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Le Pont de Buena Vista

Le Pont de Buena Vista

Titel: Le Pont de Buena Vista Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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palefrenier l'avait vu, peu de temps auparavant, qui marchait vers le sud de l'îlot.
     
    – Je vais aller voir ces câbles de près. Demain, les terrassiers vont emprunter le va-et-vient et je veux m'assurer qu'il est en état de fonctionner, décida Charles.
     
    – Nous allons avec vous, dirent d'une seule voix Lamia et sa filleule.
     
    Sima se joignit spontanément au groupe et tous quatre, munis de lanternes, se rendirent au chevalet porte-câbles. L'inspection fut rapide et Charles frémit à la pensée de ce qui aurait pu se passer si Ounca Lou avait utilisé le va-et-vient. Les deux cordes porteuses avaient été aux trois quarts sectionnées, sans doute avec une lame bien aiguisée, car la coupe du chanvre paraissait franche. Sur chaque câble ne subsistait qu'un toron qui se serait rompu sous le poids mouvant de la nacelle et de son occupante.
     
    – Il ne s'agit pas d'usure, mais d'un acte criminel, dit Charles en éclairant pour les autres les câbles incisés.
     
    – Quelqu'un aurait voulu précipiter mams'elle Ounca dans le gouffre, il s'y serait pas pris autrement, déclara Sima.
     
    – Personne ne savait, pas même moi, que je rentrerais ce soir par ce moyen, fit observer la jeune fille.
     
    – Alors, ce n'est pas toi qui étais visée, mais M. Desteyrac qui, au matin, est toujours le premier à passer chez nous. Le scélérat n'avait pas prévu que quelqu'un se servirait de l'appareil avant lui, dit Lamia.
     
    – C'est pourquoi celui qui a empêché votre filleule d'utiliser le va-et-vient savait le câble aux trois quarts sectionné. Cela signifie aussi que cet homme est le même que celui qui a endommagé les cordages ou son complice, déduisit Charles.
     
    – Il faut retrouver Fakis et l'interroger, reprit lady Lamia, contenant avec peine sa colère.
     
    On sut très vite par Ma Mae que l'aide-cuisinier n'avait pas reparu dans les communs, où il logeait avec d'autres domestiques.
     
    – S'il est coupable, il va se cacher jusqu'au jour, puis tenter de quitter l'île, avança Charles.
     
    – Faut voir qu'il s'échappe pas, dit Sima, très ému à la pensée qu'un indigène ait pu attenter à la vie de l'ingénieur.
     
    En peu de temps, Lamia et Charles organisèrent les recherches, qui durèrent toute la nuit.
     
    L'aube pointant, Sima s'en fut mobiliser ses amis pêcheurs pour établir une sorte de blocus maritime de Buena Vista. Mais Fakis n'avait pas quitté l'îlot et ce fut le palefrenier qui, parcourant chemins et bosquets à cheval, ramena, au milieu de la matinée, l'aide-cuisinier attaché à la selle de sa monture. L'homme tremblait de tous ses membres et reconnut aussitôt qu'il avait, avec un couteau emprunté à la cuisine, entaillé les cordages. Charles le fit conduire au chevalet près duquel de nombreux indigènes, stupéfaits par cet événement exceptionnel, s'étaient déjà rassemblés. L'ingénieur laissa à lady Lamia, souveraine de Buena Vista, le soin d'interroger le coupable.
     
    – Sais-tu qu'en faisant ça, tu envoyais ma filleule à une mort horrible dans la faille ?
     
    – Je voulais pas ça, pas pour elle ! Quand je l'ai vue monter dans le panier, j'ai fait des signes et j'ai crié pour l'empêcher, dit-il.
     
    – Alors, qui visais-tu, sacripant ?
     
    – Le Français qui veut faire un pont. Vous avez jamais voulu de pont, Fish Lady. On sait ici qu'on vous force. Si plus d'ingénieur, plus de pont. Ça vous aurait contentée ?
     
    Lady Lamia haussa les épaules.
     
    – C'est un idiot, dit Charles.
     
    – C'est un assassin ! répliqua Ounca Lou.
     
    – Nous devons le punir, reprit lady Lamia en s'adressant à tous.
     
    Se tournant vers Fakis, mains liées dans le dos, toujours tenu en laisse par le palefrenier, elle rendit sa décision.
     
    – Nous allons te faire conduire à Soledad devant lord Simon Leonard Cornfield. Il a pouvoir de juger les gens comme toi. Monsieur l'Ingénieur racontera ce que tu as fait, et tu iras en prison.
     
    – Tel que je connais lord Simon, il le fera pendre, ce qu'il mérite, dit Tom O'Graney, arrivé par bateau sur le chantier.
     
    – C'est tout ce qu'il mérite, en effet, renchérit le palefrenier.
     
    – Faut p'têt' pas pendre un garçon qui sait pas ce qu'y fait quand il a bu le rhum, dit Ma Mae, indulgente.
     
    La cuisinière connaissait le penchant de Fakis pour le jus de canne fermenté et lui aurait volontiers administré une paire de gifles en prélude à

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