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Le Pont de Buena Vista

Le Pont de Buena Vista

Titel: Le Pont de Buena Vista Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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et lui serra la main.
     
    – Enfin, vous voilà ! Et ce sacré pont, où est-il ?
     
    Charles désigna les écoutilles déjà ouvertes.
     
    – Là-dessous, en pièces détachées.
     
    Lord Simon se pencha sur la cale où s'activaient les débardeurs.
     
    – Et vous allez faire un pont avec ces bouts de ferraille ? demanda-t-il, dubitatif.
     
    – Rassurez-vous, il est complet. Nous allons porter tous les éléments à Southern Creek, où nous les assemblerons, après quoi nous pourrons envisager le lançage de l'ouvrage.
     
    – Bon. Et ce jeu-là prendra combien de jours ?
     
    – Quelques semaines, huit ou dix au moins. Tout dépendra du temps qu'il fera et de l'habileté de nos ouvriers. Ils devront poser plus de mille rivets, visser des douzaines de boulons et construire sur les deux rives les appareils de roulage propres à recevoir les galets à cannelures, précisa Charles.
     
    Lord Simon ne put cacher une moue de dépit.
     
    – Le pont ne sera donc pas en place avant le mariage de lady Ottilia…, grommela-t-il.
     
    – Un pont doit être construit dans les règles de l'art, qui ne vont pas de pair avec la précipitation, répliqua Charles, agacé.
     
    Simon Cornfield lui tapota l'épaule. Il se voulait à la fois chaleureux, compréhensif et confiant, car, indépendamment du bâtisseur de pont, il était heureux de revoir l'homme.
     
    – Je ne doute pas, mon ami, que vous ferez pour le mieux car notre pont aura, cet été ou cet automne, à subir l'épreuve des ouragans. Nos Indiens soutiennent que, tous les neuf ans, les tempêtes tropicales redoublent de violence. Je me souviens de celles de l'automne 47, qui ravagèrent le sud de l'île et culbutèrent ma maison de Buena Vista. Lamia eut les pieds dans l'eau pendant une semaine, et trois de ses vaches, plus quelques nègres, furent emportés par la lame qui submergea l'îlot. Ma sœur, plus chanceuse que les vaches, refusa cependant de venir s'abriter à Cornfield Manor, qui n'avait perdu que quelques tuiles.
     
    – Je sais lady Lamia intrépide, dit Charles, amusé.
     
    – Le diable, avec qui elle entretient d'aimables relations, la protégea ce jour-là, ajouta Cornfield, goguenard, avant de faire signe à Colson d'approcher. Soyez aimable, commandant, de mettre à la disposition de Monsieur l'Ingénieur tous les gens dont il pourrait avoir besoin. Mais attention, pas au-delà de la mi-mai, car il vous faudra alors mettre le Phoenix à la voile pour New York, afin de nous ramener lady Ottilia, les Sampson, mon cousin Jeffrey et ses filles, plus nos invités au mariage, détailla le lord.
     
    – Devrai-je envoyer un brick à vos parents de Caroline du Sud ?
     
    – Non. Les Cornfield de Charleston viendront par leurs propres moyens. Mon cousin Bertie III, le planteur, s'est, paraît-il, offert un schooner à roues presque aussi long que le North Star de Vanderbilt, auprès duquel nos voiliers ne seraient que de vieux rafiots. Décidément, tous mes cousins veulent imiter Vanderbilt ! ironisa Simon.
     
    La seule perspective de voir un bateau à vapeur dans un port de Soledad fit grimacer Lewis Colson.
     
    Avant de quitter le bord, le lord des îles revint vers Charles.
     
    – La marine de Sa Majesté a enfin libéré mes scaphandriers. Ils sont arrivés hier, retour de Norfolk où ils ont plongé sur l'épave de l' Eliza . J'entends que ces gens, que je paie très cher, descendent ces jours-ci dans la fuente del Ángel et remontent ce fameux crâne de cristal aztèque… si toutefois il s'y trouve ! J'aimerais, Charles, que vous assistiez à cette exploration. Car, après tout, hein, c'est vous qui avez résolu le rébus de la cachette. Nous saurons alors si vous avez déduit juste, n'est-ce pas ? persifla aimablement Cornfield.
     
    Déjà engagé sur l'échelle de coupée pour descendre sur le quai, lord Simon se retourna vers Colson et Desteyrac.
     
    – J'allais oublier, messieurs, une chose importante. Sir Edward Carver, pris d'un accès soudain de sociabilité, nous donne ce soir à dîner. Soyez chez lui vers sept heures, conclut Cornfield en coiffant son panama.
     
    Sans plus attendre, il rejoignit sa calèche et y prit place, salué par le capitaine du port. Charles vit l'attelage gravir, au petit trot des alezans, le chemin pentu qui conduisait, par-delà la colline, à Cornfield Manor.
     
    Pendant ces conversations, les marins, aidés des débardeurs et de leur grue manuelle, avaient

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