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Le Pont de Buena Vista

Le Pont de Buena Vista

Titel: Le Pont de Buena Vista Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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vivres et boissons.
     
    À peine les amarres larguées, Bob Lowell, connaissant la curiosité de son collègue pour tout ce qui touchait aux travaux publics, se lança dans une description du canal, dont il tirait, comme beaucoup d'Américains, une légitime fierté. Par Rochester, Syracuse et Utica, la voie d'eau les conduirait à Troy, près d'Albany, où leur barge s'engagerait dans le fleuve Hudson pour faire route vers le port de New York, où le Centaur devait attendre son fret.
     
    – Notre canal de l'Érié, long de trois cent soixante miles entre Buffalo et Albany, comporte soixante-quatorze écluses. Large de cinquante-cinq pieds, profond de sept, il avale une différence de niveau de plus de cinq cents pieds. Sa construction, commencée en 1817, ne s'est achevée qu'en 1825.
     
    – Beau travail, reconnut Charles, qui admirait la rectitude et la propreté des berges.
     
    – Il a coûté quarante-cinq millions de dollars au lieu des sept millions cinq cent mille initialement prévus, énonça Lowell, fidèle à son habitude de donner exactement la valeur en dollars de toute chose.
     
    – Les devis sont faits pour grossir, comme les moines ! Un de mes condisciples des Ponts travaille actuellement à l'étude de la construction d'un canal de cent soixante-deux kilomètres de long entre la mer Rouge et la Méditerranée. Les travaux ne sont pas même commencés, alors que le devis de cent soixante millions de francs – un million par kilomètre ! – a déjà enflé de quarante millions. Il faudra beaucoup de persévérance à M. Ferdinand de Lesseps et à ses ingénieurs pour faire aboutir le projet, pronostiqua Charles.
     
    – Comme il a fallu toute l'opiniâtreté du défunt gouverneur de New York, De Witt Clinton, pour que soit achevé le canal sur lequel nous naviguons. Clinton dut affronter de farouches opposants, les politiciens de Baltimore et de Philadelphie, qui voyaient le trafic des marchandises échapper en partie à leur région, mais il triompha de ses détracteurs et, bizarrement, le 26 octobre 1826, jour de l'inauguration du canal, M. Clinton ne comptait plus que des amis ! ironisa Lowell.
     
    En passant près de Rochester, l'ingénieur montra de loin à Charles la State Industrial School où il avait étudié. À Syracuse, ils virent des Indiens onondaga venus de leur réserve voisine pour s'ébaubir au passage des péniches et des vapeurs à roues pour passagers. À Utica, ils reconnurent les ruines du fort construit en 1756 par Philip John Schuyler, héros de la Révolution américaine, devenu, l'indépendance acquise, premier maire d'Albany.
     
    De cette ville importante, capitale de l'État de New York, ils ne découvrirent que les vastes entrepôts où les marchandises venues de l'ouest par le canal de l'Érié, et celles apportées du nord par le canal Champlain, s'entassaient dans l'attente de destinations définitives.
     
    La navigation entre Buffalo et Albany avait duré trois semaines, le franchissement des écluses, devant lesquelles s'immobilisaient des files de bateaux, ayant souvent retardé la progression. L'importance et la densité de la circulation sur le canal fournirent à Desteyrac de nouvelles preuves de la puissance économique de l'Union, du dynamisme industriel et commercial d'une nation qui s'inventait, se construisait, s'organisait de jour en jour à un rythme stupéfiant, et qu'en Europe, en France surtout, on tenait, par ignorance et avec l'outrecuidance des vieux peuples, pour dépourvue de capacités, de science et d'usages.
     
    Albany étant le terminus du canal de l'Érié, les deux voyageurs durent abandonner le petit vapeur de l'administration et prendre place à bord du Trenton II , un paquebot fluvial de la Hudson River Line. Le bateau à roues latérales, encloses dans des tambours décorés, pourvu d'une machine à balancier, de chaudières de cuivre et de cheminées jumelles couronnées d'or, offrait l'aspect et le confort d'un hôtel flottant. Somptueusement meublé, doté d'un excellent restaurant, offrant plusieurs salons et des cabines douillettement aménagées, il était affecté, comme d'autres du même type construits par Robert L. Stevens dans ses chantiers de Hoboken, dans le New Jersey, au transport des passagers sur le fleuve Hudson. Le Trenton II couvrit les cent cinquante miles qui séparent Albany de New York en trente-six heures et, le 16 avril, soit moins d'un mois après avoir quitté Pittsburgh et

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