — Vous ne m’avez pas dit qui a pu s’en prendre à mon père ?
    — Je ne le sais pas.
    — Et pourquoi n’avons-nous pas réussi à le faire prisonnier ? Le château était fermé, nos hommes auraient dû lui mettre la main dessus.
    — Pas le. Les. Ils étaient deux.
    — Deux ?
    — Et vous, damoiselle, que pensez-vous de tout cela ?
    La voix était douce. Randi se retourna. Hugues venait d’apparaître derrière eux. Il n’avait pas dormi et ses traits étaient tirés par la fatigue.
    — Oh, bonjour, messire de Tarse... Je ne vous avais pas vu.
    — J’étais dans la cellule de l’aumônier avec frère Aubré.
    — Il me faut vous remercier d’avoir pris soin de mon père.
    — C’est normal, damoiselle.
    — Je demandais le pourquoi à Tancr... à messire Tancrède de l’attaque contre mon père, mais sans doute la réponse la plus simple se trouve dans ses colères.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Je ne veux rien dire contre lui, c’est mon père, mais depuis la mort d’Osvald... il a été plus que rude pour nos gens.
    — Je vous écoute.
    Elle baissa la voix.
    — Nombre d’entre eux ont connu le fouet ou le cachot. Il a humilié le capitaine d’armes devant tous, notre forgeron aussi... Et puis il y a eu cette pendaison. Vous avez vu le gibet près du lac ?
    — Oui.
    — Pour un simple larcin dans les celliers, quelques pommes je crois et du pain, mon père a condamné à mort un malheureux garçon d’écurie.
    La jeune fille avala sa salive au souvenir du jeune gars qui criait et se débattait alors qu’on le conduisait vers la potence.
    — Depuis que vous êtes là, conclut-elle, il a changé.
    Hugues la dévisageait. Il avait parfois de ces regards trop directs qui gênent et font baisser les yeux, mais Randi ne détourna pas le sien.
    — Vous saviez qu’il voulait se remarier ?
    — Oui. Baptiste est venu nous en parler à Sigrid et à moi. Ma foi, si sa nouvelle épouse lui donne un fils, la vie sera plus douce.
    Elle se leva :
    — Je vous laisse, merci encore, messire de Tarse. J’espère que nous trouverons ceux qui l’ont mis dans cet état.
    Luttant contre les bourrasques glacées, Tancrède referma la porte et retourna près de son maître.
    — La colère, les châtiments injustes... Voilà sans doute quelques pourquoi, fit celui-ci. Mais il faut se garder d’aller au plus évident.
    — Il y a tant de questions !
    — Oui, mais aussi quelques réponses. Nous savons que Ranulphe a empoisonné sa femme et cela est le début de tout. L’origine, ce qui a déclenché le reste. Voyez comment, depuis la mort de cette pauvre

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