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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dans les places, dans les rues, dans les carrefours.
Il n’y avait qu’un cri : “Monsieur Necker, Monsieur Necker, le rappel de
Monsieur
    Necker.” Tout ce peuple immense nous priait de redemander
Monsieur Necker au Roi. Les prières du peuple sont des ordres. Il faut donc que
nous demandions le rappel de Monsieur Necker. »
     
    Un roi doit-il obéir aux ordres du peuple et de l’Assemblée ?
    Louis écoute au Conseil qu’il réunit le 16 juillet ses
frères et la reine s’indigner de cette injonction, lui demander de refuser le
rappel de Necker.
    Et puisque les troupes ne sont plus sûres, au dire du
maréchal de Broglie, et incapables de reconquérir Paris et de briser cette
révolte, cette révolution, il faut quitter Versailles, gagner une place forte, proche
de la frontière.
    Broglie n’est pas sûr, dit-il, d’assurer la sécurité de la
famille royale pendant ce voyage, puis concède qu’on peut se rendre à Metz, mais
« qu’y ferons-nous ? ».
    Le comte de Provence est de l’avis qu’il faut rester à
Versailles.
     
    Louis a l’impression qu’il glisse sur une pente, et qu’au
bout il y a le gouffre.
    Il devrait se mouvoir, s’agripper, échapper à ce destin.
    Il voudrait partir avec la reine, ses enfants, ses proches.
    Il sait que Marie-Antoinette attend, espère qu’il fera ce
choix. Elle a déjà brûlé des lettres, placé tous ses bijoux dans un coffre qu’elle
emportera avec elle.
    Mais il ne peut pas.
    Il consulte du regard les ministres qui participent au
Conseil. Certains lui annoncent qu’ils démissionnent. Breteuil au contraire
veut conserver son poste.
    Louis détourne la tête, dit qu’il va rappeler Necker, renvoyer
les régiments dans leurs garnisons.
    Il voit, il sent le désespoir de la reine.
    Mais il n’a pas la force de choisir le départ, c’est-à-dire
le combat. Ce choix de rester est celui de la soumission au destin, à la
volonté des autres.
    Lui aussi, comme l’Assemblée, il est aux ordres du peuple.
    Et, par instants, il pense même que c’est son devoir de roi.
    Il transmet ses décisions à l’Assemblée qui se félicite de
la sagesse du roi, du départ des troupes et du rappel attendu par toute la
nation de Necker.
    Mais le peuple veut voir, entendre le roi.
    Louis se rendra donc à Paris, demain vendredi 17 juillet
1789.
    Peut-être sera-ce le jour de sa mort ?
    Il s’y prépare, donne à son frère, comte de Provence, le
titre de lieutenant général du royaume.
    Puis il parcourt le château de Versailles, que les
courtisans ont déserté. Beaucoup, comme le comte d’Artois et sa famille, les
Polignac, Breteuil, Broglie, Lambesc, le prince de Condé et les siens, tous
ceux qui savent qu’ils sont inscrits sur les listes de proscription, ont choisi
d’émigrer. Ils ont déjà quitté Versailles.
    Les pas de Louis résonnent dans les galeries désertes.
    Louis regagne ses appartements. Il va dormir.
     
    C’est le vendredi 17 juillet. Il roule vers Paris.
    Il n’est accompagné que de quelques nobles – les ducs de
Villeroy et de Villequier, le comte d’Estaing -et de trente-deux députés tirés
au sort.
    Les gardes du corps sont sans armes.
    Mais la milice bourgeoise de Versailles qui accompagne le
carrosse royal jusqu’à Sèvres, comme la milice bourgeoise de Paris qui le
reçoit, sont sous les armes.
    Le peuple à la porte de Paris crie « Vive la nation ! ».
    Et Bailly le maire, en remettant les clés à Louis, déclare :
    « J’apporte à Votre Majesté les clés de sa bonne ville
de Paris. Ce sont les mêmes qui ont été présentées à Henri IV. Il avait
reconquis son peuple, ici c’est le peuple qui a reconquis son roi… Sire, ni
votre peuple ni Votre Majesté n’oublieront jamais ce grand jour, c’est le plus
beau de la monarchie, c’est l’époque d’une alliance auguste, éternelle, entre
le monarque et le peuple. Ce trait est unique, il immortalise Votre Majesté… »
     
    On traverse Paris.
    Le peuple en armes ne crie pas « Vive le Roi ! ».
    Louis voit tous ces visages, ces piques, ces fusils.
    Il entre dans l’Hôtel de Ville sous une voûte d’épées
entrelacées.
    On lui remet la nouvelle cocarde où le blanc de la monarchie
est serré entre le bleu et le rouge de Paris.
    On l’accroche à son chapeau.

« Vous venez promettre à vos sujets, lui dit le
représentant des électeurs de Paris, que les auteurs de ces conseils désastreux
ne vous entoureront plus, que la vertu, trop

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