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Le Pont de Buena Vista

Le Pont de Buena Vista

Titel: Le Pont de Buena Vista Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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mois ? Le service régulier New York-Nassau existe depuis peu. Un bateau de Cornfield irait vous cherchez à Providence Island et vous porterait à Soledad. Pensez-y sérieusement, lança Charles alors que le convoi du Pennsylvania Railway s'ébranlait.
     
    Desteyrac se rendit ensuite à Cornfield House pour une visite de courtoisie, ignorant si lady Ottilia avait été prévenue de sa présence à New York. Il trouva la maison déserte et fut reçu par Gladys Hamer, la gouvernante. Jeffrey Cornfield était à ses affaires, Ann dormait, Lyne séjournait chez sa sœur aînée à Long Island. Quant à lady Ottilia, elle se trouvait à Washington, chez Anaïs Sampson, sa future belle-mère.
     
    – Lady Ottilia sera bien fâchée de vous avoir manqué, monsieur. Elle est partie hier pour la capitale. Son fiancé, le lieutenant Sampson, a fini son temps au Texas et doit arriver ces jours-ci chez sa mère. Il est donc normal que lady Ottilia soit au côté de Mme Sampson pour l'accueillir. Pensez que ça fait plus de six mois que les fiancés ne se sont vus, dit la gouvernante.
     
    « Il n'y aura donc pas de nouveau bal où valser avec Ottilia », se dit Charles.
     
    Comme il prenait congé de miss Hamer, après avoir déposé sa carte sur un plateau, la gouvernante le retint.
     
    – Je sais, monsieur, que la fille de lord Simon Leonard Cornfield a pour vous grande amitié, aussi puis-je me permettre une petite confidence. Depuis quelque temps, lady Ottilia nous inquiète, Monsieur et moi. Elle n'a pas très bonne mine, nous la trouvons morose et sans entrain. En tout cas, pas du tout réjouie comme une personne qui va bientôt se marier. Notre petite Ann, qui va aussi prendre époux selon son cœur, est, elle, d'une gaieté exubérante, qui fait plaisir à voir.
     
    Desteyrac s'inclina et regagna le Centaur alors que, déjà, la barge de Buffalo étant arrivée avec un peu d'avance, le commandant Colson présidait au transfert à bord des éléments du pont. Les pièces courtes – membrures, entretoises, contrefiches, cornières et galets – furent descendues dans la cale, ainsi que les sacs de rivets, les rouleaux de câble métallique, les outils spéciaux. En revanche, longerons, poutrelles, rails furent solidement arrimés sur le pont. Entre grand mât et mât de misaine, la petite machine à vapeur, acquise par Desteyrac pour assurer le fonctionnement des cabestans, fut accorée entre des pièces de bois solidement fixées au pont.
     
    – L'arrimage est une opération sérieuse. Il s'agit d'assurer la stricte stabilité du chargement pour ne pas compromettre la stabilité du navire, expliqua le maître d'équipage.
     
    – Le temps et la marée n'attendent pas, dit Colson en pressant le mouvement, car il entendait quitter New York dans l'après-midi.
     
    Quelques heures plus tard, lesté dans les règles, le brick, sous ses voiles carrées largement déployées, foc et clinfoc établis, descendit l'Hudson, traversa la baie de New York et prit, par temps calme, au soleil couchant, la route océane en direction des Bahamas.
     
    Sitôt le cap donné, Colson quitta la dunette, laissant le commandement à Mark Tilloy. L'officier semblait avoir oublié l'incident de la nuit précédente et se révéla aussi jovial que d'habitude. Charles, pour qui la franchise n'entachait en rien l'amitié, se montra chaleureux et offrit au lieutenant une rasade de pur Irish whiskey , cadeau de Bob Lowell.
     
    – Ne craignez-vous pas de rencontre avec un iceberg ? demanda Desteyrac.
     
    – Pas en cette saison. Les plaques glaciaires du Groenland se fractionnent en juillet et les icebergs ne descendent que très rarement, les années chaudes, jusqu'au 40e degré nord, c'est-à-dire à la latitude de New York. On les rencontre surtout au sud-est de Terre-Neuve. Le danger, pour nous, est plutôt la proximité de la côte américaine, très fréquentée, surtout que nous devons éviter, avec ce que nous portons, tout changement de cap brutal. Et puis il faut, à un moment ou à un autre, traverser le courant du Gulf Stream, dont il convient de se dégager le plus vite possible étant donné les variations de sa force et de sa direction. C'est pourquoi M. Colson nous fait faire route est-sud-est pendant au moins cent milles, avant de mettre cap au sud vers les Bahamas, expliqua Tilloy.
     
    Bien que variables en cette saison, les vents se montrèrent favorables et la navigation fut des plus paisible.
     
    Le

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