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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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assemblées on réclame « un
gouvernement républicain ».
    De nombreux Girondins sont élus, mais, dispersés, ils ne
peuvent s’appuyer sur aucune région, alors que les Montagnards dominent dans l’Est.
    Et surtout à Paris, où dans l’assemblée électorale du département
– neuf cent quatre-vingt-dix membres ! -la liste de Marat l’emporte, Robespierre
ayant été désigné le premier, Danton le deuxième.
    Mais Danton, parce qu’il est partisan d’une politique de
conciliation entre brissotins et robespierristes, entre Girondins et
Montagnards, est l’un des vaincus du scrutin, même s’il obtient plus de voix
que Marat, le chantre des massacreurs. Cependant Danton a réussi à faire élire
Fabre d’Églantine, Camille Desmoulins, et Robespierre a patronné avec succès la
candidature de son frère Augustin.
     
    Et des citoyens s’étonnent qu’un Fabre d’Églantine, auteur
de pièces de théâtre, que le peintre David, ou le frère de Maximilien
Robespierre aient été élus.
    « Des succès au théâtre, lit-on dans Les Révolutions
de Paris , ne sont point des titres à la Convention et le peintre David
avouera lui-même que trois années d’études à Rome ne suffisent point pour
former une tête législative… Le frère d’un grand homme peut très bien être un
homme fort ordinaire. Le mérite ne vient pas de naissance comme feue la
noblesse ! »
    On s’inquiète aussi des risques de despotisme.
    « Robespierre, Danton et Marat, prenez-y garde ! Déjà
la calomnie vous désigne pour les triumvirs de la liberté, mais la liberté
désavouerait une association contraire à ses principes et qui tendrait au
despotisme si ce n’est à la guerre civile ou à l’anarchie. »
    La rumeur se répand que « Marat cet homme presque
toujours hors mesure » a déjà choisi Danton pour dictateur ! On
désigne Robespierre et Brissot comme « chefs des partis qui ont hélas
succombé aux factions détruites ».
    « La liberté répugne à confier sa cause à tel ou tel
autre parti ! »
    « Ne vous isolez pas et allons ensemble au même but… la
guerre qu’il nous faut repousser au-dehors demande du calme et la paix
au-dedans. Vos agitations intestines nous livreraient à l’ennemi plus vite
encore que des trahisons. »
    « La présence audacieuse de l’ennemi doit suffire pour
tendre le ressort du patriotisme. »
     
    Dans l’Argonne, sur le plateau de Valmy, le 20 septembre
1792, les patriotes, volontaires ou soldats des régiments de ligne, ne rompent
pas l’alignement, alors que les batteries prussiennes de von Massenbach, installées
sur le plateau de Lune, les bombardent depuis que le brouillard s’est levé. Et
de Valmy, les artilleurs de Kellermann leur répondent, visant juste. Kellermann
est resté en selle, au milieu de cette pluie de fer.
    « Ma capote a été déchirée par le bas, mon cheval a été
percé de deux coups de canon au travers de la cuisse », dit Kellermann.
    « Nous avons tremblé plusieurs fois pour la vie de
notre général », écrit-on au Journal des 83 départements, afin que
les autorités municipales et départementales informent leurs populations.
    « Le général Kellermann a eu son cheval tué sous lui, et
pendant huit minutes qu’il est resté à pied, quinze à dix-huit boulets sont
tombés à ses côtés. »
    Kellermann est remonté à cheval.
    « J’ai vu les troupes, dit-il, perdre des rangs entiers
par l’explosion de trois caissons par un obus, sans sourciller ni déranger leur
alignement. »
    Il peut compter sur ces hommes.
    Il lance l’ordre de les former en colonne, afin de se
précipiter à la rencontre de l’ennemi, de lui montrer la résolution française.
    Il met son chapeau, surmonté du panache tricolore, au bout
de son épée. Il se dresse sur ses étriers. Il crie : « Vive la nation ! »
    L’armée entière lève ses fusils, répond :
    « Vive la nation ! Vive la France ! Vive
notre général ! »
    Les trente-six mille Français commencent à chanter : « Ah !
ça ira ! ça ira ! ça ira ! », puis « Aux armes, citoyens ».
    Les trente-quatre mille Prussiens restent immobiles, alors
que s’ébranlent les bataillons français.
    On dénombre déjà trois cents morts du côté français, et cent
quatre-vingt-quatre chez les Prussiens. Les blessés sont très nombreux dans
chaque camp. Les boulets continuent de tomber, mais ils ne ricochent pas sur le
sol détrempé. La boue et

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