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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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plus
sanguinaire… Je dis donc que les chauds patriotes doivent porter Marat à la
Convention. »
     
    « Je vous demande, mon cher ami, écrit Ruault après le
discours de Chabot, si dans la Révolution vous avez jamais rien entendu, rien
lu de plus fou, de plus atroce, que cette apologie d’un homme exécré de tout ce
qui a l’âme honnête et sensible… »
    Seule consolation, Ruault constate :
    « … L’admirable tenue des citoyens qui partent pour les
frontières, qui volent à la défense de la patrie.
    « J’en ai vu défiler deux mille lundi 10 et mardi 11
septembre dans l’Assemblée nationale, tous bien armés, bien équipés, pleins d’ardeur
et fureur.
    « Ils s’écriaient en passant à travers l’Assemblée :
“Nous les vaincrons ! À l’arme blanche ! À l’arme blanche !” »

33
    Les volontaires qui en sabots et en carmagnoles bleues
gravissent à marches forcées le massif de l’Argonne savent que, depuis la chute
de Verdun, ce relief est la dernière forteresse où l’on peut arrêter les
Prussiens du duc de Brunswick dans leur avance vers Châlons et Paris.
    On marche sous une pluie qui paraît ne jamais devoir cesser.
    On s’enfonce jusqu’aux chevilles dans la boue. Et cependant
on chante :
    Aux armes, citoyens
    Formez vos bataillons…
    Contre nous de la tyrannie
    L’étendard sanglant est levé.
    Les éclaireurs ont signalé que les troupes de von Massenbach,
obéissant aux ordres du duc de Brunswick, ont occupé le plateau de Lune. Et le
général Dumouriez, commandant en chef de l’armée française, a confié au général
Kellermann la mission de prendre position sur le plateau de Valmy qui fait face
à celui de Lune.
    La pluie fine et pénétrante ou au contraire rageuse, frappant
avec violence les visages, noie les forêts et le relief, les plateaux et les
défilés de l’Argonne. « Tout était enfoui dans une boue sans fond », dit
Gœthe qui chevauche aux côtés des Prussiens.
    Mais les régiments de ligne et les bataillons de volontaires
marchent avec entrain, se saluent en lançant : « Vive la nation ! »
     
    Les premiers, qui étaient composés de vieux soldats, d’avant
la prise de la Bastille, se sont renouvelés. Les enrôlés sont de jeunes
conscrits dont les plus âgés ont à peine vingt-cinq ans, et eux aussi, comme
les volontaires, brûlent d’ardeur patriotique, cette foi dans la nation
nouvelle.
    Et il y a même des corps francs et des légions étrangères
composés de Hollandais, de Luxembourgeois, de « réfugiés » de toutes
les nations. Ils composent une légion des Allobroges, une légion germanique, une
légion « franche étrangère ».
    L’Assemblée législative a accordé, le 26 août 1792, le « titre
de citoyen français à tous les philosophes qui ont soutenu avec courage la
cause de la liberté et qui ont bien mérité de l’Humanité ».
    Washington et Thomas Paine, pour les États-Unis, le savant
Joseph Priestley pour l’Angleterre, et William Wilberforce, qui a été l’apôtre
de l’abolition de l’esclavage, et Anacharsis Cloots qui se veut l’« Orateur
du genre humain », et les poètes allemands Klopstock et Schiller ont été
ainsi honorés, et sont devenus citoyens français.
     
    Mais le rêve des combattants étrangers anonymes qui
escaladent l’Argonne, c’est non seulement de défendre le pays de la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen, mais c’est d’apporter la liberté à leurs
patries respectives.
    La Commune de Paris a proclamé :
    « En renonçant à tous projets de conquête, la nation n’a
point renoncé à fournir des secours aux puissances voisines qui désireraient se
soustraire à l’esclavage. »
     
    Et l’armée de Dumouriez, qui vient de Sedan, celle de
Kellermann qui arrive de Metz, et celle de Beurnonville qui est partie de Lille,
se retrouvent, en Argonne, face aux Austro-Prussiens, commandés par le duc de
Brunswick, et par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II, neveu du Grand
Frédéric II.
    Et ces armées étrangères sont suivies par quelques milliers
d’émigrés, rassemblés autour du comte d’Artois.
     
    Les troupes françaises sont plus nombreuses de quelques
milliers d’hommes.
    Elles disposent d’une artillerie supérieure – les canons de
Gribeauval –, les officiers d’artillerie et du génie sont, comme le
sous-lieutenant Bonaparte ou le savant Camot, des officiers maîtres de leur art.
    L’artillerie, le génie,

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