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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qui semblait être le second de Sandrigo. Quatre aux abords de la grotte ; deux devant la grotte du prisonnier.
    – Il faut agir vite.
    – Oui, Scalabrino a rôdé par ici pendant deux jours, et il pourrait bien revenir.
    – Scalabrino ne reviendra plus ! dit le chef. Le vieux compte est réglé. »
    Les bandits frémirent.
    « N’oubliez pas ce que je vous ai promis, reprit Sandrigo. Le trésor est dans la grotte. Vous la fouillerez de fond en comble. Et quand vous aurez trouvé, il y a moitié pour vous. En route ! »
    En quelques instants, les bandits furent dehors et se dispersèrent par des sentiers différents. Sans doute chacun d’eux avait reçu des ordres antérieurs et savait ce qu’il avait à faire.
    Sandrigo sortit le dernier, et, pensif, prit lentement le chemin de la Grotte Noire. Arrivé à mille pas environ de la grotte, il s’étendit derrière une grosse touffe d’arbustes et attendit.
    L’attente dura une heure environ.
    Au bout de ce temps, un sifflement prolongé traversa la nuit.
    « C’est fait ! » murmura le bandit.
    Il se leva alors et, sans plus prendre de précautions, s’avança rapidement vers la grotte où il entra.
    L’intérieur de la grotte était éclairé par une torche.
    Quatre hommes ligotés solidement étaient assis dans un coin, côte à côte, le dos à la muraille de granit.
    « Il a fallu en tuer deux », dit le lieutenant de Sandrigo.
    Sandrigo fit un geste d’indifférence.
    Et jetant un regard sur les prisonniers, il dit :
    « Déliez-les. »
    En un instant, les quatre prisonniers furent détachés.
    « Ecoutez bien, dit Sandrigo. Vous étiez de ma bande. Vous vous êtes révoltés contre moi pour obéir à un intrigant, un homme qui n’est pas, qui ne sera jamais des nôtres. Bien plus, je viens de Venise. J’ai pu approcher de près des personnages à qui j’ai arraché la vérité sur cet homme qui est venu porter le trouble dans notre organisation. Savez-vous qui est celui que vous avez aveuglément adopté pour chef ? C’est un des principaux agents du Conseil des Dix. Son plan est bien simple : inspirer confiance à toutes les bandes de la montagne, les amener à Venise et les capturer d’un seul coup.
    – Tu mens ! » dit l’un des prisonniers.
    Sandrigo se leva, posa le canon de son pistolet sur le front de celui qui avait ainsi parlé et dit :
    « Es-tu bien sûr que je mens ?
    – Tu mens ! » répéta le prisonnier d’une voix ferme.
    Une détonation retentit.
    Le malheureux s’affaissa, la tête fracassée, et un murmure de craintive admiration parcourut les bandits. Froidement, Sandrigo se rassit sur l’escabeau qu’il avait pris en entrant.
    « Je continue, dit-il. Voulez-vous être des nôtres ? Voulez-vous répéter à nos compagnons égarés ce que je viens de vous dire et les prévenir de l’effroyable danger qu’ils encourent ? Si vous êtes de vrais bandits, vous accepterez, et vous sauverez vos frères. Quant à moi, j’oublierai le passé, et vous admettrai au partage des trésors qui sont ici. Décidez-vous sur l’heure.
    – J’accepte ! fit l’un des prisonniers.
    – J’accepte aussi, dit le second.
    – Et toi ? fit Sandrigo, s’adressant au troisième.
    – Moi, je dis comme le pauvre Luigi : tu mens !
    – Tu es donc prêt à rejoindre Luigi ? gronda Sandrigo.
    – Oui, plutôt que de trahir. Et vous deux, vous paierez tôt ou tard votre lâcheté… Frappe, Sand… »
    Sandrigo, d’un geste foudroyant, avait levé son poignard. L’arme s’enfonça tout entière dans la poitrine.
    Les deux traîtres détournèrent la tête, un peu pâles.
    « Vous êtes pardonnés, leur dit Sandrigo. Vous êtes désormais des nôtres comme si rien ne s’était jamais passé. »
    Ils baissèrent la tête en balbutiant un remerciement.
    « Surveille-moi ces deux gaillards, murmura Sandrigo à l’oreille de son second, et au premier signe… pas de pitié ! »
    Puis, à haute voix :
    « Maintenant, que l’on commence les fouilles ! »
    Sandrigo s’était dirigé vers le fond de la grotte, une torche à la main. Il parvint à une porte solidement verrouillée, et se pencha pour écouter. Aucun bruit ne lui parvint.
    « Est-ce que l’homme serait mort ? » pensa-t-il.
    Alors il ouvrit et entra. La lueur de la torche éclaira le cachot.
    Dans l’angle le plus lointain et le plus sombre se tenait un homme accroupi, les vêtements en lambeaux, maigre, hâve, les yeux

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